samedi 7 janvier 2017

The Stranglers Of Bombay - Les Étrangleurs De Bombay - Terence Fisher – 1960






Abandonnant pour un temps les créatures de l’enfer que sont Frankenstein et Dracula, Terence Fisher nous livre ici un film d’aventure mâtiné de thriller horrifique.
Classique des films « coloniaux », celui-ci est situé en Inde (ancienne colonie britannique) au milieu du 19ème siècle.
Ce type de métrage est toujours à la limite du racisme, proposant de montrer les bienfaits de la civilisation face à la barbarie des indigènes. Ici, une secte d’Indiens adorateurs de Kali, dont les membres sont bien évidemment cruels et amoraux, baignant dans une forme de mysticisme d’un autre temps. En face, on trouve le classique gentleman anglais qui n’écoutant que son courage va tout faire pour démasquer cette secte ultrasecrète.
Sauf que Fisher, comme pour donner un contrepoids à ce colonialisme bon teint, multiplie les piques envers le colonisateur britannique. Montrant son incompétence, sa fausse humilité, sa méconnaissance de l’Inde profonde, sa volonté de faire du profit sur le dos des habitants sans se soucier ni de leur santé, ni de leur bien-être. Ils peuvent bien s’entretuer, du moment que les profits de la compagnie des Indes sont préservés, tout ira bien.
Sans non plus prétendre que Fisher ait voulu réaliser un film anti-colonial (faut pas déconner non plus), son approche est suffisamment singulière pour l’époque pour le noter.



Et le film en lui-même me direz-vous ?
La faiblesse du budget est cette fois un petit handicap. Difficile de faire croire à une Inde grouillante de vie, de cultures et de croyances avec si peu de lieux différents (une place de marché, quelques arpents de brousse, trois ou quatre intérieurs et un morceau de jungle là où se tiennent les cérémonies de la secte des étrangleurs) et si peu de figurants.
Néanmoins, avec un grand sens du rythme, « Les étrangleurs de Bombay » se suit sans ennui et avec intérêt. Les rebondissements sont nombreux, les personnages bien campés (quoique caricaturaux comme il sied à ce type de métrage) par des acteurs qui font le métier. Les scènes de cruauté sont nombreuses et d’une grande violence pour l’époque, que ce soit physiquement : langue arrachée, yeux crevés, mains coupées notamment (tout cela se déroule hors champ, on est en 1960) ou morales : un des membres de la secte est obligé d’étrangler son frère afin de ne pas fâcher la déesse Kali. Dommage cependant que la couleur soit absente, cela aurait probablement donné plus de forces à ces scènes.
L’exotisme n’est également pas oublié avec un fort joli combat entre un serpent et une mangouste.
Aventure, amour, courage, horreur, exotisme, rythme, que demande le peuple ?