mercredi 7 avril 2021

Rubber - Rubber - Quentin Dupieux - 2010




 

Rubber Killer

Aujourd’hui, nous vous invitons à Suivre l’odyssée singulière d’un pneu psychopathe et télépathe.

Tel Ulysse au prise avec les dieux de l’Olympe, Rubber vous mettra en contact avec la rébellion pneumatique. Trouvera-t-il sa Pénélope ?

Etes-vous prêt à mettre la gomme et à regarder un slasher avec un pneu dans le rôle du méchant ?


Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d'un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence.

Amis, amies humains, l’heure est grave ! La colère gronde chez les masses laborieuses pneumatiques ! Le caoutchouc en a gros sur la gomme !

Marre d’être considéré comme la dernière roue du carrosse de la civilisation de la bagnole.

Pneu vous chaut, alliez-vous dire ?

Pourtant, réfléchissons-y un instant...

On s’apercevra vite à quel point la vie d’un pneu peut s’apparenter à un croisement entre l’esclavagisme et la torture.

A peine né, on le fait s’accoupler à une roue ou à une jante (et parfois les deux !). On lui introduit une valve par son orifice afin de lui balancer de l’air ou de l’azote. Ballonné, humilié, accouplé contre son gré, il va devoir avaler des kilomètres de bitume avec sur le dos un poids immense.


Par respect pour le lecteur, nous ne parlerons pas, ni des crevaisons, ni de l’horrible supplice moyenâgeux que constitue le rechapage.

Une fois vieux, usé jusqu’à sa fibre primordiale, on le jette, le balance dans une décharge ou pire on le brûle avec des centaines de ses congénères. De ces immenses autodafés émergent (à qui sait les entendre) les cris d’agonies pneumatiques où se mêlent souffrances, humiliations et appels à la vengeance. Dans le désert, personne ne va entendre un pneu crier, se lever et défier le monde des humains. C’est l’histoire de Rubber, le pneu meurtrier télépathe.


Voilà un long-métrage qui, par les temps qui courent, ne devrait même pas avoir le droit d’être fait. A des billions de kilomètres des modes, il dynamite autant les conventions que Goldorak explosaient la tronche des Golgoths venus prendre d’assaut la terre. Si l’on n’y verra pas de lasero-lames, ni de corno-fulgures, on y verra un pneu en long plan-séquence parcourir le désert afin d’assouvir la vengeance des siens.

On peut d’ailleurs se poser des questions sur la santé mentale du réalisateur qui ose nous pondre une histoire aussi branque, surtout qu’il n’en est pas à son premier essai si l’on se réfère à son précédent opus «Steak», considéré par beaucoup comme une merde intangible, mais par certains comme un film culte au charme tout particulier.

Bref, du cinoche singulier, à destination d’un petit groupe de personnes qui attendent autre chose qu’un énième remake poussiéreux ou qu’une comédie sentimentalo-branchouille.

Robert ( donnons ce nom à notre pneu ) écrase des insectes, Rubber explose des têtes, Rubber prend une douche, Rubber regarde la télé, Rubber n’a pas de rapports sexuels, mais il aimerait sans doute cela. Son activité trépidante (n’est-il pas ?) est scrutée à la jumelle par un groupe d’humains au milieu de nulle part, dont on ne sait rien, dont on ne sait pas pourquoi ils font cela et qui ravagés par la faim se verront offrir un met empoisonné afin de mettre fin à cette intrigue. Pourquoi ? Aucune raison.

Aucune raison de faire ce film, aucune raison de le regarder, aucune raison à l’univers, aucune raison tout court. C’est le charme de Rubber.

Nonsensique dans l’acception anglo-saxonne du terme, on se croirait devant une bafouille des monty pythons. Un peu comme ce sketch où une race de yaourts extra-terrestres transformaient les anglais en écossais afin de gagner le tournoi de tennis de Wimbledon, Rubber n’a aucun sens en soi.


