lundi 29 mars 2021

Quatermass And The Pit - Les Monstres De L'Espace - Roy Ward Baker – 1967




 Quatermass n’amasse mousse.


Lors de travaux de construction effectués dans le métro londonien, les ouvriers mettent à jour des ossements fossiles. En creusant encore, les chercheurs découvrent un objet métallique dont l’origine est inconnue. Après plusieurs phénomènes paranormaux liés à ces découvertes, le physicien Quatermass est convaincu qu’une redoutable entité s’apprête à être libérée…

Le professeur Quatermass revient donc pour une troisième aventure (au cinéma tout du moins) après les deux films de Val Guest des années 50 («Le monstre» et «La marque»).

Voilà probablement un des tous meilleurs films de science-fiction des années 60 et même au-delà.

Sur un scénario extrêmement malin, Roy Ward Baker réalise ici une petite merveille de tension dramatique en restant constamment maître de son sujet.

Empruntant à Lovecraft pour l’intrigue (mais pas pour l’ambiance), « Les monstres de l’espace » monte graduellement en tension et en intérêt, les découvertes toutes plus étonnantes les unes que les autres venant toujours renouveler les attentes du spectateur.  

Tout entier bâti sur les dialogues, le talent des comédiens et les situations, ayant très peu recours aux effets spéciaux et se déroulant dans très peu d’endroits, c’est presque un miracle que d’avoir su réaliser un tel film.

Les effets spéciaux, justement, sont le maillon faible du métrage. Même pour l’époque ils sont parfois limites et rendent compte de l’étroitesse du budget (notamment ceux des «envahisseurs »).

A ce détail près, « Quatermass and the pit » est le meilleur film de SF produit par la Hammer.

Andrew Keir (que l’on a vu en prêtre destructeur de vampire dans «  Dracula, prince des ténèbres », et que l’on verra en tête d’affiche dans «La momie sanglante » en 1971, deux autres productions maison)  a enfin droit à un premier rôle où il donne toute sa mesure. 

Presque un chef d’oeuvre dans le genre « SF réflexive ».


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :


https://www.devildead.com/review/1161/monstres-de-l-espace-les-quatermass-and-the-pit 


samedi 27 mars 2021

Elle s'appelait Scorpion - 女囚さそり 第41雑居房 - Joshū sasori: Dai-41 zakkyo-bō

 




Nami/Sasori est enfermée à perpétuité dans une prison pour femmes. Pour lui avoir crevé un œil, le gardien en chef a fait de son cas une affaire personnelle. Sa résistance aux humiliations des gardiens lui vaut le surnom de Scorpion. Après avoir été une fois de plus maltraitée, Matsu s'échappe avec six autres détenues lors d'un transfert. Le gardien en chef lance la traque, la cavale commence...

Le meilleur de la série et le meilleur de l’exploitation. Plus de 35 ans après sa sortie, «  elle s’appelait Scorpion » peut revendiquer son droit au statut de film culte par un formidable mélange de trouvailles visuelles et d’engagement féministe. Un film qui hante longtemps après sa vision.

Retour à la case départ pour Nami/Sasori/Scorpion, un an s’est écoulé depuis le précèdent chapitre et sa vengeance envers celui qui l’a trahie, un an passé au fond d’un cachot humide et sombre afin de lui enlever son venin. Mais le scorpion ne meurt pas si facilement et il est toujours prêt à piquer à la vitesse de l’éclair.


DU WIP AU ROAD-MOVIE

Tourné la même année que « La Femme Scorpion », ce second opus d’une série qui en comptera jusqu’à neuf ( six de 1972 à 1977 puis trois de 1991 à 1998, seuls les quatre premiers étant interprétés par Meiko Kaji ), n’est en rien une vulgaire séquelle. Cette suit va plus loin, plus fort en radicalisant son discours, poussant plus loin son féminisme anarchisant.


La partie intrinsèquement WIP ( acronyme de « Women in Prison », connu aussi sous le nom de « Women in Cage ») est rapidement expédiée pour s’orienter vers un road-movie à forte influence « Western-spaghetti » tout en restant fermement inscrit dans le folklore nippon, donnant ainsi à l’ensemble une touche totalement singulière.

La visite d’un ministre dans le pénitencier de femmes permet à Sasori de sortir de son cachot, affaiblie, mais toujours dangereuse. Quand le scorpion, animal résistant à beaucoup de choses ( même aux armes nucléaires dit-on) frappera le directeur des lieux, la punition sera terrible. Alors que les autres détenues seront contraints de charrier d’énormes blocs de pierres, Nami sera, quant à elle, violée par une poignée de nervis afin de rendre caduque son statut de meneuse et d’héroïne en l’humiliant de la pire des façons ( une scène particulièrement épouvante d’ailleurs)

Si la sanction semble porter ses fruits sur la majorité de ses codétenues, elle n’entame en rien la volonté insécable de Sasori, opposée à toutes formes de procrastination dès lors qu’il s’agit de profiter de la moindre occasion de se faire la belle. Ce qui adviendra bien vite suit au rapatriement en fourgon de la carrière de pierre au pénitencier, Nami permettant une évasion collective de sept des prisonnières.

Dès lors le film prendra vraiment son envol en s’orientant résolument vers un des plus formidables road-movie du cinéma, mêlant adroitement fantastique, aventure, cohésion, traîtrise, sentiments, horreur, études de caractères et surtout charges au vitriol de la société japonaise.


APPORT DU CINEMA EUROPEEN DE GENRE

Ce qui frappe à la vision de ce long métrage, c’est le syncrétisme entre apports européens de cinéastes majeurs du genre (Mario Bava et Sergio Léone en particulier) et culture folklorique nippone traditionnelles. Le réalisateur puise à plusieurs sources sans toutefois jamais faire preuve de plagiat pour l’insérer dans un discours reflétant sa vision de la société insulaire de son époque ( rien d’étonnant d’ailleurs qu’un Quentin Tarantino se soit abreuver à cette source tant son univers se rapproche de celui de cette série).

La cavale de ce groupe de femmes dans un décor dépouillé et désertique renvoie inévitablement au western-spaghetti, de même les plans larges sur la lande austère, les gros plans sur les visages ,les long manteaux des évadées, le mutisme de l’héroïne, les ralentis, «Léonisent » le trait à l’envie.


