samedi 31 décembre 2016

Keoma - Enzo G. Castellari - 1976





Après la guerre de Sécession, Keoma, un métis d’origine indienne, retourne à Skiddo, son village natal. Là, Caldwell, un ancien officier sudiste, fait régner l’ordre. Lui et sa bande se sont approprié toutes les terres des paysans. Comme si cela ne suffisait pas, la peste sévit dans la petite ville. Le jour de son arrivée, Keoma surprend des hommes de Cadwell abattant des pestiférés comme des pigeons. Armé de son fusil à double canon scié, il intervient et sauve une femme du massacre…


Ce film noir, presque atroce, d’Enzo Castellari, est une parabole exemplaire du juste, un hymne à la souffrance. L’ultime coup du cinéaste et du western italien qui va alors mourir de sa belle mort après plus de dix années qui l’ont vu conquérir le monde.

En effet, avec ce film s’achève ou presque l’ère du western italien, la force de l’idéologie qui sous-tend la plupart de ces films, les références historiques qui les parsèment et l’esthétique si particulière qui les engendre, inspirée du baroque et de l’enflure sera alors repris jusqu’à nos jours par quantités de cinéastes.


Un homme seul, désespéré. Dans un village de boue, de pluie et de sang que la peste ravage, hostile, irrémédiablement. Keoma, l’indien, est privé désormais de ses trop faibles appuis : un musicien noir, un vieux père adoptif, une femme qui attend un enfant. Tous trois ont péri ou vont disparaître. Tel est le thème de Keoma, exemplaire parabole du juste que vont crucifier ses frères et dont l’univers, depuis qu’il est né, n’est fait que de souffrances, de haine et d’humiliation.



e Christ à nouveau crucifié, mutilé, humilié, se doit de souffrir pour que la vengeance s’accomplisse, la sienne et celle de tous les opprimés, les innocents que la mort a frappés : villageois asservis, femmes meurtries, Noirs, métis ou indiens soumis à l’esclavage et à la violence aveugle. On comprend mieux, dès lors ce cérémonial sanglant qu’est le western italien, ce rituel de la souffrance qui le fait ressembler à certaines cérémonies païennes.


Il n’est question que de souffrances dans Keoma, mais une souffrance nécessaire : le monde est injuste, cruel, nous dit le film, seul un nouveau Messie pourrait le racheter. Mais si Keoma est, lui aussi, brimé, frappé, mutilé par ses frères, s’il cherche son père, s’il vient en aide aux faibles et aux opprimés, il n’y a en lui nul désir de pardon, nulle paix, nul espoir. La mort est sur ce chemin de croix. Pour les autres, amis et ennemis, certes, mais surtout pour lui qui s’en va, abandonnant la seule lueur d’espérance de ce monde perdu : un enfant – dont la naissance a causé la mort de sa mère.

Magnifique.

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mardi 27 décembre 2016

Il faut sauver le solde Ryan ( mais on est pas obligé) - Steven Spielberg - 1998



Ryan, jeune éphèbe prépubère, est envoyé en Europe pour apprendre la culture Normande.
Pour son malheur, il atterrit dans les bras d’un handicapé céphalique atteint d’arthrose qui l’initie au plaisir du bondage rurale.
Là, c’est la guerre .
Attiré par le glabre sans poils qui darde sous l’uniforme allemand, il adhère au parti nazi ( ou plutôt aux parties des nazis... ).
Devenu un objet sexuel, il parcourt le front, offrant son corps enduit de miel aux dignitaires Hitlérien.
Alerté par les parents de Ryan, le gouvernement américain déclenche l’opération Overlord, histoire de récupérer l’imprudent.
Récupéré au prix de milles souffrances, Ryan servira de modèle à la Statut de la Liberté.



Un très beau film sur le droit à la différence.

E.T - Steven Spielberg - 1982


Des insupportables conditions de vie d’un immigré clandestin venu se faire opérer afin de récupérer ses doigts suite à une épidémie de lèpre porcine dans son pays.

Ne parlant pas la langue, il est de plus confronté au mal du pays et en particulier de sa maison.