Nanti de quelques dialogues savoureux pour qui aime le énième degré, d’acteurs étonnants desquels émergent la trogne de Wings Hauser, bien loin de son rôle dans... «les feux de l’amour» ! (série horrifique pour mamies sédentaires).

On pourra néanmoins noter une longueur un peu trop importante du métrage, qui aurait donc gagné à être plus resserré (mais alors ce serait un moyen-métrage, impossible à sortir en salle) qui amène le réalisateur à multiplier quelques séquences qui se ressemblent. Mais aussi, une introduction peu utile dans sa volonté d’expliquer ce qui, justement, n’a pas besoin de l’être.

Un dernier mot pour dire que Rubber ne plaira pas à tout le monde, il n’en a ni l’envie, ni la prétention. Non pas que ceux qui ne l’aimeront pas soit des gens méprisables, loin s’en faut, mais il fait partie de ces films qui ne ciblent pas un public large comme tant d’autres. On l’aimera ou le détestera, mais on aura du mal à le trouver moyen ou banal.

Rubber n’est pas en toc, ni en plastoc, ce n’est pas du cinéma caoutchouteux, mais du cinéma singulier, unique et un vrai plaisir pour cinéphage à la recherche de «l’ofniesque» sur pellicule.

NB : Rubber n’a aucun sens, comme cette chronique 


On ne saurait trop que conseillé la vision du court-métrage «Non-film» disponible dans l’édition collector . Mise en abîme improbable du tournage d’un film. Nonsensique jusqu’au bout des ongles.  

Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.horreur.com/fr/rubber-rubber-2010-film

http://www.strange-movies.com/critique-rubber.html

lundi 5 avril 2021

La lama nel corpo - Les nuits de l'épouvante - Elio Scardamaglia - 1966




 Une jeune infirmière est engagée dans un hôpital psychiatrique où des agressions nocturnes se succèdent. Le propriétaire de l'établissement essaie de dissimuler les cadavres ce qui lui vaut de subir le chantage d'un témoin. Et un personnage mystérieux se cache dans les combles.


Mélange iconoclaste entre le ghotique et le giallo, La lama nel corpo ( au passage, bravo pour le titre français !) est l'un des rares exemples de ce type de mixité, citons par exemple les deux films d'Antonio Margheriti, le réussi « Contranatura » en 1969 et le moins réussi« Les diablesses » en 1973, l'ennuyeux «Les poupées de Satan » en 1969 ou encore le patchwork que constitue le sympathique « La mort a souri à l'assassin » de Joe d'Amato en 1973,


Malgré certains aspects intéressants et même légèrement impressionnants , le film s'avère être une concoction un tantinet tiédasse de la seule réalisation d'Elio Scardamaglia.


Du côté positif, nous avons les décors intérieurs de ce vieux manoirs dont on imagine sans peine les coins et les recoins où pourraient se cacher d’ignominieuses choses, une jolie photographie « Bavienne » d'ensemble et des acteurs de qualités, notamment la sévère et atrabilaire ( dans ses films en Italie du moins) Harriet Medin, véritable figure du cinéma bis transalpin avec des rôles dans « 6 femmes pour l'assassin », « Les trois visages de la peur » ou « L'horrible secret du professeur Hichcock »,



Malheureusement, le film a quelques soucis, notamment au niveau scénaristique (toutes mes excuses M, Ernesto Gastaldi) où l'action a bien du mal à se renouveler et où les principales actions des acteurs et actrices consistent à déambuler et à se mouvoir dans et autour du manoir dans un but que l'on a bien du mal à comprendre, mais enfin peut-être aiment-ils la marche ? Qui sait ?


Évidemment le très faible budget que l'on imagine ne permet pas non plus d'avoir un perçu cohérent de ce qui devrait normalement se passer dans ce type de clinique et les patients sont réduits à une tout petite poignée (une poignée de lépreux même), un homme qui dort, un autre qui a des accès de violence un femme âgée qui caresse un chat qui à l'air empaillé et…. c'est tout.


