La propriété c'est le vol (entre autres)
Hong-Kong
de nos jours. Une jeune femme s’introduit nuitamment chez un
gardien d’un immeuble moderne. Ce dernier pique un roupillon devant
les écrans de contrôle. Ce manque de conscience professionnelle
aura des conséquences dramatiques puisque la demoiselle va
l’assassiner à l’aide d’un collier de serrage qu’elle serre
( forcément ) autour de son cou. L’asphyxie prendra un bon moment,
le temps que le garde tente avec un cutter de desserrer (toujours
forcément) le lien quitte à s’ouvrir la trachée. Pas de bol, le
cutter coupe apparemment mal, ce qui prouve le manque de soin apporté
par ce dernier à ses outils de travail. La conséquence sera la
mort.
Générique.
On
retrouve la jolie demoiselle en train de travailler par téléphone
pour une banque de la mégalopole, elle enchaîne les petits boulots,
travaillant sans relâche afin de s’offrir son rêve : un
appartement avec vu sur la mer. Elle l’a promis à ses parents, à
ses grands-parents lorsqu’elle était jeune.
Hélas,
même avec toute sa volonté, la flambée des prix immobiliers vont
l’empêcher pendant des années de réaliser ce rêve. Elle va
alors s’y prendre autrement, en massacrant les habitants d’un
certain immeuble afin de faire baisser les prix.
Du
sexe frelaté et perverti, du sang, de l’hypocrisie dans les
rapports humains, de la sauvagerie dans les meurtres et en arrière
plan (en creux, dit-on dans les milieux éduquées et donc
autorisées), une vision sociale et politique de la vie dans cette
folle mégalopole.
Malin
comme un dragon de papier lors du nouvel an chinois, le réalisateur
prend appui sur la situation actuelle et en particulier la
spéculation immobilière qui permet aux riches de toujours plus
s’enrichir et aux autres de ramer pour pouvoir se payer un logement
décent.
Que
ceux qui n’ont pas galérer pour louer ou acheter un appartement
dans une grande ville, et qui n’ont dû qu’à leur bonne
éducation de ne pas avoir recours à la sodomie artisanale ou à la
violence physique pour déloger de leurs vastes duplex les rentiers
de tous poils ; et bien que ceux là lance la première pierre à
Cheng Lai-sheung, qui elle, va passer aux actes !
Formellement,
le film de Pang Ho-cheung se démarque du tout venant slasherisant
par une mise en scène pleine de panache. Un montage efficace dans
les scènes de meurtres, un soin tout particulier apporté aux
éclairages et surtout une mise en abîme de la ville en tant que
personnage principal. « L’étroitesse » des
appartements n’ayant comme corollaire que les gigantesques
entassements d’immeubles tous plus moches, laids et anxiogènes les
uns que les autres (voir l’imparable générique d’ouverture ).
La
multiplicité des flash-back brouille parfois la compréhension de
l’intrigue, mais elles permettent aussi de se faire quelques idées
sur la situation sociale des Hongkongais. A travers trois ou quatre
tranches de vie de la future « sino-Jason Vorhees », on
apprend que la spéculation immobilière se fait aux détriments du
bas peuple avec l’aide des triades recourant à la violence ou que
les hongkongais sont d’impénitents racistes ( redondance classique
des catégories 3) , ici envers les Coréens présentés comme de
gros machistes alcooliques qui tabassent tout ce qui est de sexe
vaguement féminin. C’est beau la fraternité entre frères et
soeurs asiatiques.
Car
pour ce qui est du plat de résistance, on ne peut que rester pantois
devant un tel ouragan de férocité. La mignonnette Josie Ho n’y
allant pas avec le dos de son marteau de combat pour mettre à mort
les vilains prévaricateur.
On y
apprendra donc, avec profit, comment se servir, de manière enfin
utile, d’un collier de serrage en plastique, d’un aspirateur,
d’une latte de sommier, d’une cuvette de toilette et autres
accessoires de la vie courante. Si on aime la suggestion du
hors-champ, on fuira le spectacle tel un lapin de garenne chinois se
cachant dans un terrier. Tripes à l’air, éventration, castration,
sodomie sauvage, éjaculation sanglante, on en passe et des
meilleurs. Un maelström de violence qui devient cataclysme dans une
longue séquence de sextuple meurtres mettant au prise notre
ravissante vengeresse avec des trafiquants de drogue, des filles
faciles et des policiers. Ebourrifant de bruit, de fureur, de sang et
de sexe.
Ironique
dans l’ensemble, souvent radical, implacablement cynique, peu
subtil aussi, Dream Home fera sans doute plaisir à l’amateur de
catégorie 3 old-school et/ou de slasher-movie. Comme quoi même une
tragédie immobilière a ses vertus...
Chroniques d'ici ou d'ailleurs :
http://devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=2196
http://www.sueursfroides.fr/critique/dream-home-1866
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