Heureusement, il deviendra champion du monde de vélo au clair de lune.

lundi 26 décembre 2016

The Wicker Man - Robin Hardy - 1973





Amis païens, amies païennes, bonjour ! 

Voici les aventures d’un homme bon, juste et catholique pratiquant jusqu'au fond de son slip, perdu au milieu d’une communauté dissolue, licencieuse, concupiscente et adorateur d’un Dieu celte de l’ancien temps.

Le sergent Neil Howie débarque sur une île écossaise nommée Summerisle, afin d'enquêter sur la disparition d'une enfant, disparition signalée par une lettre anonyme accompagnée de la photo de la petite fille. A peine arrivé, il se heurte à des autochtones peu accueillants et réticents à collaborer à l'enquête. 
Là où le film s’avère particulièrement savoureux, c’est qu’il va contraindre le pauvre policier à plonger de plus en plus profondément dans ce qui représente pour lui une sorte de purgatoire, si ce n’est l’enfer sur terre. Confronté à des us et coutumes qu’il croyait perdus dans la nuit des temps, il se retrouve face à des hérétiques, qui de surcroît vont prendre ses croyances avec une immense condescendance. Le marginal c’est lui, et cela il va bien avoir du mal à l’avaler.
Sous des dehors d’enquête policière banale, c’est à un basculement des valeurs que l’on assiste, mais aussi à une sorte de respect des différences. Evidemment The Wicker man ne se veut pas un film sociologique ou anthropologique, il reste avant tout un divertissement surprenant où l’ironie,l’humour parfois mordant, les chansons,les dialogues s’enchaînent pour créer à chaque fois une nouvelle surprise et une singularité cinématographique rarement vue que ce soit avant ou après, culminant dans un final cruel, amoral, curieusement lyrique et justifié par ce qui précède. The wicker man va au bout de son concept en ne sacrifiant pas la fin sur l’autel du bon goût et de la morale, c’est ce qui le rend diablement subversif.


The wicker man a connu un début de carrière particulièrement difficile. Amputé d’une quinzaine de minutes par des producteurs peu scrupuleux, perte des négatifs dont une partie est probablement enterrée sous une autoroute qui jouxte les studios de production d’alors, mal distribué, il a néanmoins connu un immense succès non seulement en Grande-Bretagne mais aussi aux USA par le bouche à oreille, des critiques positives et un statut de film maudit.

Deux petits liens (in english of course)

Les chansons de the Wicker man : http://www.wicker-man.com/musicofthewickerman.php

Les différentes versions du film :  http://www.steve-p.org/wm/

Une merveille

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samedi 24 décembre 2016

Made In Britain - Alan Clarke - 1982





Angleterre, années 1980. Trevor, 16 ans, une croix gammée tatouée entre les yeux, sort du tribunal. Il vient d'être condamné pour vols, violences et dégradations. En route vers le centre pour jeunes délinquants, son tuteur Harry Parker tente de le convaincre de changer de voie. Mais Trevor a accumulé trop de violence en lui. Consumé par la haine et l'amertume, il va suivre un tout autre chemin…

Et le personnage que joue Tim Roth apparaît à l'écran, sauvage, violent, sur une musique punk dévastatrice.
En plein Tatcherisme de sinistre mémoire ( j'espère qu'elle continue à brûler en enfer, celle-là),  il représente la métaphore de la haine des classes populaires de ceux qui ont été brisés par le système éducatif et politique mis en place.





Filmé au plus près du protagoniste, Alan Clarke arrive à nous faire ressentir le trop plein d’énergie d'un jeun homme qui ne se sent pas à sa place dans cette société et qui va s'enfoncer inexorablement vers un destin qu'il connaît mais refusant toutes concessions, qu'il accepte. 

Pas de porte de sortie pour ce petit con, cette merde auto-révendiqué, qui conchie le monde qui l'entoure. Totalement nihiliste et punk, Made in Britain donc. Bollocks ! 

A côté, un film comme American History X, sur le même thème, peut aller se rhabiller. 

Grand film d'un cinéaste trop peu connu, encore un. 