La part opératique des éclairages, des couleurs et de la photographie quant à eux, font échos avec le travail opéré dans le gothique italien d’un Bava ou d’un Argento ( une cascade se transformant en geyser de sang, un plan qui se déchire façon «fumetti », d’autres travaillés dans tous les sens façon « Le masque du Démon » ou « La fille qui en savait trop » ).

Mais Shunya Ito n’est pas qu’un vulgaire copieur et s’il s’appuie sur une culture cinématographique cosmopolite et un sens de la technique solide, il insère ces emprunts à la tradition théâtrale notamment. Les actrices ( à l’exception de Sasori/Scorpion évidemment) en fond des tonnes, surjouent presque, notamment celle qui symbolise l’hostilité des femmes envers Scorpion et dont le jeu renverrait presque au théâtre Kabuki par son emphase et ses grimaces.

De même l’insertion dans une histoire qui à priori ne le permet pas d’un dose de fantastique onirique (« Kwaidan » and co) qui irrigue le Kabuki permet non seulement à l’intrigue de ne pas s’essouffler en offrant une forme de pause à l’action, mais développe aussi et surtout l’idée de la quête quasi-christique de la belle Sasori dans au moins trois séquences surréalistes d’une beauté qui laissent pantois ( Le conte chanté des crimes des sept évadées autour d’un feu de camp, le « passage de témoin » entre la vieille femme et Scorpion léguant un couteau semblant « chargé »de toute la haine ancestrales du sexe dit faible et le passage dans un tunnel permettant une digression sur la «vraie» personnalité des prisonnières. Somptueux !)


INSOUMISSION ET FEMINISME DANS LA SOCIETE JAPONAISE


Ce qui n’aurait pu être qu’une bonne série B dopée à l’esthétisme et à la perversion masculine, acquiert ses lettres de noblesses grâce à la radicalité de son propos, donnant par ricochet une vision peu complaisante de la société nipponne et de la place de la femme dans celle-ci . Une charge impitoyable contre le machisme le plus haïssable, un pamphlet féministe et une vitupérante critique sociale où la violence nihiliste semble régner en maître. Stéréotypant ( du moins on l’espère !) l’homme dans ses plus vils instincts, « Elle s’appelait Scorpion» les présente comme des êtres méprisants, malfaisants et uniquement inféodés à leurs pulsions, se servant de la femme comme d’un objet. Passe encore pour les geôliers dont le rôle est par essence éminemment coercitif, mais même l’homme de la rue n’est pas mieux loti ( en témoigne ce car de touristes qui après avoir vanté le bon vieux temps de la guerre sino-japonaise, abuseront jusqu’au meurtre d’une des prisonnières).

Si le réalisateur nous offre en écho le souvenir de cette guerre, c’est pour mieux « métaphoriser » celle que livre les évadées symbolisant celle de toutes les femmes contre l’ordre établi de l’homme. Sasori imposé en tant que figure christique et portant le fardeau de la violence séculaire faite aux femmes, à elle de les guider vers la liberté au prix d’un farouche combat ( Dans un troublant final, Sasori suivi de ses comparses traverseront un pont tel Moïse et ses disciples traversaient la Mer vers la terre promise).

S’appuyant de manière évidente dans le creuset et les derniers soubresauts de 1968 ( qui au Japon fut contestataire et revendicatif) et une actualité où à l’instar de certains pays européens, l’extrême gauche japonaise multipliée les attentats, Shunya Ito propose un film plein de bruit, de haine et de fureur. Sur la situation des femmes et des minorités, Ito hurle son dégoût. Un cri puissant qui résonne encore trente-cinq ans plus tard.

Violent, baroque, nihiliste, féministe, n’oubliant pourtant jamais qu’il est un film d’exploitation, « Elle s’appelait Scorpion » ne peut décemment laisser indifférent.

Un petit chef d’œuvre.

Chronique d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/986-elle-sappelait-scorpion

https://www.devildead.com/review/614/elle-s-appelait-scorpion-joshuu-sasori-dai-41-zakkyo-bo


mardi 23 mars 2021

The Mummy's Shroud - Dans Les Griffes De La Momie - John Gilling – 1967




 

Kah- t-on fait à Kah-To-Bey ?


Troisième Hammer-film consacré à la momie, cette fois-ci dirigé par John Gilling (le classieux réalisateur de « L’impasse aux violences »).


A la suite d’un coup d’Etat, un Pharaon fait emmener son jeune fils Kah-to-Bey par le chef des esclaves qui lui a toujours été fidèle, à travers le désert afin qu’il le protège. Malheureusement, les conditions climatiques et le manque de nourriture causent la mort de l’enfant. Avant de mourir, celui-ci remet à Prem le sceau des Pharaons, lui permettant ainsi d’avoir l’honneur d’être momifié.

Dans les années 20, une expédition archéologique menée par Sir Basil Walden recherche la sépulture du pharaon. Il la trouve, la ramène et sont inévitablement victimes de la malédiction de ceux qui ont osé violer la sépulture royale.


Rien de neuf sous le chaud soleil égyptien, toujours la même histoire, toujours de valeureux chercheurs qui sont victimes de la momie. Celle-ci n’aimant pas qu’on la tire de son sommeil millénaire et que l’on vienne tailler le bout de gras avec feu son patron (encore que niveau gras, il n’en reste plus beaucoup sur la pauvre dépouille du pharaon, à lui tout seul c’est un hommage à l’anorexie triomphante).

Que dire d’autre, si ce n’est que le film est certes sympathique (si on est amateur de «momisploitation » ), que Gilling tente avec le peu de moyens visibles, très visibles, (surtout le soi-disant désert qui ressemble à un terrain vague de la banlieue de Rome, là où quelques années plus tard nos ritals bisseux tourneront toute une flopée de « post-nuke ») de créer une ambiance et porte plus son attention sur une certaine caractérisation des personnages que sur la momie elle-même.

Et heureusement ! Car, entre nous, la momie à l’air de sortir du lit, avec son tricot de peau, son « sous pantalon » et son masque fait à base de plâtres. Pas du plus bel effet.


Deux personnages sont pourtant intéressants. Le premier est celui qui finance l’expédition, un être uniquement attiré par l’argent et par le pouvoir qu’il donne. Il rejoint par là, les personnages typiques de la bourgeoisie qui irritent et irriguent l’œuvre de Terence Fisher. Un sombre narcisse, imbu de lui-même, qui de plus ressemble à feu Richard Nixon (celui-là, je peux pas l’encadrer !), et qui heureusement finira par se faire occire par la momie.


