Clouzot style
Bien
loin des ambiances gothiques de l’époque victorienne, Hurler de
Peur nous convie à une ambiance pesante empruntant son mécanisme
machiavélique aux films d’Henri-Georges Clouzot et à un sens du
suspense proche d’Hitchcock. Atmosphère aux limites du
fantastique, machination, double rebondissements finaux, les recettes
qui feront quelques années plus tard le succès du giallo sont
également présentes (l’érotisme en moins cependant).
Une
jeune, fragile et belle héritière handicapée se déplaçant en
fauteuil roulant depuis une dizaine d’années revient dans la
demeure de son père sur la côte d’azur près de Cannes.
Son
père est absent, pourtant elle semble l’apercevoir mort à
plusieurs reprises. Devient-elle folle ? Sa belle-mère
apparemment en cheville avec le docteur de la famille tente-t-elle de
la rendre folle afin de s’assurer l’héritage ?
Filmé
dans un noir et blanc macabre, nanti d’une atmosphère de plus en
plus délétère et pourvu de quelques plans séquences dans la plus
pure tradition expressionniste (ah ! le visage du paternel mort
à la lumière de la bougie ! brrr) avec une réalisation de
Seth Holth et un scénario de l’habituel Jimmy Sangster ne
manquant pas de panache, le métrage joue admirablement bien sur les
fêlures psychologiques de la jeune femme prise dans un piège
diabolique. En phase avec ses doutes, ses interrogations et ses
peurs, le spectateur ne peut qu’être à son tour pris dans les
mailles du filet. La machination fonctionne à merveille et ce
d’autant plus que si l’on pense avoir connaissance du fin mot de
l’histoire à vingt minutes de la fin, le rebondissement ultime en
étonnera plus d’un.
Notons
la composition toute en sobriété d’un Christopher Lee échappant
pour une fois au rôle de vampire assoiffé de sang et la remarquable
interprétation de la gracile Susan Strasberg.
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