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vendredi 23 décembre 2016

le Chien des Baskerville - The Hound Of The Baskervilles - Terence Ficher - 1959








Multi adapté à l’écran, cette version Fisherienne du roman d’Arthur Conan Doyle est probablement l’une des plus abouties au moins en termes visuels, elle est en tout cas la première à être tournée en couleur.
La beauté de la photographie frappe dès les premiers instants et installe le spectateur dans un univers gothique cohérent en adéquation avec celle émanant du livre, pour évoquer les raisons de la malédiction pesant sur la famille Baskerville.
La rude lande anglaise fait froid dans le dos, les décors du château des Baskerville sont somptueux, évoquant toute l’austérité Victorienne de l’époque.
Les personnages sont tout autant campés avec profondeur, Cushing est remarquable en Sherlock Holmes énergique et bondissant, Christopher Lee sort pour une fois de ses rôles de monstres pour camper un Sir Henry victime d’un complot diabolique, les seconds rôles sont tout aussi aboutis dans leurs psychologies, une mention spéciale allant à l’interprétation d’un certain Miles Malleson en pasteur rigolard et adepte de la bouteille.




Si Fisher prend quelques libertés avec l’œuvre originale, si le côté infernal de la bête qui hante la lande aurait probablement pu être plus présent et plus original que de simples hurlements lugubres et si le dénouement est un peu décevant dans sa forme et dans sa rapidité, nul doute que ce Chien des Baskerville là,  n’est pas prêt de perdre son statut de classique d’adaptation des « aventures Holmesiennes ».

Holmes sweet Holmes.

Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/130-chien-des-baskerville-le



mardi 20 décembre 2016

La Classe Ouvrière va au Paradis - La Classe Operaia Va in Paradiso - Elio Petri - 1971






Lulu Massa est un ouvrier consciencieux et acharné au travail. Employé des usines BAN, il est haï par ses collègues auxquels, par son zèle, il impose des cadences infernales. Il n'est guère plus apprécié des syndicats. Lorsque, par manque de précaution, Lulu provoque un accident du travail qui lui fait perdre un doigt, ses revendications sociales changent subitement. Bientôt à la tête d'un mouvement de rébellion ouvrière, il s'allie à des étudiants gauchistes et se retrouve mêlé à une manifestation d'ampleur. Mis à pied, Lulu lutte tant bien que mal contre la folie qui le gagne.

De l'aliénation d'un ouvrier par son travail et sa machine qui, à la suite d'un accident, prend conscience de sa servitude volontaire et de son état de quasi esclave.

Au départ, Lulu n'a aucune forme de réflexion, il fait juste ce qu'on lui demande, il travaille comme un stakhanoviste afin de gagner un peu plus que sa maigre pitance et avec s'acheter des conneries qui ne servent à rien (soit ce que font la plupart des gens, non?),
Du coup, il est tellement abruti par sa tâche qu'il ne peut que, le soir, regarder la télévision (autre facteur majeur de l'aliénation des masses) , dormir et n'arrive même plus à faire l'amour à sa compagne ( qui est pourtant fort désirable). Bref, il a une vie de merde mais il ne s'en rend pas compte et en est même plutôt satisfait et fier. Il pense que ses collègues de travail sont jaloux de lui, il n'entend ni les syndicats réformateurs, ni les étudiants révolutionnaires qui l'exhortent à regarder la réalité en face, ni les manœuvres de la direction afin que les ouvriers augmentent encore et toujours la productivité. Et puis, survint le drame, il se coupe un doigt dans sa machine et prend conscience de son aliénation et de la condition de la classe ouvrière.

Dis comme ça, on pourrait s'attendre à une œuvre qui frôle le parcours initiatique à tendance Marxiste, avec cet ouvrier qui brise enfin ses chaînes et va latter du bourgeois et du patronat pour enfin, comme le dit le titre, accéder au paradis.