Et puis, il y a le personnage que joue ce bon Michael Ripper (qui n’est pas le frère de Jack the ripper), une sorte de lopette lèche-bottes au service de son maître. Michael Ripper un de ces seconds rôles que l’on retrouve dans un nombre conséquent de productions Hammer et qui aura tout joué ou presque. On le retrouve dans “The Revenge of Frankenstein”, “The Mummy”, “Brides of Dracula”, “The Camp on Blood Island”, “Captain Clegg”, “The Scarlet Blade”, “The Mummy's Shroud”, “Plague of the Zombies”, “Scars of Dracula” et j’en oublie sûrement ! A son actif près de 200 films ou apparitions dans des séries télé. Mort en 2000, dans l’indifférence générale.

Respect.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://devildead.com/review/986/der-fluch-der-mumie-the-mummy-s-shroud

https://www.lefilmetaitpresqueparfait.fr/2020/04/dans-les-griffes-de-la-momie-john-gilling-1967.html


vendredi 19 mars 2021

Frankenstein Created Woman - Frankenstein Créa La Femme - Terence Fisher – 1967




Frankenstein créa la femme et il fit du bon boulot.


Quelque part au coeur des Balkans, le baron Frankenstein se livre à une expérience unique : il s’agit de capturer l’âme d’un mort pour la transférer dans un autre corps. Lorsque Hans, un de ses assistant est accusé à tort d’un crime et envoyé à la guillotine, sa petite amie (handicapée et brûlée au visage) se suicide. Frankenstein parvient à faire revivre son corps (en « l’améliorant » un chouia..) avec l’âme du condamné à mort. Le corps d’une femme, l’esprit d’un homme et l’ivresse de la vengeance.

Un prologue d’une rare cruauté, qui voit un homme être guillotiné sous les yeux de son enfant (oui, quand même !). Le même enfant devenant par la suite, l’un des assistants de ce bon vieux Dr Frankenstein, lui-même toujours plongé dans ses expériences visant à redonner la vie.

Le film est curieusement bancal pour un Terence Fisher, on y trouve des moments intenses principalement lorsque l’on suit le baron dans son laboratoire et de grands moments de flottement lorsque l’action s’en éloigne.

Des scènes de violences gratuites assez surprenantes aussi et qui tranchent avec les précédents opus « Frankensteiniens » du réalisateur.

La première partie prometteuse vire un peu trop par la suite à une banale histoire de vengeance.

L’impression que l’on aurait pu avoir un film plus percutant et plus intriguant est là et elle ne nous quitte pas.

On aurait bien aimé que l’on insiste davantage sur le côté androgyne (et sa psychologie) de la divine créature concoctée par les mains toujours expertes de Peter Cushing.

Divine, car quitte à créer une femme, autant qu’elle soit pourvue des traits (et des formes) de Susan Denberg, affolante poupée germanique et Playboy Playmate du mois, en août 1966 qui se serait suicidée peu de temps après ce film. Si c’est pas malheureux !

Fisher évite donc, comme d’habitude, le piège du «  remake » et livre un film différent de ses deux premiers opus autour du baron Frankenstein, mais celui-ci n’atteint pas le niveau de ces derniers.

A voir quoi qu’il en soit. C’est un ordre.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :


https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1535-frankenstein-crea-la-femme

 https://www.devildead.com/review/1158/frankenstein-crea-la-femme-frankenstein-created-woman

mardi 16 mars 2021

One Million Years B.C - Un Million D'Années Avant Jésus-Christ - Don Chaffey – 1966




 

Raquel Welch : la peau de bête lui va si bien.

Un des gros succès commerciaux de la firme britannique, qui engendrera rapidement d’autres «  prehistoric-movie ».

Exactement un million d’années avant le bonhomme sur la croix, les hommes et les femmes vivaient dans la terreur, la peur et le danger.

L’intrigue nous conte (comme dans « La guerre du feu ») l’histoire d’un homme chassé de sa tribu et qui va se lancer dans le grand monde, traqué par des bêtes féroces et gigantesques (des lézards, une tortue, un dinosaure, etc.), puis qui va découvrir l’amour dans le décolleté vertigineux de Mme Welch.

Remake de « Tumak, fils de la jungle » (1940), le film bénéficie en outre des effets spéciaux du grand Ray Harryhausen, maître de l’animation de l’époque.

Les amateurs de ce type de bobines seront sûrement, malgré le temps qui passe et qui donne inévitablement un sérieux coup de vieux aux FX, encore aux anges devant les aventures des primo homo sapiens. Les autres, pourront le regarder comme une pièce de musée d’une époque révolue et se demander pourquoi tant de gens se sont extasiés devant celui-ci.

On pourra aussi s’amuser de voir que les personnages possèdent par exemple une fort belle dentition et pas un pète de cellulite (évidemment Raquel Welch avec des dents cariés, ça craint).

Outre les combats entre l’homme et les bêtes, le clou du spectacle est offert par les femelles en peaux de bêtes ultra-sexys (Martine Beswick porte cela à merveille) et notamment la Raquel Welch qui ira jusqu’à prendre un bain dans un lac afin que l’on puisse mieux deviner ses courbes sous les peaux mouillées et serrées qui lui loveront le corps. Seul un oiseau sera insensible à ses courbes vertigineuses et voudra la donner à becqueter à ses enfants (oh le con !).

Rassurez-vous, elle s’en sortira et pourra devenir l’un des sex-symbol de l’époque. Ce qui ne sera pas volé.

Disponible (en version tronquée d’une dizaine de minutes) en zone 2 chez Fox ou en version « uncut » chez Warner (DVD Anglais).

La différence valant surtout pour une danse exécutée par Martine Beswick (et qui vaut le coup d’oeil). Et non ! pas d’inserts coquins de Raquel Welch en train de faire un câlin à une tortue géante



Chroniques d'ici ou d'ailleurs :


https://www.devildead.com/review/595/un-million-d-annees-avant-j-c-one-million-years-b-c

http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/2012/01/un-million-dannees-avant-jc-one-million.html

dimanche 14 mars 2021

L'Au-delà (E tu vivrai nel terrore - L'aldilà) - Lucio Fulci - 1981

 




37 ème film de Lucio Fulci. Sur un scénario confus qui semble n’être qu’une suite de séquences plus ou moins logiquement reliées entre-elles, une direction d’acteurs laissant parfois à désirer, le réalisateur italien offre au film de genre un de ses films les plus emblématiques, par sa vision unique de la vie, de la mort, du destin

Dès les premières images, le ton est donné et le meurtre du peintre, brûlé à la chaux puis crucifié et enterré vivant tout de même, est filmé sans concession, dans une superbe photographie au ton jauni et vieilli. Le reste du film pourrait alors n'être qu'un enchaînement de morts toutes plus horribles les unes que les autres... Mais quel enchaînement ! Énucléation, boîte crânienne défoncée , visage liquéfié par de l'acide, attaque d'araignées mangeuses de langue, tripailles fumantes, crucifixion, brûlures à tous les degrés et autres joyeusetés dégoulinantes !

