samedi 30 janvier 2021

Jade - William Friedkin - 1995





Friedkin sur la piste du mal ou sur celle du mâle?

Un milliardaire influent est sauvagement assassiné à San Francisco. L'assistant du procureur David Corelli prend le dossier en charge. Au fil de son enquête, il soupçonne son ex, Trina, brillante psy, désormais l'épouse de son ami Matt Gavin. 

Film mal aimé par la critique ( et ce n'est pas le premier, ni le dernier) de la carrière de Friedkin, comme si son  « échec » lors de la sortie du pourtant magistral « Sorcerer » avait enfermé cette même critique dans une facilité à descendre les futures réalisations du réalisateur.

Massacré, comme de juste, par tout ce que comptait alors ( et que compte toujours) la critique dite institutionnelle, de Télérama, à Libération en passant par les Inrockuptibles ( rien de nouveau sous le soleil), Jade est pourtant un film à l'atmosphère sulfureuse, trouble, érotique, où l'homme a le mauvais rôle, même s'il semble avoir le pouvoir, alors que la femme se vit en briseuse de liens par la prise de pouvoir sexuelle et ainsi s'arracher à sa condition et à la société patriarcale qui enserre.

Ici, les hommes sont déshabillés, et Linda (le personnage principal joué par la sublimement sexy Linda Fiorentino) garde ses vêtements, soit l'exact contraire de la manière habituelle de filmer les scènes du cul dans le cinéma étasuniens. Et ce n'est pas rien comme symbole !

Comme le dit un des personnages principaux, les seuls choses fun dans la vie ce sont l’argent, le sexe et le pouvoir. Ce même homme qui se montre, avec sa femme, un piètre amant et qui n'arrive jamais à la combler sexuellement, alors que cette dernière joue les nymphomanes insatiables en compagnie d'autres hommes de pouvoir. Autre symbole.

Très proche d'un «  Basic Instict » dans le fond mais avec une forme que l'on pourra trouver aussi aboutie que celle de ce dernier, grâce au talent technique de Friedkin qui nous gratifie d'au moins une scène magistrale, celle de la course poursuite en bagnoles, digne héritière des meilleurs scènes du même acabits chère aux années 70. 

Le scénario s'avère complexe, même s'il frôle parfois la grosse ficelle et si la fin est assez prévisible, les acteurs sont excellemment dirigés, le film est envoûtant, efficace et l’on ne voit pas le temps passé.

Pas le meilleur thriller de tout les temps, pas le meilleur film de Friedkin non plus, mais Jade navigue tout de même dans des eaux beaucoup moins profondes que certains imbéciles ont bien voulus le faire croire.


Mme FIORENTINO :






Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1147-jade

https://www.ecranlarge.com/films/critique/895619-critique-jade

The Phantom Of The Opera - Le Fantôme De L'Opéra - Terence Fisher – 1962

 




La vengeance est un plat qui se mange sans amour (proverbe Londonien).

1900. Une malédiction semble frapper l'Opéra de Londres. Alors que les tragédies se succèdent, la rumeur de la présence d'un mystérieux fantôme orchestrant en coulisse les accidents enfle de plus en plus. Lors d'une première prestigieuse, son existence ne fait plus de doute quand Christine Charles, l'étoile montante de l'Opera, est enlevée par le fantôme. Elle va découvrir les terribles secrets cachés sous le masque couvrant son terrifiant visage.


Peut-être pas la meilleure adaptation du roman éponyme de Gaston Leroux (dans la multitude de celles-ci, on pourra lui préférer celle, muette et en noir et blanc, de 1925 due à Rupert Julian Lubin), mais pas la pire non plus, loin s’en faut (il suffit de regarder la mièvre adaptation de Dario Argento datant de 1998 pour s’en rendre compte).

Que l’on ne s’y trompe pourtant pas, le film de Fisher est d’une très grande beauté formelle et reste dans l’esprit gothique de la Hammer, aucun doute là dessus. Les décors, la photographie, la mise en image de l’opéra de Londres sont remarquables. D’un point de vue technique, on est dans la plus pure tradition du réalisateur, solide comme le roc.

Le fait de ne pas bénéficier de l’opéra de Paris ferait-il perdre de sa magnificence au film ? Même pas, celui de Londres est d’une autre beauté, plus ténébreuse, plus gothique, mais pas moins impressionnante.

Non, la plus grande surprise, qui devient en même temps le plus grand handicap de ce métrage, c’est d’avoir voulu réinterpréter le mythe (comme l’on toujours fait les productions Hammer) d’une manière surprenante et qui, pour une fois, ne donne en rien une plus-value à l’ensemble.

En effet, en se voulant différent du roman, le fantôme perd de son attrait, et son histoire de sa singularité. Il n’est plus difforme depuis sa naissance, il a déjà été en contact avec le monde extérieur (c’est un compositeur déchu, comme dans la version de 1943 ou dans l’hommage délirant de Brian de Palma de 1974) et surtout, surtout, le film s’oriente davantage sur la partie vengeance pure que sur l’amour impossible entre le monstre et la belle cantatrice.

Quoi qu’il en soit, cette adaptation procure son lot d’émotion, notamment dans un final très émouvant.

Probablement le plus « gros » budget de la firme anglaise et son plus gros échec public. Un gouffre financier qui faillit mettre fin à la carrière de Terence Fisher. Les dirigeants de la Hammer n’ayant jamais été des philanthropes.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.devildead.com/review/1578/fantome-de-l-opera-le-phantom-of-the-opera