Sauf qu'Elio Petri, grand réalisateur très, trop méconnu de nos jours, livre un constat amer mais juste que les choses sont bien plus compliqués et qu'il ne suffit pas de prendre conscience de ses problèmes pour les résoudre. Pire ! Mieux vaudrait finalement rester ignorant, « bienheureux les simples d'esprit » en quelque sorte.
En effet, après un parcours qui va le mener à se battre, à être virer, puis réintégrer dans l'usine, il n'aura fait finalement que tourner en rond et sera revenu à son point de départ, avec en plus la connaissance lucide de son état. Horrible. La vision d'Elio Petri est d'un pessimisme total.

La séquence finale résume, d'ailleurs, le propos, lorsque Massa raconte un rêve qui a valeur de métaphore . Dans ce dernier, il se retrouve, lui et ses Camarades au pied d'un mur qu'on les empêche de franchir et derrière lequel se trouve, ni plus ni moins, que le paradis !
Ils parviennent à faire tomber le mur et se retrouve dans le brouillard. Puis peu à peu celui-ci se lève et ils finissent par tomber sur eux-mêmes ! De quoi ouvrir le gaz !

Certes les conditions de travail se sont souvent améliorer dans nos contrées ( mais elles existent encore ailleurs), néanmoins l'aliénation à un travail répétitif, vain et qui n'a d'autres buts que de créer de la richesse pour ceux qui détiennent les moyens de production et les actionnaires restent , malheureusement, plus que jamais d'actualités.
Travailleurs , Travailleuses, on vous ment, on vous spolient !
Donnez vous la main, bordel de Dieu !

Un film formidable.


lundi 19 décembre 2016

JCVD - Mabrouk el Mechri - 2008




La philosophie transcendantale Vandammienne comme concept de base mise au service d’une réflexion tautologique sur le moi au travers de la déraison fondamentale de l’existence humaine.
Au travers d’une intense mise en abîme de l’épistémologie phénoménologue déstructurante des ses plus grandes citations, JCVD introduit la déraison comme concept ultime de la pensée macro sidérale.
L’absence de scène de grand écart facial déconstruit le mythe réducteur que les médias font du grand philosophe belge.

Une prouesse auto-lésioniste que retiendra la raison elle-même.

Sinon, le film est très malin et qui se regarde avec le sourire. C'est, aussi selon moi, le meilleur film de Van Damme où la séquence d'interrogation existentielle vaut son pesant de cacahuètes. 


dimanche 18 décembre 2016

The Man Who Could Cheat Death - L'Homme Qui Trompait La Mort - Terence Fisher - 1959


Film méconnu de la Hammer et de Terence Fisher, il n'est jamais sorti au cinéma en France ( mais en Belgique probablement, vu qu'il existe une affiche franco-flamande) et il n'existe aucun édition VHS ou DVD de par chez nous (du moins à ma connaissance).

«Coincé » chronologiquement parlant entre « Le Chien des Baskerville »en 1958 et « La Malédiction des   Pharaons en 1959, deux autres de films de Fisher, qui ne chômait donc pas, il a probablement souffert de l'absence de scène purement horrifique hormis dans les cinq dernières minutes.

Et c'est bien dommage, car c'est un film qui mérite largement le détour, ce qui semble normal avec un tel réalisateur, assisté de la triplette magique, Jimmy Sangster au scénario, Jack Asher à la photogrpahie et Bernard Robinson aux décors, soit l'équipe qui a donné les meilleurs Hammer.

Le docteur Bonner a trouvé le moyen de vivre éternellement par des transplantations régulières d'organes provenant de victimes en bonne santé. Pour son entourage, il ne dépasse guère la trentaine, mais son collègue et ami de toujours, le Docteur émérite, Ludwig Weisz est le seul à être au courant de son véritable âge : 104 ans.

Histoire d’immortalité, de dilemmes philosophiques et moraux,  matinée d’un zeste d’horreur et de fantastique, «  L’homme qui trompait la mort » est une œuvre intéressante d’un strict point de vue scénaristique  et ne manque pas d’atouts, avec son casting qui réunit  Christopher Lee, le grand Anton Diffing et la sublime et poitrinaire Hazel Court (à moins d’être un moine trappiste, bien difficile de regarder ailleurs que dans son décolleté !) et une photographie impeccable.