Mais réduire uniquement ce film à un concerto pour barbaques et bouchers serait faire insulte au talent de Lucio Fulci et faire montre d’une vision étroite, en rabaissant « l’Au-delà « au rang de vulgaire film Z teuton.

Car « l'Au-Delà « reste avant tout un film d'horreur d'une force plastique sidérante, où l'onirisme le dispute au surréalisme dans une atmosphère baroque magnifiquement mise en image. Cette espèce de long rêve macabre métamorphosant l'esthétique du Gore en véritable poésie de l'atroce symbolise la quintessence de l'horreur à l'italienne, en y ajoutant de surcroît un nihilisme d’un effroyable lucidité toute Fulcienne.

En effet, chez Fulci rien de bon n’attend les héros qui ont beau se démener dans tous les sens, chercher des réponses, leurs destins semblent déjà tracés comme dans un gigantesque Ruban de Moebius, ils sont condamnés par avance. Empruntant et détournant la prédestination Calviniste, Fulci en fait l’instrument cynique de la mort pour envoyer dans les enfers toutes créatures humaines bonnes ou mauvaises.

Ce qui nous vaudra l’une des scènes finales parmi les plus belles de l'histoire du cinéma de genre : l'enfer vu par Fulci ou quand la représentation picturale du lieu des damnés par un peintre prend vie pour symboliser toute l’horreur du lieu. Quelle splendide et terrifiante allégorie de la faucheuse ! renvoyant autant au tableau d’un Francis Bacon, qu’au mythe Sisifien de l’éternel recommencement.

La photographie de Sergio Salvati ( un habitué des films de Fulci qui a collaboré avec lui sur ses meilleurs films tels que Frayeurs, Le chat noir, La maison près du cimetière, L’enfer des zombies, l’emmurée vivante ) est magistrale et donne corps à cette ambiance poisseuse, la scène d’ouverture est d’une beauté macabre et d’une violence à couper le souffle.

Nombreux n'y verront qu'une série B d'exploitation ultra Gore nantie d'un scénario aussi rachitique qu'invraisemblable, d'effets spéciaux dépassés, d'un tempo trop lent et d'une direction d'acteurs laissant un tantinet à désirer. Si l'on peut comprendre une telle réaction de la part d'un spectateur hermétique au cinéma de genre « old school », il est néanmoins intéressant de parvenir à passer outre les maladresses de L'Au-Delà, afin de constater à quel point la virtuosité formelle peut être atteinte par donner une ambiance lourde, troublante et morbide qui suinte à travers ce grand tableau d'horreur animé, que l’on croirait par moment sorti de l’univers de Lovecraft ( par son côté sale et intemporel )


Un chef d’oeuvre de poésie macabre rythmé au son de la musique terrifiante de Fabio Frizzi ( lui aussi un habitué »qui fait corps avec le métrage, qui emporte et submerge le spectateur

Intemporel, inoubliable, pour peu que l’on fasse l’effort de se laisser immerger par l’histoire et que l’on ne se pâme pas devant le moindre CGI blockbusteriens sans âme.

Jamais la hantise de la mort et la déchéance des corps n'auront été aussi bien filmés.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/220-au-dela-l

https://www.devildead.com/review/1378/au-dela-l-l-aldila


vendredi 12 mars 2021

Libido - Ernesto Gastaldi et Vittorio Salerno - 1965




 

Libido ré mi fa sol.


Près de 20 ans après avoir vu son père commettre un meurtre à caractère sexuel, un jeune noble retourne pour la première fois au domicile familial où la tragédie s'est produite. Il ne faut pas longtemps avant que des faites étranges se passent dans la nuit, alors la maison est-elle hantée ou son père est-il encore en vie? Ou est-ce que l'un de ses hôtes est responsable?


Film à l'atmosphère sombre et tordue des réalisateurs italiens Ernesto Gastaldi et Vittorio Salerno, Libido est un des tous premiers gialli et peut-être le premier giallo machination.


Un petit enfant riche, Christian (Giancarlo Giannini), a bien grandi, mais il reste traumatisé, on le serait à moins, après avoir vu son père tuer une jeune femme blonde attachée à un lit dans une pièce remplie de miroirs, puis se suicider en se jetant d'une falaise dans la mer. Ce qui suffirait à déstabiliser n'importe qui.

Aujourd'hui (en 1965) , il ne reste que trois mois jusqu'à ce qu'il atteigne sa majorité ( enfin 25 ans !) afin d'hériter de la fortune se son géniteur, et Paul (Luciano Pigozzi) l'avocat de son père et tuteur, le persuade de revenir sur les lieus du crime dans la maison familiale et ce en compagnie de son épouse, la très jolie brune Hélène (Dominique Boschero). De son côté Paul se pavane en compagnie de sa nouvelle compagne, une blondasse prénommée Brigitte (Mara Maryl) qui, tout en clichés, semble être ingénue, idiote et gaffeuse,

Mais les événements du passé ont laissé leur empreinte sur Christian , et il ne tarde pas à voir des signes de son père partout. Après tout, son corps n'a jamais été retrouvé...

En fait, Christian en vient assez rapidement à penser que quelqu'un essaie de le rendre fou pour récupérer son argent, et il va successivement suspecter Paul, puis sa femme Hélène,

Libido s'ouvre sur une définition du terme même par le père Sigmund, plaçant comme ce sera souvent le cas dans les gialli sous le signe de la psychanalyse et les traumas de l'enfance, puis s'ensuit un générique singulier fait de photos montrant la victime du père ligotée dans le lit reflétée par les multiples miroirs de la chambre de son supplice. Le ton est donné avec brio.

