jeudi 22 juillet 2021

Frankenstein Must Be Destroyed - Le Retour De Frankenstein - Terence Fisher – 1969





 

Fisher must be resuscitated.


Le baron Frankenstein continue ses expériences : « aidé » du jeune docteur Karl et de sa fiancée Anna, il crée un nouveau monstre avec le cerveau malade d'un spécialiste des transplantations.


Quatrième opus « Fishérien » des aventures du baron Frankenstein, et quatrième manière différente de les mettre en scène.

Le personnage, toujours joué par Peter Cushing évolue de manière presque naturelle au fur et à mesure de ses échecs et de ses réussites. Après avoir été décrit comme un chercheur un peu fou, un scientifique incompris et un génie du mal, le personnage devient ici un vrai monstre.

Si dans les trois premiers opus on pouvait aisément avoir une certaine forme de sympathie pour lui et ce malgré ses expériences sanglantes et les meurtres perpétrés, il n’en sera pas de même dans ce métrage de 1969.

Plus le baron échoue dans ses tentatives de recréer la vie, plus il en devient inhumain dans ses relations à autrui et plus il devient l’esclave de ses recherches.

Chantage, enlèvement, meurtre et même viol ! Tout sera bon pour arriver à ses fins.

Fisher et son scénariste s’éloignent encore plus du roman d’origine en centrant totalement l’intrigue sur le scientifique, la créature n’étant qu’un moyen de nous montrer ses agissements. D’ailleurs, la représentation de cette dernière n’a plus rien d’inhumaine, l’inhumain étant véritablement et intégralement Frankenstein.

1968 étant passé par là et ayant fait largement évoluer les moeurs, celles-ci se répercutant inévitablement dans le cinéma de la Hammer. Plus sanglant (et même «  Grand-Guignol » dans le prologue), plus osé (la fameuse séquence du viol qui, deux ans auparavant, n’aurait jamais été possible), le métrage est également parfois plus cru dans sa représentation graphique.

Nouvelle parabole sur le mal qui n’est que l’apanage de l’homme et non pas de forces démoniaques, « Le retour de Frankenstein » reste 40 ans après sa sortie, un film étonnamment moderne dans sa conception et dans son propos. Fisher atteint ici un des sommets de sa carrière, que ce soit d’un strict point de vue de la mise en scène (toujours au service de son intrigue, sans en rajouter dans le clinquant et l’effet de style facile), de la photographie, d’un scénario qui procure quelques séquences «  Hitchcockiennes » de forte tension (la fuite d’eau dans le jardin, le prologue), des dialogues et d’un jeu d’acteurs où la volonté d’un Peter Cushing n’a d’égale que la beauté et la fragilité de Veronica Carlson (sublime dans des costumes qui mettent en valeur toute sa volupté).

Le réalisateur déclara que ce « Frankenstein must be destroyed » était son second film le plus abouti (après «  Le cauchemar de Dracula »). A sa vision, on ne peut que lui donner raison.

Remarquable.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs ;

https://www.devildead.com/review/934/frankenstein-must-be-destroyed-le-retour-de-frankenstein

https://tortillapolis.com/critique-film-le-retour-de-frankenstein-terence-fisher-1969/