Comme le Dr Jekyll ou Jack Griffin (Aka l’homme invisible) il s’est vu contraint de tester sur lui-même son invention et il est devenu immortel…Mais c’est une immortalité qui va le contraindre à devenir immoral, obligé de tuer des gens pour survivre. Sa vie en marge de l’humanité suscitant en lui de douloureuses questions «  métaphysiques ».

Le Dr Bonner est, en fait typique de l'archétype du personnage « Fishérien », c'est un aristocrate qui se croit supérieur à la plèbe, sans le moindre scrupule, c'est en quelque sorte Frankenstein et sa créature réunit en un seul homme.

Une édition DVD zone 1 et Bluray existe chez Legend Films (les non-anglophones peuvent se gratter cependant).

On me susurre qu'en cherchant bien, on peut trouver des sous-titres dans la langue de Jean Rollin. 


Titanic - Céline Dion - 1997


L’histoire d’un bateau qui préfère se suicider plutôt que d’entendre une nouvelle fois Céline Dion brailler. Même les objets ont une mémoire.

samedi 17 décembre 2016

Van Dre Di 13 - Friday the 13 th - Cheun Cul Ninnh Ham - 1980




Mais pourquoi, pourquoi, pourquoi, me suis-je imposé de revoir ce machin ?

Une bande de djeunz boutonneux ( on les voit pas les boutons mais c’est à cause du maquillage ) totalement crétins et crétines arrive au bord d’un lac pour passer leur été dans un camp de vacances à s’occuper de chiards, de moutards, de morveux de tous types. Sauf que là on les verra pas, vu que c’est avant l’ouverture du camp proprement dit que cela se passe.

Bref, donc ils arrivent et au lieu de mettre en ordre le camp, ils passent leurs temps à relire Proust, à s’abreuver de culture gréco-romaine, et à disserter sur la place de la peinture flamande dans la révolution française, hein ? non en fait ils ne font que boire, fumer et baiser ( ils font aussi caca, mais ça on le voit pas, le caca étant métaphorisé par l’intégralité du métrage ).
Et alors ? alors rien, mais rien du tout, sauf que les garçons sont rigolos dans leurs shorts moulants façon joueurs de foot de l’As St Etienne des années 70.
Et puis vlan ! V’là t’y pas que l’autre qu’est censé être mort il y a longtemps, en fait il est pas mort ! Et non ! Il a passé plus de 20 ans dans l’eau, il est un peu fripé mais sinon il pète la forme le Jason ( oui c’est son nom, ça veut dire le fils de Ja en anglais. ), sa mère aussi d’ailleurs, ils sont fous tout les deux et ils tuent tout le monde et voilà.



Alors lorsque l'on lit sur Wikipédia, je cite «  Le réalisateur crée une œuvre d'anthologie sous plusieurs aspects, et intègre tous les éléments propices aux grands classiques des films d'horreur : décors magnifiques, suspense haletant jusqu'au final, musique obsédante et angoissante, meurtres à l'arme blanche en gros plan,... Et que dire du jeu excellent des acteurs. ».

Soyons clair, et pas la peine de me contredire, je déteste cela, ça me fait des remontées acides dans l’estomac !

1 / Si vendredi 13 est une œuvre d’anthologie, moi je suis curé défroqué.

2/ Si ce sombre étron conservateur possède des décors magnifiques, je mange un âne ! Un lac, trois morceaux de bois pour le camp et 5 arbres, c’est pas un décor magnifique, c’est un décor )

3 / Si ce joint de culasse encrassé possède un suspens haletant, c’est uniquement pour les asthmatiques.

BEATI PAUPERES SPIRITU (Bienheureux les pauvres d'esprit.)