S'ensuit, ce qui constitue la vrai force du film, à savoir son scénario, fait de mystères, de fausses pistes entre les quatre protagonistes, avec comme principale fonction de mettre à mal la santé mentale de Christian entre visions supposées de son père, de sa présence récente dans un lieu au moyen d'objets (un chaise, une pipe, des trace de pas, une boite à musique faisant résonner une mélodie lancinante),

Alors, évidemment, la résolution de l'énigme ne sera pas une grande surprise pour qui s'abreuve de long métrage de ce genre, le ou la coupable étant pratiquement toujours celui ou celle que l'on soupçonne à priori le moins ; l'érotisme (1965 oblige) est très très soft et c'est bien dommage vu la plastique des deux actrices, le noir et blanc, même s'il est de bonne facture, ne sied pas particulièrement à ce qui sera un des grands piliers du giallo, à savoir le jeu avec la lumière et la photographie emblématique du genre, à la manière d'un Mario bava ou d'un Dario Argento éclairant leurs plans de couleurs vives.

Pour le reste, Libido se suit sans ambages, ni circonlocutions, le peu de moyen financier que l'on imagine, quatre personnages, des décors se situant dans une seul maison et sur une falaise n'empêche en rien un maîtrise formelle, une adaptation à ces contraintes, un rythme avec peu de faille, des personnages psychologiquement relativement fouillés et un climat paranoïaque qui prend de l'ampleur au fur et à mesure de l'évolution de l'intrigue et ce n'est pas rien !

Notons aussi, la qualité de interprétations des quatre acteurs et actrices et notamment la sublime et brune ténébreuse française Dominique Boschero dont la poitrine pourrait éradiquer la famine dans la corne de l'Afrique, que l'on peut voir notamment dans une comédie de Lucio Fulci « I Maniaci » en1964, dans le film fantastique d'Antonio Margheriti « Contronatura » en 1969 et dans les gialli , le pas terrible « L'iguane a la langue de feu » de Riccardo Freda en 1971 et le très bon « Qui l'a vue mourir ? » d'Aldo Lado en 1972 et l'excellent « Toutes les couleurs du vice » de Sergio Martino en 1972 également.

On ne peut donc que féliciter les coréalisateurs, le très peu connu Vittorio Salerno à la courte filmographie (quatre à cinq films suivants les sources) et le grand et avant tout scénariste Ernesto Gastaldi (ici crédité sous le pseudonyme de Julian Berry pour faire plus amérloc) , véritable stakhanoviste du film populaire italien, qui s'il n'a réalisé que quatre films, a écrit plus d'une centaine d' histoires et de scenarii de 1960 à 1998 dans tous les genres et principalement ceux relevant de l'horreur et du giallo. A titre d'exemples et restant dans le ton du site Horreur,com, on lui doit les scénario des classiques : «L'effroyable secret du docteur Hichcock », « La vierge de Nuremberg », « Le corps et le fouet », « L’étrange vice de Madame Wardh », « La queue du scorpion », « Toutes les couleurs du vice », « Torso » ou « Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé »

Môssieur Gastaldi étant, par ailleurs, toujours de ce monde, il reste un des derniers représentants de ce formidables cinéma populaire transalpin qui des années 50 aux années 80 nous a fait et continue à nous faire rêver (en tout cas c'est le cas de ma pomme)

Balançant constamment entre le machiavleisme et la psychanalyse ( de manère light, on est pas en faculté) ? Libido est une réussite portée par une efficace musique, de bons acteurs et un scénario précis qui, de plus, et a contrario de la grande majorité des films de ce genres s'achève, non pas sur un happy-end, mais sur une note atroce et cruelle.

Du coup, si l'on accepte de le regarder en tenant compte du contexte, 1965, et en tant compete du noir et blanc, on passer un bon moment, Notez bien que si vous n'acceptez pas ceci, vous pouvez toujours allé regarder vos blockbusters de merde, faits à coups de dollars et d'effets spéciaux à la con, je m'en tamponne le coquillard relativement velu, Rompez !


Madame BOSCHERO :




Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1322-libido


The Witches - Les Sorcières - Cyril Frankel – 1966




 

Comment Sabbat ?


Une œuvre peu connue de la Hammer, et à sa vision on comprend quand même légèrement pourquoi.


Ou comment se saborder en trois parties.


Gwen Mayfield enseigne en Afrique dans une école de missionnaires. Après avoir été envoûtée par un sorcier, elle fait une dépression nerveuse. Afin de surmonter son traumatisme, elle accepte un poste d'enseignante dans un petit village de la campagne anglaise. Mais les apparences sont trompeuses : une série d'événements lui font redouter que certaines personnes des environs ne pratiquent la magie noire...

Après une mise en bouche en Afrique, le film se divise en trois parties d’inégales longueurs et surtout d’inégales qualités.

La première, la plus longue et la meilleure, nous conte l’arrivée de miss Mayfield dans ce petit village en apparence champêtre où tout le monde se connaît et s’aime bien.

Un peu à la manière de ce que fera Polanski deux ans plus tard dans son « Rosemary’s baby », on se demande si l’institutrice est victime de son imagination ou si le village n’est en fait qu’un repaire de sorcières (là s’arrête la comparaison avec le chef d’oeuvre du réalisateur tchèque). Frankel parvient néanmoins à distiller un léger climat de claustrophobie et de tension autour du piège qui semble se refermer sur Gwen et surtout sur une de ses élèves.

L’apport de petites séquences apparemment banales renforcent par ailleurs cette impression.

Hélas et curieusement, alors que le décor est planté et que l’on s’attend à tout (ce n’est pas non plus insoutenable, il faut bien dire), les auteurs détruisent eux-mêmes le film avec cette seconde partie d’une grande mollesse où Gwen est victime d’une amnésie surtout la période qu’elle a passée dans le village. Dès lors on s’ennuie sec, jusqu’à l’ultime et heureusement courte dernière partie : la cérémonie satanique.

Celle-ci mérite un coup d’oeil, tant elle est un des summums du comique involontaire, une chorégraphie hilarante de ridicule, digne des pires heures de la télé paillettes comme sabbat des sorcières, il fallait le faire ! N’oublions pas un happy-end qui ferait passer un épisode de « La petite maison dans la prairie » pour une oeuvre malsaine comme dernier suicide artistique et on aura fait le tour.

Un mot sur l’interprète principale, Joan Fontaine, qui livre ici son dernier rôle et que l’on a connue infiniment meilleur dans les « Rebecca »  et «  Suspicion »  d’Alfred Hitchcock, mais c’était à une autre époque et elle n’était pas encore obligée de porter une coiffure à la Margaret Thatcher pour payer ses traites.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1165-sorcieres-les

https://cinemafantastique.net/Sorcieres-Les.html


dimanche 7 mars 2021

The Reptile - La Femme Reptile - John Gilling – 1966




 

Crache ton venin... Tu verras ce sera bien.


