jeudi 25 février 2021

The Nanny - Confession À Un Cadavre - Seth Holt – 1965




 

Joyeux Nannyversaire.


Passons rapidement sur l’imbécillité du titre français (jugé probablement plus accrocheur que « La nurse » ou « La nounou »), pour s’attarder un petit moment et dire tout le bien que l’on peut penser de ce long-métrage de 1965.

Surfant encore et toujours sur la déferlante « Les diaboliques », « The Nanny » repose presque entièrement sur l’interprétation magistrale de Bette Davis alors auréolée d’un rôle un peu similaire dans le formidable « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » (1962).

Nouveau scénario tournant autour du thème de la folie écrit par l’inoxydable Jimmy Sangster (un jour il faudra bien lui ériger une statut à cet homme là !), toujours shooté dans ce noir et blanc acéré si caractéristique de l’époque et dirigé ici par Seth Holth à qui l’on doit déjà le très réussi «Hurler de Peur » quelques années auparavant (de Cherbourg, cela va sans dire).

Tous les personnages semblent naviguer aux confins de la névrose, embarqués sur l’esquif de leurs fêlures personnelles. Le fils de 10 ans, accusé d’avoir noyé dans la baignoire sa petite soeur, méchant et macabre. La mère, rongée par la perte de son enfant, sombrant dans l’alcoolisme et l’impuissance à faire face à la vie quotidienne. Le père, absent de l’éducation et qui délègue tout à la nourrice. La petite voisine qui se prend pour une starlette et qui fume à 15 ans comme un sapeur. La tante, malade du coeur et par-dessus tout bien évidemment le personnage de Nanny (qui d’ailleurs n’est jamais nommée autrement, comme si elle n’avait jamais possédé de prénom, de nom, ce qui tend à renforcer la négation de son humanité), fausse dame au grand coeur.

La première heure consistera à nous dépeindre cette dernière comme quelqu’un de fondamentalement trop bon, beaucoup trop attentionné, beaucoup trop serviable, beaucoup trop « sacerdotal »  dans son travail de nurse.

Une vision finalement très cynique de la psyché humaine consistant à mettre en garde contre les gens trop gentils, trop empathiques vis-à-vis des autres, ceux-ci cachant forcément les pires pensées derrière le masque de la vertu (un peu comme les prêtres donc, NDLR).

Heureusement, un jour le masque et la vraie personnalité prennent le dessus, nous livrant des scènes éprouvantes dès lors que le réalisateur nous fait pénétrer dans l’esprit malade de la nounou, retraçant pour nous sa vision de la mort de la fillette (brrr).

Si le scénario n’est pas bâti sur un suspense haletant, ni sur une fin à rebondissements, il décrit par contre un portrait tout en noirceur d’une âme humaine plongeant dans les affres de la folie et c’est plutôt réussi.