mercredi 14 décembre 2016

The Revenge Of Frankenstein - La Revanche De Frankenstein - Terence Fisher - 1958









Le second opus « Hammérien » des aventures du Baron Frankenstein commence exactement là où « Frankenstein s’est échappé » s’achevait. Le Baron est conduit à la guillotine, condamné pour avoir créé un monstre. Alors qu’on le croit mort, on va très vite se rendre compte qu’il a échappé à la mort par la grâce de son fidèle valet.
Sa sépulture renferme à sa place, le cadavre décapité du prêtre devant lui donner les derniers sacrements au moment de son exécution. Il va s’installer dans une ville allemande, pour y devenir le médecin le plus connu et apparemment le plus généreux de celle-ci, allant jusqu'à soigner gratuitement les indigents. Son but étant en fait de se servir de ces derniers pour poursuivre ses travaux et recréer enfin la vie.
L’argument trouvé pour ramener sur le devant de la scène  le Baron Frankenstein fut un immense choc en 1958. Oser tuer un prêtre (même si c’est de manière totalement suggérée évidemment) pour permettre à un docteur fou de poursuivre ses expériences étaient totalement inconcevable et d’une incroyable transgression des valeurs et de la morale de l’époque. C’est pratiquement l’Antéchrist qui revenait à la vie !



Au-delà de ce début ma foi fort couillu, le film se déroule comme dans un rêve de cinéphile amateur d’épouvante.
Le rythme est trépidant, aucun temps mort, le montage "Fishérien" faisant une nouvelle fois des merveilles, la qualité de la photographie s’enrichit ici d’un étonnant travail sur la lumière, faisant baigner certains lieux (notamment le laboratoire clandestin du Baron) dans les lumières rouges et vertes donnant une certaine irréalité à l’ensemble.
Peter Cushing campe une seconde fois avec un talent immense le plus célèbre des scientifiques déviants. Son personnage reste un roc de volonté massive, inarrêtable dans sa soif  de connaissance et dans son absence totale de remords, un être qui à bien y regarder est totalement inhumain, uniquement préoccupé par sa grande œuvre, son but, son Graal, créer un être vivant à partir de morceaux de cadavres (un  hobby primesautier s’il en fut).
La plus grande réussite du film se situe d’ailleurs probablement dans sa mise en avant du Baron par rapport à sa (ses) créature(s), il devient le personnage central, Fisher s’éloignant donc un peu plus du roman de Mary Shelley afin d’en faire une œuvre personnelle et audacieuse. La chute finale dynamitant définitivement le lien entre le livre et son adaptation, en faisant entrer le personnage de Frankenstein dans le cercle restreint de ces mortels capables de revenir à satiété d’entre les morts (25 ans d’avance sur les Freddy, Jason ou Myers, mais si, mais si), ce qu’il ne se privera pas de faire encore plusieurs fois, le bougre.
50 ans après sa sortie, « Le retour de Frankenstein » reste le meilleur film de la Hammer sur le sujet et un des tous meilleurs (avec « La Fiancée de Frankenstein » tout de même)  de l’histoire du terrible Baron et de son monstre.
Intemporel et immortel. God not bless you.

Chroniques ici ou là :

http://www.devildead.com/indexfilm.php3?FilmID=519

http://www.iken-eiga.fr/film-1068-La-Revanche-de-Frankenstein.html

http://www.telerama.fr/cinema/films/la-revanche-de-frankenstein,14936.php ( non ? Tu déconnes ?)



Taxi Driver - Martin Scorsese - 1976









«  La solitude m'a suivi toute ma vie. Partout. Il n'y a pas d'échappatoire. Je suis un homme de Dieu solitaire ».

C'est l'histoire d'un homme, disloqué par son passage au Vietnam et qui, pathologiquement, souffre de solitude. A partir du moment où il ne peut posséder la femme qu'il désire, il part à la dérive et pète les plombs.
Il va essayer de tuer celui qui représente le père, le sénateur, de celle qu'il ne peut avoir. Il échoue. Tue un maquereau qui représente le père d'une fille qu'il pourrait avoir mais qu'il ne veut pas. Dès lors et ironiquement, il dévient un héros alors qu'il n'est qu'un psychopathe qui va, à n'en pas douter, recommencer à sévir.

Être seul entouré de milliers de gens.

Le personnage que joue De Niro, Travis Bickle, n'arrive pas à gérer son environnement, à être « comme tout le monde », il essaie, il tente mais n'a pas les codes pour se faire.

Engrenage.

Ne pas avoir ce qu'il veux avoir, ne pas vouloir ce qu'il a, engrenage qui amène à la solitude et qui la renforce. Travis Bickle se crée et alimente, lui-même, sa propre solitude

Morale.

Lorsque l'on revient du Vietnam, que l'on est seul, que l'on vit dans cette sorte de dépotoir à ciel ouvert qu'était le New York des 70's au milieu «  des excréments de la Terre », comment ne pas devenir fou ? On ne peut pas dixit Scorsese.

« You talkin' to me ? »


Magistral, triste, violent, une merveille.