Dans un petit village de Cornouailles en Angleterre, la terreur se répand. Plusieurs de ses habitants sont frappés de «  la mort noire »  et en meurent dans d’atroces souffrances, la bave aux lèvres et la peau noircie. Les époux Spalding apprennent la mort de leur frère victime lui aussi de cette étrange « maladie », ils héritent dès lors de son « cottage ». Bien mal reçus par les villageois, ils font également la connaissance du mystérieux Dr. Franklyn et de sa fille Anna. Ils vont découvrir qu’une terrible malédiction pèse sur cette dernière.


Tourné dans la foulée de « L’invasion des morts-vivants », avec la plupart des acteurs et le même réalisateur, même lieu de tournage, « La femme reptile » tente d’élargir le bestiaire Hamérien avec cette jeune fille victime d’une étrange malédiction.

Si d’entrée le ton est donné, avec l’attaque de la femme reptile (se déroulant dans le noir et donc reportant avec justesse le moment de la visibilité du monstre), John Gilling, qui n’est pas un manche (ce qui pour ceux qui ont vu le remarquable « L’impasse aux violences » ne diront pas le contraire), préfère tout au long d’une excellente première partie miser sur le mystère et la terreur qu’éprouve la population.

Evidemment, le titre même du film donne par avance la solution de l’énigme et personne ne sera surpris de la conclusion de l’affaire, mais cela n’est en rien dramatique.

La tension monte graduellement, l’enquête que vont mener les Spalding calquant celle de tous bons récits « Holmésien ».

La découverte de la mort du « fou »  du village, la cruauté du docteur envers sa fille, leur voyage à Bornéo, l’énigmatique valet de la maisonnée, les airs de musique indienne qui flottent sur la lande, tout cela entretient le mystère avec justesse.

La dernière partie du film est un peu moins convaincante, mais toujours de bonne tenue.

La femme reptile en elle-même bénéficie d’un maquillage assez convaincant et réaliste, bien que cela puisse faire sourire aujourd’hui.

Du tout bon.

Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://tortillapolis.com/critique-film-la-femme-reptile-john-gilling-1966/

vendredi 5 mars 2021

Roadgames - Déviation Mortelle - Richard Franklin - 1981

 




Un routier indépendant, Pat Quid, doit acheminer de la bidoche porcine d’un bout à l’autre de la vaste Australie.

Son chemin va croiser à plusieurs reprises celui d’une camionnette dans lequel un tueur en série semble avoir élu domicile. Pat va décider de le traquer suite à la disparition d’une auto-stoppeuse qu’il avait pris en….stop (non ? si !) un peu plus tôt.


Roadgames, traduit en français de manière funambulesque «Déviation mortelle» est un road-movie mâtiné d’une belle once de thriller et d’un tout petit soupçon de fantastique.


Construit autour de cette vieille ganache moustachue de Stacy Keach, pas encore starifié en donnant ses traits pour l’éternité (au minimum) à Mike Hammer, on suit le périple qui conduit notre camionneur et son chargement de viande de porcs à travers le pays des Kangourous.


Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage, heureux qui comme Ulysse à vu cent paysages, certes, certes. N’empêche que notre Ulysse à belles bacchantes, lui, ne verra que le désert qu’il traverse d’Ouest en Est en longeant la Grande Baie Australienne (prenez une carte, rechercher le pays en bas à droite, c’est au Sud dudit pays, merci.)

Un voyage qu’il effectue dans sa cabine avec son chien, pardon son Dingo (qui n’est pas le chien de Mickey, mais son ami, ce qui n’a rien à voir vu que Mickey n’apparaît pas dans Roadgames).


Le film est divisé en deux parties à peu près égales. La première est un «road-movie» des plus classiques avec beaucoup de parlottes, de dialogues, de monologues entre Pat et son Dingo notamment. Des dialogues parfois savoureux qui permettent d’entrer tranquillement dans le film comme l’on se glisse dans une paire de charentaises moelleuses à souhait.

Que Pat prenne en stop une auto stoppeuse à forte charge pondérale et cerveau inversement proportionnel en termes de poids, ou qu’il commence à échafauder des plans sur l’intriguant vanne qui le suit ou le précède ; il garde toujours son côté sympa, comme le sont tous les vrais routiers.

Puis, Roadgames, bascule lentement, presque insidieusement vers le thriller à forte valeur inquiétante.

L’accumulation de bizarreries, de concours de circonstances, la montée dans la cabine de Jamie Lee Curtis tout juste sortie d’ «Halloween», de «Fog» ou du «Monstre du train», puis sa disparition, tout cela va rendre Pat Quid soupçonneux et le lancer à toute berzingue derrière l’Émile Louis local.

Quelques petites notes fantastiques plus loin (des yeux qui apparaissent, un plan sur le tueur dans son vanne en plein orage), Pat et le meurtrier finiront par s’affronter dans une belle séquence finale voyant le gros camion pourchasser le vanne du meurtrier dans des ruelles de plus en plus étroites.

Mise en scène ultra fonctionnelle, donc sans afféteries particulières, mais d’une solide précision pour Richard Franklin prouvant qu’il fût un des bons réalisateurs du renouveau du cinéma populaire Australien dans les années 70/80 ( voir «Patrick», «Link» ou «Psychose 2» pour s’en convaincre tout à fait).

Le jeu des acteurs n’est pas, non plus, pour rien dans le plaisir que l’on prend à suivre ce sympathique thriller sur asphalte. Outre un Stacy Keach encore svelte et fort crédible dans son rôle et une Curtis toute jeunette, l’amateur risque de reconnaître quelques gueules croisées dans d’autres films Australiens de l’époque. On notera aussi une belle musique de Brian May responsable en chef des bandes originales de ce côté-ci du monde, «Mad Max», «Harlequin», «Soif de sang», «Le survivant d’un monde parallèle», ou «Les traquées de l’an 2000».

Pour terminer : 70 kilos

Pourquoi 70 kilos ? C’est la différence de poids du chargement de porc dans le camion, entre le début et la fin du voyage.  La réponse a ce mystère nous sera révélée dans une séquence finale empreinte d’un humour noir assez savoureux.

