vendredi 12 février 2021

Paranoiac – Paranoïaque - Freddie Francis – 1964





 

Le retour de l’enfant prodigue.


Première réalisation pour la Hammer de «  la trilogie du mystère » (dénomination que je viens d’inventer, merci pour le copyright) de Freddie Francis (décédé tout récemment dans l’indifférence quasi-générale) et qui comprend outre ce film, « Nightmare » (1964) et « Hysteria » (1965), « Paranoiac » est un thriller malin et efficace. S’il ne contient aucune des marques de fabrique du studio britannique (ni atmosphère gothique, ni monstre, ni séquence horrifique), il n’en demeure pas moins une réussite.

Après la mort de ses parents dans un crash d'avion onze ans plus tôt et le suicide huit ans plus tôt de son frère Anthony, Simon Ashby, jeune homme cruel mentalement perturbé, vit avec sa tante Harriett et sa soeur Eleanor qu'il essaie de faire passer pour folle afin de détourner sa part de leur énorme héritage. Lors de l'office funèbre d'anniversaire, un inconnu apparaît qui fait défaillir Eleanor, il ressemble comme deux gouttes d’eau à son frère disparu et adoré par elle.

Si l’ombre de certains grands succès de l’époque comme «Les diaboliques » ou «  Psychose » planent à l’évidence sur le scénario et la mise en scène, Freddie Francis et son scénariste, l’éternel Jimmy Sangster, arrivent néanmoins à nous intriguer avec cette histoire d’usurpation d’identité.

De manière subtile ils amènent le spectateur à s’interroger sur le rôle de chaque personnage dans le mystère que constitue le retour d’Anthony, onze ans après son suicide.

Le point fort du film, outre le somptueux noir et blanc, se trouve probablement dans l’épaisseur psychologique des protagonistes et en particulier celle de Simon, que joue un tout jeune Oliver Reed, impeccable en bourgeois désabusé, alcoolique, cruel, tyrannique, cynique (un bourgeois donc) et qui subtilement va nous faire basculer avec lui vers le drame puis la folie.

Un petit coup de griffe sur le mode de vie des puissants et la décadence de la bourgeoisie anglaise (qui rappelle la vision "Fisherienne" de cette classe sociale), un scénario multipliant les rebondissements (sans non plus atteindre des sommets de machiavélisme, surtout si l’on est adepte de ce type de retournements) et une fin convaincante dans sa conception et dans son approche de la folie d’un homme et d’une mère.

Chronique d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1192-paranoiaque-

https://cinemafantastique.net/Paranoiaque.html