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

http://horreur.com/?q=node/2031

http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=1496&NamePage=vendredi-13-friday-the-13th-dvd

Bonus : Démo du jeu vidéo sortie sur la NES en 1989. Aussi bon que le film, si on ose dire .





vendredi 16 décembre 2016

Le Cauchemar De Dracula - Horror of Dracula Terence Fisher – 1958







Sans aucun doute le film emblématique, non seulement de la Hammer, mais aussi de Terence Fisher, de Christopher Lee et de Peter Cushing.
Rarement l’adéquation entre la modestie du budget qui oblige à être ingénieux, l’intelligence de la mise en scène, la qualité du jeu des acteurs, la splendeur de la photographie, le rythme du montage et la beauté ténébreuse qui se dégage des décors, n’auront été portés à un tel niveau. Le cauchemar de Dracula représentant la perfection du métrage réalisé en studio.
A plus de cinquante ans de distance, il est étonnant de voir combien ce film a finalement peu vieilli, surtout si on le compare à la quasi-intégralité des films d’horreur des années 50.

La courte durée (1 h 20), le montage nerveux, les allers et retours entre les différents personnages donnent du rythme à l’intrigue, la volonté "Fisherienne" de mettre constamment en exergue la couleur rouge, symbole du vampirisme, dans un nombre conséquent de plans (ici une tenture, là un rideau, ailleurs un meuble, un livre, un élément quelconque du décor), la qualité de l’interprétation et notamment celle monstrueuse (dans tous les sens du terme) de Christopher Lee, « l’érotisation » de la morsure du vampire (il faut voir comment les futures victimes se pâment littéralement dans l’attente de la visite du maître des ténèbres, telles des maîtresses alanguies dans l’attente toute proche de l’orgasme que leur procurera la fatidique morsure), les décolletés vertigineux, la beauté toute victorienne des décors et des actrices.





Tout cela concourt à faire de cette relecture (très libre) du roman de Bram Stoker, un magnifique moment et l’un des plus grands films de vampires de tous les temps, ni plus, ni moins. Intemporel comme Dracula.

Un dénommé Gilbert Salachas, critique émérite écrivit lors de sa sortie en France : «  Le cinéma qui est un art noble, est aussi, hélas une école de perversion : un moyen d’expression privilégiée pour entretenir et même créer une génération de détraquées et d’obsédés. » 

Vous voilà prévenus !   

Chroniques d'ici ou d'ailleurs :





mercredi 14 décembre 2016

The Revenge Of Frankenstein - La Revanche De Frankenstein - Terence Fisher - 1958









Le second opus « Hammérien » des aventures du Baron Frankenstein commence exactement là où « Frankenstein s’est échappé » s’achevait. Le Baron est conduit à la guillotine, condamné pour avoir créé un monstre. Alors qu’on le croit mort, on va très vite se rendre compte qu’il a échappé à la mort par la grâce de son fidèle valet.
Sa sépulture renferme à sa place, le cadavre décapité du prêtre devant lui donner les derniers sacrements au moment de son exécution. Il va s’installer dans une ville allemande, pour y devenir le médecin le plus connu et apparemment le plus généreux de celle-ci, allant jusqu'à soigner gratuitement les indigents. Son but étant en fait de se servir de ces derniers pour poursuivre ses travaux et recréer enfin la vie.
L’argument trouvé pour ramener sur le devant de la scène  le Baron Frankenstein fut un immense choc en 1958. Oser tuer un prêtre (même si c’est de manière totalement suggérée évidemment) pour permettre à un docteur fou de poursuivre ses expériences étaient totalement inconcevable et d’une incroyable transgression des valeurs et de la morale de l’époque. C’est pratiquement l’Antéchrist qui revenait à la vie !