La déviation est donc pour le moins recommandable. Prenez-la sans hésitation.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

http://www.regard-critique.fr/rdvd/critique.php?ID=4979

https://www.arte.tv/sites/olivierpere/2019/01/13/deviation-mortelle-de-richard-franklin/

https://lepetitcinemadestephane.blogspot.com/2017/02/deviation-mortelle.html

mercredi 3 mars 2021

Bruno MATTEI : 1931-2007 aka Vincent Dawn, Michael Cardoso, Norman Dawn, Bob Hunter, Werner Knox, Pierre Le Blanc, Jimmy Matheus, Martin Miller, William Snyder, George Smith...

En paraphrasant le primesautier Staline s’adressant au non moins guilleret Pierre Laval (un peu de culture prolétarienne ne faisant jamais de mal) en ces mots : "Le Vatican, combien de divisions ?", voici la question du jour : "Bruno Mattei, combien de films ?".

Si vous avez la réponse, écrivez-nous sur une carte postale, ça nous fera plaisir.


En fait et selon toute vraisemblance, Bruno s’en moquait et ne devait même pas le savoir. Il a juste fait du cinéma pour gagner sa vie, un peu comme l’immense majorité des gens, il a bien dû payer ses factures et décorer sa gentilhommière.


C’est un peu dur comme analyse me direz-vous ? Peut-être, mais à la visions de son oeuvre on reste frappé par le peu d’envie de faire ne serait-ce qu’une seule fois un métrage original ou même simplement potable. C’est aussi pour cela qu’on l’aime !

Cette capacité à rendre aberrant le moindre scénario, déraisonnable la moindre direction d’acteurs, crapuleux la mise en scène et crapoteux la copie servile de films à succès ; tout cela mérite bien une place au panthéon du 7 ème art.


"Tout est bon dans le cochon, tout est mauvais dans le Mattei" (c) Confucius.


Bruno Mattei, de son vrai nom Bruno Mattei (mais si ) est né le 30 juillet 1931 à Rome en plein triomphe du fascisme italien (oui, ça n’a aucun rapport avec l’oeuvre, mais on vous avez prévenu que ce serait un papier placé sous le signe de la culture). Après avoir passé son enfance à tendre le bras droit dans sa belle chemise noire et à marcher au pas, il va suivre les traces de son père, monteur de profession. Il va se charger de plus de 100 films dans cet art méticuleux et ingrat qu’est la mise dans le bon ordre de centaine de rushs.


Et c’est là, lors d’une de ses interminables nuits à scruter et couper de la pellicule qu’il eut LA révélation de sa vie. Si certains arrivent à faire autant de mauvais films, pourquoi, lui, n’y arriverait-il pas ?


Curieusement son premier film en 1970 est un drame : "Armida, il dramma di una sposa" qui reçut de bonnes critiques en Italie. Inutile de préciser que ce sera la seule et unique fois pour Bruno. Mais, sa carrière débute réellement sept ans plus tard avec un "naziploitation" dénommé en France "Hôtel du plaisir pour SS". Surfant sur la vague des Ilsa et autre "Salon Kitty", Bruno délivre un film sans âme, mais avec tout ce qu’il faut de sexe et de perversions pour satisfaire le marché de l’exploitation. Ce sera sa marque de fabrique pour les années à venir.


Tournant vite et avec peu de moyens, il va se spécialiser dans la copie servile des grands succès pour profiter de la mode du jour. Réagissant au quart de tour aux lois du marché, il va enchaîner quasiment tous les genres du bis. De 1977 à 1990, il réalise en moyenne trois films par an !


Petit tour rapide et non exhaustif des genres abordés par ce cher Bruno :



Naziploitation donc : "KZ9 - Camp d'extermination" toujours en 1977.


Mondo : "Le notti porno nel mondo"(1977) presenté par Laura "Emanuelle" Gemser ou "Le sexe interdit" (1979)


Comédie érotique et égrillarde avec Ilona Staller, plus connue sous le nom de Cicciolina : "Cicciolina amore mio" (1979) ou "Cuginetta... amore mio !" la même année.


La nunsploitation : "Les novices libertines" ( La Vera storia della monaca di Monza ) en 1980 ou "L’autre enfer" toujours en 1980


Le péplum érotique : "Caligula et Messaline" - 1981, "Les aventures sexuelles de Néron et de Poppée" - 1982


Le WIP (acronyme de Women in Prison) : "Pénitencier de femmes" - 1982, "Révolte au pénitencier de filles" 1983


Le post-apocalyptique avec le grandiose blockbuster "Les rats de Manhattan" en 1984


La vietploitation (Des Rambo sans le sou) : "Strike Commando"- 1987


De la SF guerrière avec l’inénarrable "Robowar" - 1989


Du shark-movie avec le sémillant "Cruel Jaws" - 1995


Du film de canniboules, "Horror Cannibal" et "Horror Cannibal 2"


Sans oublier, bien sûr, le film de zombies avec "Zombi 3" où il remplace au pied levé un Lucio Fulci qui ne s’en remettra jamais. Et évidemment son Taj mahal, son temple d’Artémis, son jardin suspendu de Babylone, son phare d’Alexandrie, le désormais mythique "Virus Cannibale" !

Sorte d’hommage hilarant et dégénéré au "Zombie" de Romero, bien connu des amateurs de mauvais films sympathiques. Un des plus mauvais film de tout les temps ? Il y a concours.


Mais aussi du western, du thriller, des comédies et même une mini-série télé d’aventure : "Appuntamento a Trieste" en 1987.


Formant une paire diabolique avec le redoutable Claudio Fragasso, scénariste ou co-réalisateur de beaucoup de ses films à partir des années 80, Bruno Mattei est décédé le 21 mai 2007 à Rome d’une tumeur au cerveau. Son décès provoqua une onde de choc dans le milieu du cinéma. Télérama le mit en couverture, Libération titra sur huit colonnes "Mort d’un génie voyageur" et les cahiers du cinéma sortir un numéro intégralement consacré à l’homme, l’oeuvre, la légende.


Réalisateur d’une époque révolue (celle de la fin de la grande époque du bis italien) et surnommé le "Ed Wood Italien" par certains, espérons qu’il atteigne la même notoriété posthume que ce dernier, il le mérite.


