Cela
faisait de longues années que je n'avais pas revu ce film et
l’honnêteté intellectuelle qui me caractérise ( pardon?)
m'oblige à dire qu'il s’avère encore meilleur que dans mon
souvenir,
En
fait , il s'agit d'une petite merveille qui comme tous les films de
Dario Argento ( au moins ceux des deux première décennies c'est à
dire ses grands films) peuvent se lire à un double niveau,
« populaire » et « intellectuel.
Au
premier niveau il y a l'intrigue en elle-même , à savoir un
savoureux giallo avec ce qu'il faut de codes propres au genre. Tueur
ganté, fétichisation ( magnifiques séquences en gros plans des
armes du meurtrier), couteau à évocation phallique, trauma issu de
l'enfance, mise en scène des meurtres superbement graphiques et
pervers à souhaits ( quelle inventivité tout de même!). On
n'oubliera pas de sitôt la séquence avec l'automate par exemple. Un
vrai choc esthétique !
A
cela s'ajoute bien évidemment l'enquête proprement dite afin de
découvrir le coupable de ces assassinats, rondement mené avec ce
qu'il faut de coups de théâtre, de retournement de situations (
notamment à la fin avec ce que l'on appelait pas encore un
« twist »), une musique à base de ritournelles du groupe
les Goblins proprement inoubliable.
Bref,
tout ce qui fait que l'on aime les gialli de ces années-là, avec en
plus ici la maestria de la mise en scène, des éclairages, de la
musique et de la photographie.
S'il
n'y avais que cela « Profondo Rosso » (oublions le titres
français d'une imbécillité crasse) sera déjà un très bon film,
mais il y a autre chose…
Et
c'est cet autre chose qui fait de ce long-métrage et dans l'absolu
de son réalisateur, selon moi, une œuvre splendide et
définitivement unique (ou presque) dans le paysage
cinématographique, c'est ce que l'on ressent, ce que l'on ne voit
pas forcément mais qui pourtant est là, en creux, dans les
interstices, presque dans le subconscient.
Car
« Profondo Rosso » est un film que l'on pourrait
qualifier de métaphysique, rien de moins,
Et
j'en vois déjà qui parte dans le fond ! Revenez !
Métaphysique n'est pas un gros mot !
C'est
la connaissance du monde, des choses ou des processus en tant qu'ils
existeraient au-delà de l'expérience quotidienne de ce que l'on
voit ou que l'on ressent.
Tout
dans le film respire la volonté de faire de son œuvre une
expérience baroque
et surtout
métaphysique. De ses décors renvoyant à un certain De Chirico,
peintre métaphysique s'il en fut (cf. le Blue Bar où se croise deux
des protagonistes du film), au fait que le film se passe à Turin et
son architecture au forme gigantesque, ville qui abrita les plus
grands alchimistes et aussi la ville de la magie noire en son temps.
Et
puis, il y a surtout et avant tout sur la question
qui
transpire dans le film, à savoir « Qu'est
ce que la vérité et qu'est ce que le réel « , ce qui est,
finalement, la question fondamentale
de la métaphysique et
celle de l’œuvre d'Argento.
Or,
le plan final très
énigmatique
participe de cela. On y voit le reflet de David Hemmings, une fois le
meurtrier mort décapité, se mirant dans une immense flaque de sang.
Pourquoi donc ? Etrange fin non ?
En
fait, il me semble (ou
alors j'ai trop abusé du substances illicites),
que c'est juste une manière de dire que la quête du personnage
principal n'était pas celle de découvrir qui est l'assassin, mais
de découvrir ce qu'il pouvait bien y avoir « au déla du
monde, au-delà du « réel » que l'on perçoit ».
Et ce qu'il découvre c'est son propre reflet, donc
que sa quête n'avait d'autre but que de se
chercher
lui-même et par la même que la quête de ce qui est réel ou
de la verité
n'a pas de sens.
Qu'au terme de toutes les recherches, de toutes les difficultés, au
bout du monde en quelque sorte il n'y a finalement que soi que l'on
recherche.
Déprimant.
Mais
le film est une merveille !
Quelques chroniques ici ou là :
http://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/351-frissons-de-langoisse-les
http://www.horreur.com/index.php?q=node/2332
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