Au-delà de ce début ma foi fort couillu, le film se déroule comme dans un rêve de cinéphile amateur d’épouvante.
Le rythme est trépidant, aucun temps mort, le montage "Fishérien" faisant une nouvelle fois des merveilles, la qualité de la photographie s’enrichit ici d’un étonnant travail sur la lumière, faisant baigner certains lieux (notamment le laboratoire clandestin du Baron) dans les lumières rouges et vertes donnant une certaine irréalité à l’ensemble.
Peter Cushing campe une seconde fois avec un talent immense le plus célèbre des scientifiques déviants. Son personnage reste un roc de volonté massive, inarrêtable dans sa soif  de connaissance et dans son absence totale de remords, un être qui à bien y regarder est totalement inhumain, uniquement préoccupé par sa grande œuvre, son but, son Graal, créer un être vivant à partir de morceaux de cadavres (un  hobby primesautier s’il en fut).
La plus grande réussite du film se situe d’ailleurs probablement dans sa mise en avant du Baron par rapport à sa (ses) créature(s), il devient le personnage central, Fisher s’éloignant donc un peu plus du roman de Mary Shelley afin d’en faire une œuvre personnelle et audacieuse. La chute finale dynamitant définitivement le lien entre le livre et son adaptation, en faisant entrer le personnage de Frankenstein dans le cercle restreint de ces mortels capables de revenir à satiété d’entre les morts (25 ans d’avance sur les Freddy, Jason ou Myers, mais si, mais si), ce qu’il ne se privera pas de faire encore plusieurs fois, le bougre.
50 ans après sa sortie, « Le retour de Frankenstein » reste le meilleur film de la Hammer sur le sujet et un des tous meilleurs (avec « La Fiancée de Frankenstein » tout de même)  de l’histoire du terrible Baron et de son monstre.
Intemporel et immortel. God not bless you.

Chroniques ici ou là :

http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=519

http://www.iken-eiga.fr/film-1068-La-Revanche-de-Frankenstein.html

http://www.telerama.fr/cinema/films/la-revanche-de-frankenstein,14936.php ( non ? Tu déconnes ?)



Taxi Driver - Martin Scorsese - 1976









«  La solitude m'a suivi toute ma vie. Partout. Il n'y a pas d'échappatoire. Je suis un homme de Dieu solitaire ».

C'est l'histoire d'un homme, disloqué par son passage au Vietnam et qui, pathologiquement, souffre de solitude. A partir du moment où il ne peut posséder la femme qu'il désire, il part à la dérive et pète les plombs.
Il va essayer de tuer celui qui représente le père, le sénateur, de celle qu'il ne peut avoir. Il échoue. Tue un maquereau qui représente le père d'une fille qu'il pourrait avoir mais qu'il ne veut pas. Dès lors et ironiquement, il dévient un héros alors qu'il n'est qu'un psychopathe qui va, à n'en pas douter, recommencer à sévir.

Être seul entouré de milliers de gens.

Le personnage que joue De Niro, Travis Bickle, n'arrive pas à gérer son environnement, à être « comme tout le monde », il essaie, il tente mais n'a pas les codes pour se faire.

Engrenage.

Ne pas avoir ce qu'il veux avoir, ne pas vouloir ce qu'il a, engrenage qui amène à la solitude et qui la renforce. Travis Bickle se crée et alimente, lui-même, sa propre solitude

Morale.

Lorsque l'on revient du Vietnam, que l'on est seul, que l'on vit dans cette sorte de dépotoir à ciel ouvert qu'était le New York des 70's au milieu «  des excréments de la Terre », comment ne pas devenir fou ? On ne peut pas dixit Scorsese.

« You talkin' to me ? »


Magistral, triste, violent, une merveille.


mardi 13 décembre 2016

Tales Of Frankenstein - Curt Siodmak - Pilote télé – 1958





Un pilote pâlot.

Pilote télévisuel d’une série de 13 épisodes de 30 minutes...qui ne vit jamais le jour. Coproduction anglo-étatsunienne entre la Hammer et la Columbia, cet unique épisode aurait dû être intitulé «  The face in the tombstone mirror ».
Curieux mélange entre les films Universal des années 30 et le style gothique tout juste naissant du studio Londonien, Tales of Frankenstein a été écrit et réalisé aux USA par un certain Curt Siodmak, scénariste d’une flopée de films d’épouvante dans les années 40 et 50 (notamment deux « Frankenstein-movie » : « Frankenstein Meets the Wolf Man » en 1943 et « House of Frankenstein » en 1944).

