jeudi 4 janvier 2018

Dream Home - Ho-Cheung Pang - 2010





La propriété c'est le vol (entre autres)

Hong-Kong de nos jours. Une jeune femme s’introduit nuitamment chez un gardien d’un immeuble moderne. Ce dernier pique un roupillon devant les écrans de contrôle. Ce manque de conscience professionnelle aura des conséquences dramatiques puisque la demoiselle va l’assassiner à l’aide d’un collier de serrage qu’elle serre ( forcément ) autour de son cou. L’asphyxie prendra un bon moment, le temps que le garde tente avec un cutter de desserrer (toujours forcément) le lien quitte à s’ouvrir la trachée. Pas de bol, le cutter coupe apparemment mal, ce qui prouve le manque de soin apporté par ce dernier à ses outils de travail. La conséquence sera la mort.
Générique.
On retrouve la jolie demoiselle en train de travailler par téléphone pour une banque de la mégalopole, elle enchaîne les petits boulots, travaillant sans relâche afin de s’offrir son rêve : un appartement avec vu sur la mer. Elle l’a promis à ses parents, à ses grands-parents lorsqu’elle était jeune.

Hélas, même avec toute sa volonté, la flambée des prix immobiliers vont l’empêcher pendant des années de réaliser ce rêve. Elle va alors s’y prendre autrement, en massacrant les habitants d’un certain immeuble afin de faire baisser les prix.  

Du sexe frelaté et perverti, du sang, de l’hypocrisie dans les rapports humains, de la sauvagerie dans les meurtres et en arrière plan (en creux, dit-on dans les milieux éduquées et donc autorisées), une vision sociale et politique de la vie dans cette folle mégalopole.


Malin comme un dragon de papier lors du nouvel an chinois, le réalisateur prend appui sur la situation actuelle et en particulier la spéculation immobilière qui permet aux riches de toujours plus s’enrichir et aux autres de ramer pour pouvoir se payer un logement décent.
Que ceux qui n’ont pas galérer pour louer ou acheter un appartement dans une grande ville, et qui n’ont dû qu’à leur bonne éducation de ne pas avoir recours à la sodomie artisanale ou à la violence physique pour déloger de leurs vastes duplex les rentiers de tous poils ; et bien que ceux là lance la première pierre à Cheng Lai-sheung, qui elle, va passer aux actes !

Formellement, le film de Pang Ho-cheung se démarque du tout venant slasherisant par une mise en scène pleine de panache. Un montage efficace dans les scènes de meurtres, un soin tout particulier apporté aux éclairages et surtout une mise en abîme de la ville en tant que personnage principal. « L’étroitesse » des appartements n’ayant comme corollaire que les gigantesques entassements d’immeubles tous plus moches, laids et anxiogènes les uns que les autres (voir l’imparable générique d’ouverture ).

La multiplicité des flash-back brouille parfois la compréhension de l’intrigue, mais elles permettent aussi de se faire quelques idées sur la situation sociale des Hongkongais. A travers trois ou quatre tranches de vie de la future « sino-Jason Vorhees », on apprend que la spéculation immobilière se fait aux détriments du bas peuple avec l’aide des triades recourant à la violence ou que les hongkongais sont d’impénitents racistes ( redondance classique des catégories 3) , ici envers les Coréens présentés comme de gros machistes alcooliques qui tabassent tout ce qui est de sexe vaguement féminin. C’est beau la fraternité entre frères et soeurs asiatiques.

Car pour ce qui est du plat de résistance, on ne peut que rester pantois devant un tel ouragan de férocité. La mignonnette Josie Ho n’y allant pas avec le dos de son marteau de combat pour mettre à mort les vilains prévaricateur.
On y apprendra donc, avec profit, comment se servir, de manière enfin utile, d’un collier de serrage en plastique, d’un aspirateur, d’une latte de sommier, d’une cuvette de toilette et autres accessoires de la vie courante. Si on aime la suggestion du hors-champ, on fuira le spectacle tel un lapin de garenne chinois se cachant dans un terrier. Tripes à l’air, éventration, castration, sodomie sauvage, éjaculation sanglante, on en passe et des meilleurs. Un maelström de violence qui devient cataclysme dans une longue séquence de sextuple meurtres mettant au prise notre ravissante vengeresse avec des trafiquants de drogue, des filles faciles et des policiers. Ebourrifant de bruit, de fureur, de sang et de sexe.

Ironique dans l’ensemble, souvent radical, implacablement cynique, peu subtil aussi, Dream Home fera sans doute plaisir à l’amateur de catégorie 3 old-school et/ou de slasher-movie. Comme quoi même une tragédie immobilière a ses vertus...   

Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

http://devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=2196

http://www.sueursfroides.fr/critique/dream-home-1866