Un hommage devait lui être rendu en ces pages, c’est chose faite


mardi 2 mars 2021

La nuit des pétrifiés – La plus longue nuit du diable - The devil's nightmare - Au service du diable - Jean Brismée -1971






Succombez à la succulente succube 


Berlin 1945. Alors que les alliés bombardent la ville, une baronne met au monde une fille mais meurt en couche. Le baron, voulant absolument un garçon, la tue (après l’avoir baptisée tout de même !). Plus tard, on apprendra qu’une malédiction pèse sur la famille du baron, une journaliste qui enquête sur ce sujet en paiera le prix fort. On la retrouvera morte de terreur, apparemment attaquée par un succube !

C’est alors qu’un groupe de touristes arrive au Château après s’être perdu dans les environs. Très vite ils vont s’apercevoir que cet endroit n’est pas spécialement conçu pour y passer des vacances de tout repos. Le baron fait des expériences dans son laboratoire, chaque pièce semble avoir connu un funeste événement, le maître d’hôtel est lugubre, etc.

On se doute bien que le groupe ne va pas passer un paisible moment dans ce lieu de villégiature et que cela va mal finir pour eux.

Oh ! un film bis belge (italo-belge en fait, évidemment toujours là les italiens). Suffisamment rare pour s’en réjouir, surtout quand il est de cette qualité.

On peut d’ailleurs regretter que Jean Brismée n’ait réalisé que ce seul et unique film, tant il est une petite pépite du cinéma bis des années 70.


Le film s’ouvre sur une séquence particulièrement cruelle où l’on assiste au meurtre d’un nouveau-né, un couteau planté de le coeur (et sans la moindre suggestion s’il vous plait !).

«  La nuit des pétrifiés » est un curieux mélange d’épouvante gothique à l’italienne, d’un peu de surréalisme et d’une bonne dose d’érotisme. 


La présence d’un casting féminin à faire tourner les têtes (et pas que …) n’est bien entendu pas étrangère au plaisir que l’on prend à la vision de cette oeuvre, si on n’échappera d’ailleurs pas à la traditionnelle scène d’amour féminine entre deux des donzelles (et c’est tant mieux !), c’est surtout le rôle de la sublime et plantureuse Erika Blanc qui marquera les esprits. 

Succube sexy au décolleté déroutant, dans lequel le regard des hommes et des femmes se perd pour y commettre les pires péchés (gourmandise, luxure...). Véritable tornade d’érotisme, elle prend les âmes des pauvres hères pour les offrir à son maître Satan (Daniel Emilfork et son étrange visage semblant tout destiné à tenir ce type de rôle).

Bien difficile de ne pas succomber à la succulente succube ! 


Les protagonistes se verront irrésistiblement attirés et périront dans les pires conditions (tête tranchée, enfermés dans une vierge de Nuremberg, défenestration, étouffement.. ), jusqu’à ce que le dernier d’entre eux, un apprenti prêtre, soit la cible de la succube, sera-t-il suffisamment fort pour ne pas s’abandonner aux mille charmes troubles d’Erika Blanc ? (perso, je ne pourrais pas, mais c’est pour cela que j’ai renoncé à l’habit sacerdotal).


Alors on pourra toujours dire que le raccord entre les plans est parfois suspect, que la photographie n’est pas toujours irréprochable, que certaines séquences traînent un peu trop en longueur et que finalement l’intrigue est tout ce qu’il y a de classique, mais ce serait faire bien peu de cas du charme et de l’atmosphère qui se dégage de cette curieuse pellicule bis. 


La partition musicale, à la fois douce, sensuelle mais aussi inquiétante renforce l’aspect surréaliste du métrage. Les acteurs et actrices dans des rôles assez stéréotypés font leur métier avec talent, le montage se tient, et l’histoire est suffisamment prenante et parfois surprenante pour que l’on ne s’ennuie jamais.


Voilà, en tout cas, une très bon produit du début des années 70 et qui n’a finalement rien perdu de son attractivité, le temps lui donnant même une certaine patine délectable dans laquelle il serait bon de plonger ou de replonger.   


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/585-nuit-des-petrifies-la

http://www.horreur.com/index.php?q=node/3243

https://tortillapolis.com/critique-film-la-nuit-des-petrifies-jean-brismee-1971/

lundi 1 mars 2021

The Plague Of The Zombies - L'Invasion Des Morts-Vivants - John Gilling – 1966




 

Sous les pavées, la plague.


Le professeur en médecine Sir James Forbes se rend avec sa fille Sylvia dans un petit village de Cornouailles, à la demande de son ancien élève Peter Thompson, médecin dans le village et qui ne parvient pas à élucider les causes d'une mystérieuse épidémie ayant déjà engendré douze décès parmi la population. Les recherches des deux hommes vont les mener à découvrir les choses horribles qui se passent dans le village...

Seul long-métrage métrage de la Hammer mettant en scène des zombies, cette invasion représente un lien évident entre les «  anciens » et les futurs films de morts-vivants.

S’appuyant sur la tradition d’alors du zombie, créature issue du culte vaudou, totalement soumis à son maître, il reprend le concept déjà vu dans les classiques « White Zombie » (1932)  ou «  Vaudou » de Jacques Tourneur (1943). Il n’est pas encore cet être totalement autonome et avide de chair humaine qu’il deviendra deux ans plus tard dans le cataclysmique «  La nuit des morts-vivants »(1968).

Il dénote également une envie d’aller plus loin dans ce qui est montrable à l’écran, sans jamais réellement franchir le pas, à l’exception peut-être d’une formidable séquence onirique assez dure et effrayante et qui tutoie presque ce qu’osera tourner Romero dans son futur film.

Autocensure ? Peur d’aller trop loin ? En tout cas le temps ne semblait pas encore venu pour les dirigeants de la firme et pour ses auteurs.

Et c’est bien dommage ! Car le film se perd finalement assez vite dans de longues scènes de bavardages et dans la résolution d’une énigme toute « Holmésienne » qui tranche avec les impeccables scènes de rite vaudou et celles mettant en images les fameux morts-vivants.

Pas ennuyeux, loin s’en faut, mais décevant si l’on songe à ce que le film aurait pu devenir avec davantage d’audace.

John Gilling se permettant même une approche politique dans sa description du zombie, montré ici comme un prolétaire enchaîné à sa mine et à son maître, travaillant jusqu’à épuisement dans les tréfonds de la terre. Une manière de proposer un sous-texte social dans une oeuvre fantastique que ne renierait pas George A.Romero.

Une oeuvre « trait d’union » en somme.

Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/425-invasion-des-morts-vivants-l

http://www.horreur.com/index.php?q=node/2672

https://tortillapolis.com/critique-film-linvasion-des-morts-vivants-john-gilling-1966/