Le commissaire
Matteï, de la brigade criminelle, est chargé de convoyer par le
train Vogel, un détenu. Mais celui-ci s'enfuit en pleine nuit et
demeure introuvable, malgré un important dispositif policier.
Pendant ce temps, à
Marseille, un gardien de prison propose une "affaire" à
Corey au moment de sa libération. Après s'être rendu chez Rico,
Corey gagne Paris en voiture. Il recueille par hasard Vogel qui, dans
la forêt de Fontainebleau, lui sauvera la vie en abattant deux
hommes de la bande de Rico, lancés à sa poursuite.
Matteï, chargé de
retrouver Vogel, cherche à faire parler l'un de ses indicateurs,
Santi, patron d'une boîte de nuit.
« Quand les
hommes, même s’ils s’ignorent, doivent se retrouver un jour,
tout peut arriver à chacun d’entre eux, et ils peuvent suivre des
chemins divergents ; au jour dit, inexorablement, ils seront réunis
dans le cercle rouge. »
Melville atteint,
ici, une sorte d'abstraction stylistique (joli non?), avec cette
intrigue limpide qu'il étale pourtant sur plus de 2 heures, faisant
la part belle à ses personnages et allant toujours plus loin dans
l'abstraction, le mutisme (une scène de braquage de plus de 25
minutes quasi-muette, sans musique ni rien) et le dénuement. Tiens,
d'ailleurs, il serait de bon temps que les cinéastes actuelles
adeptes du montage épileptique et de la multiplication à l'excès
des plans dans le but de, soit-disant, donner du rythme, regarde
cette séquence et qu'ils aillent pleurer de honte !
Exercice de style
revendiqué et parfaitement maîtrisé, Le cercle rouge prend son
temps pour installer son atmosphère, là où d’autres auraient
coupé une bonne heure de plus pour filmer la même histoire.
Ses "héros"
évoluent quasi exclusivement dans des espaces clos (voitures, bars,
maisons), prisonniers du cadre certes mais aussi de leur condition.
Si les mouvements de caméra sont rares, la mise en scène dit
beaucoup plus que par les dialogues qui deviennent du coup superflus.
Comme souvent chez
le père Melville, rien de bon ne peut arriver à la plupart des
protagonistes, leurs avenirs étant déjà tout tracés et ils se
retrouveront inévitablement dans le cercle rouge, celui au mieux de
la désillusion, au pire de la mort.
On n'échappe pas à
son destin, car tous les hommes sont coupables dès la naissance. On
se croirait dans un église protestant en train d’écouter un
prêche Calviniste !