Libido ré mi fa sol.
Près de 20 ans après avoir vu son
père commettre un meurtre à caractère sexuel, un jeune noble
retourne pour la première fois au domicile familial où la tragédie
s'est produite. Il ne faut pas longtemps avant que des faites
étranges se passent dans la nuit, alors la maison est-elle hantée
ou son père est-il encore en vie? Ou est-ce que l'un de ses hôtes
est responsable?
Film à l'atmosphère sombre et tordue
des réalisateurs italiens Ernesto Gastaldi et Vittorio Salerno,
Libido est un des tous premiers gialli et peut-être le premier
giallo machination.
Un petit enfant riche, Christian
(Giancarlo Giannini), a bien grandi, mais il reste traumatisé, on le
serait à moins, après avoir vu son père tuer une jeune femme
blonde attachée à un lit dans une pièce remplie de miroirs, puis
se suicider en se jetant d'une falaise dans la mer. Ce qui suffirait
à déstabiliser n'importe qui.
Aujourd'hui (en 1965) , il ne reste que
trois mois jusqu'à ce qu'il atteigne sa majorité ( enfin 25 ans !)
afin d'hériter de la fortune se son géniteur, et Paul (Luciano
Pigozzi) l'avocat de son père et tuteur, le persuade de revenir sur
les lieus du crime dans la maison familiale et ce en compagnie de son
épouse, la très jolie brune Hélène (Dominique Boschero). De son
côté Paul se pavane en compagnie de sa nouvelle compagne, une
blondasse prénommée Brigitte (Mara Maryl) qui, tout en clichés,
semble être ingénue, idiote et gaffeuse,
Mais les événements du passé ont
laissé leur empreinte sur Christian , et il ne tarde pas à voir des
signes de son père partout. Après tout, son corps n'a jamais été
retrouvé...
En fait, Christian en vient assez
rapidement à penser que quelqu'un essaie de le rendre fou pour
récupérer son argent, et il va successivement suspecter Paul, puis
sa femme Hélène,
Libido s'ouvre sur une définition du
terme même par le père Sigmund, plaçant comme ce sera souvent le
cas dans les gialli sous le signe de la psychanalyse et les traumas
de l'enfance, puis s'ensuit un générique singulier fait de photos
montrant la victime du père ligotée dans le lit reflétée par les
multiples miroirs de la chambre de son supplice. Le ton est donné
avec brio.
S'ensuit, ce qui constitue la vrai
force du film, à savoir son scénario, fait de mystères, de fausses
pistes entre les quatre protagonistes, avec comme principale fonction
de mettre à mal la santé mentale de Christian entre visions
supposées de son père, de sa présence récente dans un lieu au
moyen d'objets (un chaise, une pipe, des trace de pas, une boite à
musique faisant résonner une mélodie lancinante),
Alors, évidemment, la résolution de
l'énigme ne sera pas une grande surprise pour qui s'abreuve de long
métrage de ce genre, le ou la coupable étant pratiquement toujours
celui ou celle que l'on soupçonne à priori le moins ;
l'érotisme (1965 oblige) est très très soft et c'est bien dommage
vu la plastique des deux actrices, le noir et blanc, même s'il est
de bonne facture, ne sied pas particulièrement à ce qui sera un des
grands piliers du giallo, à savoir le jeu avec la lumière et la
photographie emblématique du genre, à la manière d'un Mario bava
ou d'un Dario Argento éclairant leurs plans de couleurs vives.
Pour le reste, Libido se suit sans
ambages, ni circonlocutions, le peu de moyen financier que l'on
imagine, quatre personnages, des décors se situant dans une seul
maison et sur une falaise n'empêche en rien un maîtrise formelle,
une adaptation à ces contraintes, un rythme avec peu de faille, des
personnages psychologiquement relativement fouillés et un climat
paranoïaque qui prend de l'ampleur au fur et à mesure de
l'évolution de l'intrigue et ce n'est pas rien !
Notons aussi, la qualité de
interprétations des quatre acteurs et actrices et notamment la
sublime et brune ténébreuse française Dominique Boschero dont la
poitrine pourrait éradiquer la famine dans la corne de l'Afrique,
que l'on peut voir notamment dans une comédie de Lucio Fulci « I
Maniaci » en1964, dans le film fantastique d'Antonio Margheriti
« Contronatura » en 1969 et dans les gialli , le pas
terrible « L'iguane a la langue de feu » de Riccardo
Freda en 1971 et le très bon « Qui l'a vue mourir ? »
d'Aldo Lado en 1972 et l'excellent « Toutes les couleurs du
vice » de Sergio Martino en 1972 également.
On ne peut donc que
féliciter les coréalisateurs, le très peu connu
Vittorio Salerno à la courte filmographie (quatre à cinq films
suivants les sources) et le grand et avant tout scénariste Ernesto
Gastaldi (ici crédité sous le pseudonyme de Julian Berry pour faire
plus amérloc) , véritable stakhanoviste du film populaire italien,
qui s'il n'a réalisé que quatre films, a écrit plus d'une centaine
d' histoires et de scenarii de 1960 à 1998 dans tous les genres et
principalement ceux relevant de l'horreur et du giallo. A titre
d'exemples et restant dans le ton du site Horreur,com, on lui doit
les scénario des classiques : «L'effroyable
secret du docteur Hichcock », « La vierge de
Nuremberg », « Le corps et le fouet »,
« L’étrange vice de Madame Wardh », « La queue
du scorpion », « Toutes les couleurs du vice »,
« Torso » ou « Ton vice est une chambre close dont
moi seul ai la clé »
Môssieur Gastaldi étant,
par ailleurs, toujours de ce monde, il reste un des derniers
représentants de ce formidables cinéma populaire transalpin qui des
années 50 aux années 80 nous a fait et continue à nous faire rêver
(en tout cas c'est le cas de ma pomme)
Balançant constamment entre le
machiavleisme et la psychanalyse ( de manère light, on est pas en
faculté) ? Libido est une réussite portée par une efficace
musique, de bons acteurs et un scénario précis qui, de plus, et a
contrario de la grande majorité des films de ce genres s'achève,
non pas sur un happy-end, mais sur une note atroce et cruelle.
Du coup, si l'on accepte de le regarder
en tenant compte du contexte, 1965, et en tant compete du noir et
blanc, on passer un bon moment, Notez bien que si vous n'acceptez pas
ceci, vous pouvez toujours allé regarder vos blockbusters de merde,
faits à coups de dollars et d'effets spéciaux à la con, je m'en
tamponne le coquillard relativement velu, Rompez !
Madame BOSCHERO :
Chroniques d'ici ou d'ailleurs :
https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1322-libido