L’ouverture nous montre classiquement le monstre, qui, à peine revenu à la vie, tente d’étrangler son géniteur. Ce dernier le maîtrise et pense que l’attitude de la créature est due au fait qu’elle possède un cerveau de meurtrier. Il lui faut donc un cerveau plus « respectable ». Sur ces entrefaites, le baron reçoit la visite d’un couple, dont le mari est gravement malade et qui lui demande de le sauver. Il refuse au nom de la morale. Le mari décède, il est enterré, Frankenstein vole le corps, greffe le cerveau sur la créature. La femme du défunt découvre la supercherie, part à la recherche de feu son mari. Le monstre s’échappe en reconnaissant son ex-épouse, il tombe alors devant un miroir et voyant ce qu’il est devenu, se met à poursuivre le baron dans le but de l’occire. Tout ce beau monde arrive dans le cimetière où était enterré le corps de Monsieur, la femme réussit à raisonner la créature et celle-ci décide de mettre fin à ses jours en plongeant dans sa tombe. Frankenstein est arrêté, mais déclare qu’il recommencera (il ne manque plus que le rire sardonique).

Si ce pilote bénéficie de la présence de bons acteurs, notamment Anton Driffing (que l’on retrouvera dans un autre Hammer «  The man who could cheat the death », puis dans le classique «  Le cirque des horreurs » ) et la ravissante Helen Westcott, il n’est en revanche qu’un empilement de poncifs et de clichés éculés (même pour l’époque) sur Frankenstein et sa créature. De plus, la réalisation sans éclat (en fait totalement télévisuelle) et le noir et blanc tranchent avec la nouvelle vision de l’épouvante apportée par Terence Fisher au même moment.
Pas ennuyeux mais sans aucune surprise, Tales of Frankenstein est une curiosité que tout le monde peut voir sur la plupart des sites de vidéos en ligne, celui-ci étant depuis longtemps tombé dans le domaine public.

Pour ceux que  cela intéresse, le voici en VOSTFR :




lundi 12 décembre 2016

Le Cercle Rouge - Jean-Pierre Melville - 1970






Le commissaire Matteï, de la brigade criminelle, est chargé de convoyer par le train Vogel, un détenu. Mais celui-ci s'enfuit en pleine nuit et demeure introuvable, malgré un important dispositif policier.
Pendant ce temps, à Marseille, un gardien de prison propose une "affaire" à Corey au moment de sa libération. Après s'être rendu chez Rico, Corey gagne Paris en voiture. Il recueille par hasard Vogel qui, dans la forêt de Fontainebleau, lui sauvera la vie en abattant deux hommes de la bande de Rico, lancés à sa poursuite.
Matteï, chargé de retrouver Vogel, cherche à faire parler l'un de ses indicateurs, Santi, patron d'une boîte de nuit.

« Quand les hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des chemins divergents ; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis dans le cercle rouge. »

Melville atteint, ici, une sorte d'abstraction stylistique (joli non?), avec cette intrigue limpide qu'il étale pourtant sur plus de 2 heures, faisant la part belle à ses personnages et allant toujours plus loin dans l'abstraction, le mutisme (une scène de braquage de plus de 25 minutes quasi-muette, sans musique ni rien) et le dénuement. Tiens, d'ailleurs, il serait de bon temps que les cinéastes actuelles adeptes du montage épileptique et de la multiplication à l'excès des plans dans le but de, soit-disant, donner du rythme, regarde cette séquence et qu'ils aillent pleurer de honte !



Exercice de style revendiqué et parfaitement maîtrisé, Le cercle rouge prend son temps pour installer son atmosphère, là où d’autres auraient coupé une bonne heure de plus pour filmer la même histoire.

Ses "héros" évoluent quasi exclusivement dans des espaces clos (voitures, bars, maisons), prisonniers du cadre certes mais aussi de leur condition. Si les mouvements de caméra sont rares, la mise en scène dit beaucoup plus que par les dialogues qui deviennent du coup superflus.

Comme souvent chez le père Melville, rien de bon ne peut arriver à la plupart des protagonistes, leurs avenirs étant déjà tout tracés et ils se retrouveront inévitablement dans le cercle rouge, celui au mieux de la désillusion, au pire de la mort.
On n'échappe pas à son destin, car tous les hommes sont coupables dès la naissance. On se croirait dans un église protestant en train d’écouter un prêche Calviniste !