L’ascension vertigineuse et violente,
puis la chute tout aussi violente d'un petit truand immigré du
paradis sur terre qu'est la Cuba Castriste.
Cela faisait un bon moment, une
quinzaine d'années sûrement, que je n'avais pas revu ce film,
monument du cinéma.
Drôle de film, par ailleurs, dans la
carrière de Brian de Palma, probablement son plus connu et pourtant
très peu représentatif de son cinéma ( selon moi du moins).
Peut-être car il n'en a pas signé le scénario et qu'il délaisse,
pour un temps, quelques unes de ses obsessions et de ses thèmes de
prédilections, théorie du complot, manipulation et méfiance face
aux images ( assassinat de Kennedy, guerre du Vietnam oblige) ;
Néanmoins d'autres sont bien présents comme ces personnages vivants
dans une réalité fictive qu'ils se sont eux-mêmes crées.
Quoiqu'il en soit Scarface c'est comme
le bon vin, le temps en faisant ressortir les meilleurs arômes et
les meilleures fragrances ( oui je sais, c'est beau, j'eusse pu
écrire pour la collection Harlequin).
Plongé implacable et semble t-il
crédible dans l'univers des pontes du trafic de drogue étasuniens.
Semble t-il car de par chez moi, la seule chose que l'on trafique,
mais avec talent et doigté, c'est le vin rouge.
L'ambiance recrée est magistrale, que
ce soit au niveau des décors qui sont une ode au mauvais goût à
chaque plan, des dialogues qui donnent toutes sa noblesse au mot
« fuck » prononcé il paraît 207 fois ( quota
largement dépassé depuis ) ou d'un scénario au petits oignons écrit par Oliver Stone, qui
prouve par la même qu'il est bien meilleur scénariste que
réalisateur ( tiens, prend ça toi!) et évidemment de la mise en
scène soyeuse de De Palma.
Ambiance violente, cynique quelque part
hors du temps du commun des mortels, d'un milieu plus corrompu qu'un
Balkany et ou seul le plus méchant, le plus requin, le plus malin,
le plus dur s'en sort, avant d'inévitablement succomber à quelqu'un
de pire et de plus animal que lui.
Qui dire d'autres sans tomber dans le
lieu commun ( encore plus s'entend) ?
Que Al Pacino est immense ? Que
Michelle Pfeiffer est belle à mourir ? Que la scène du début
dans la douche et avec la tronçonneuse est une merveille de mise en
scène tant la violence y est présente alors que tout y est
suggérée ? Que la séquence finale de la fusillade est
magnifique de grandiloquence ?
Pas la peine, non ?
Si, un petit mot pour dire que sur le
thème du truand, je préfère quand même « L'impasse »
du même Brian de Palma et toujours avec Al Pacino, sorti en 1993 et
sa dimension mélancolique voire Shakespearienne ( ça y est, je l'ai
placé ça!)
The Word was yours
Rideau.
Note : Liste des films où le mot "fuck" est le plus prononcé :