dimanche 11 décembre 2016

L'Armée des Ombres - Jean-Pierre Melville - 1969






Octobre 1942. Philippe Gerbier, ingénieur des Ponts et Chaussées, est un résistant de la première heure. Dénoncé, il se retrouve enfermé dans un camp français. Il parvient à prendre la fuite durant son transfert au siège de la Gestapo à Paris et s'empresse de rejoindre les membres de son réseau à Marseille. Avec deux camarades, Félix et «Le Masque», Gerbier est chargé d'exécuter le jeune Dounat, responsable de son arrestation. Parallèlement, Jean-François, un ami de régiment, entre dans la Résistance. Chargé pour sa première mission de livrer un poste émetteur à une certaine Mathilde, il en profite pour aller rendre visite à son demi-frère, Luc Jardie, un grand bourgeois qui se tient à l'écart des événements…

Chroniques sombres et intenses d'êtres solitaires qui luttent pour un idéal et des valeurs, des hommes et des femmes qui savent au plus profond d'eux-mêmes qu'ils y laisseront la vie et qu'il sont en quelque sorte déjà mort (d’où le titre du film, me semble t-'il).



Les "héros" de la Résistance française ne sont jamais montrés en train de mener des sabotages ou des attaques planifiées contre les Allemands, comme on le ferait dans un film traditionnel de la Seconde Guerre mondiale. Au lieu de cela, nous suivons leur vie claustrophobe et paranoïaque alors qu'ils passent d'une cachette à une autre, constamment harcelés par leurs ennemis, hantés par leurs propres actions et l'incapacité de communiquer avec ceux qui leur sont chers. Des personnages faisant face à la trahison, la lâcheté et la morne éthique de tuer leurs camarades pour préserver le réseau dans son ensemble.

La seule façon dont la Résistance a un sens, c'est dans l'effort collectif de ses membres. L'Armée des ombres dépasse finalement une histoire de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale et sert d'épopée existentialiste puissante.

Alors, évidemment, c'est un hommage avant tout à la résistance Gaulliste et qui passe quand même globalement sous silence celle des autres groupes, communiste en particulier. C'est moche, très moche même !

Ventura, Meurisse, Signoret, Cassel , Crauchet sont tous d'une justesse confondante.

Une merveille à chaque visionnage

Le Doulos - Jean-Pierre Melville -1962







Un film que les amateurs de polar à l'ancienne devraient certainement appréciés, avec beaucoup de dialogues, peu d'actions et qui s'appuie avant tout sur la psychologie des personnages.

C'est, à priori, le premier film où son réalisateur met en place tous les ingrédients qui feront de son cinéma ce qu'il fut dans ses meilleurs productions. Une sorte de polar à la française influencée par les films noirs étasuniens.

Pour ma part, je ne suis pas de ceux qui adulent Melville car j'aime certains éléments de son style, d'autres moins. En tout cas, on ne peut qu'être admiratif du travail sur la grammaire visuelle qui est si maîtrisée qu'elle éclipse tout le reste, même presque le scénario dans la première partie du film.

On retrouve une ambiance vraiment particulière du film noir et des scènes intrigantes. Le problème que l'on pourrait soulever est que l'histoire passe au second plan ( ce qui parfois n'est pas plus mal, ceci dit). Elle connaît cependant un regain d'intérêt au fur et à mesure du film et la dernière partie tient particulièrement en haleine s'agissant de sa résolution. L'intrigue est particulièrement emberlificoté si bien qu'à certains moments on se demande si on ne devrait pas revenir en arrière pour saisir ce que l'on aurait bine pu louper.



Les personnages cultivent constamment l’ambiguïté ( comme dans les autres films de Melville) ce qui amène un côté sombre et mystérieux façon western. Ici, ce sont les « gueules » de Jean-Paul Belmondo et Serge Reggiani qui sont mis à l'honneur en composant des figures énigmatiques. Le film est loin d'être parfait et n'est pas celui que l'on ressortira en premier dans la filmographie que Melville. N'empêche qu'on peut toujours y trouver un intérêt, même si c'est le charisme de Belmondo est primordiale. Reste une grammaire visuelle et cinématographique épatante, pour un film comme on n'en fait plus, d'une autre époque mais comme c'est toujours mieux avant !