Quelques péripéties tirées par les cheveux comme l'histoire avec le cocher et une histoire d'amour assez ridicule entre le médecin et l’infirmière, des meurtres presque sans effusion de sang et un érotisme plus light qu'un soda light ( évidemment en 1966 et en Italie, inutile de dire que la censure veillait au grain) achèvent tout de même de plomber assez une intrigue qui n'en demandait pas tant.


Pas déplaisant, pas palpitant non plus, intriguant par sa volonté de prendre pour cadre le 19ème siècle dans un giallo, La lama nel ccorpo se suit sans déplaisir pour peu que l'on soit à même de l'envisager comme il se doit, c'est à dire un film fauché mais qui mérite le coup d’œil n serait-ce que pour sa rareté et son éclectisme (et éclectisme j'en ai fait au lycée, je sais) du moins si vous arrivez à le voir car pas facile à trouver.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/591-nuits-de-lepouvante-les

samedi 3 avril 2021

Slave Girls - Les Femmes Préhistoriques - Michael Carreras – 1968




 

La préhistoire : les livres ne disent pas la vérité.


Dans la jungle, l'éclaireur David Marchand est kidnappé par une tribu de natifs qui veulent le donner en sacrifice à leur roi, un rhinocéros blanc. Au moment d'être tué, il est projeté en arrière dans le temps, une époque où le royaume était dirigé par des brunes dotées d'esclaves blondes. David rejette les avances de la reine Kari (le con !) et de ses acolytes et se retrouve enfermé dans un donjon.

Oubliez tout ce que vous croyiez savoir sur la préhistoire ! On nous ment, on nous spolie depuis trop longtemps !

Heureusement Michael Carreras (l’un des big boss de la Hammer films) nous dévoila enfin la vérité à la fin des années 60, sans que cela n’ait eu malheureusement, la moindre incidence sur les livres d’histoires. Et c’est honteux !

La préhistoire était donc peuplée de bombasses sur pattes, habillées de manière suggestive en simili peaux de bêtes, à la poitrine généreuse, à la dentition blanche et parfaite, épilées de frais, exécutant des danses lascives pour un oui, pour un non et cherchant à se taper le moindre aventurier venu.

Les brunes maintenaient les blondes en esclavage (une bonne chose), mais également les hommes, ce qui, vu les conditions ne semble pas la pire des choses, le genre d’endroit fort agréable pour finir ses vieux jours. Avec comme directrice la ravissante Martine Beswick ; je signe tout de suite !

Scénario débile (et je suis poli), chute de rythme toutes les cinq minutes chrono, décors d’une affligeante pauvreté (carton pâte et végétations douteuses), dialogues ringards (« C’est la cruauté qui m’a rendue cruelle » sic). Michael Carreras en bon producteur sait qu’il n’y a rien à tirer du film en soi, il mise tout sur les donzelles et l’érotisme (soft, ce sont les années 60) qu’elles apportent. Danses lascives, gentillet frotti-frotta, décolletés plongeants, dizaines d’actrices sexys (des premiers aux derniers rôles), scènes de bain, etc.

Tout cela ayant quand même bien vieilli, on s’ennuie ferme. L’amateur ou amatrice de films d’aventures de cette époque risque même de tirer la gueule. Reste une nostalgique fragrance de «  dernière séance » et le souvenir de sculpturales beautés perdues dans les temps immémoriaux.


The Vengeance Of She - La Déesse Des Sables - Cliff Owen – 1968




 

Voir Olga et mourir.


Trois ans après le succès commercial de « La déesse de feu «, la Hammer remet le couvert pour « She ».


Carol est en proie à des hallucinations alors qu'elle se trouve dans un yacht. Pendant ce temps, à Khuma, une étrange cité, les habitants sont avertis par les prêtres qu'une jeune femme va les rejoindre. Carol est en effet attirée par des voix et les suit dans le désert. Le jeune Philip la suit aussitôt. Le couple est attaqué par des pillards, mais parvient à Khuma.

On remplace Ursula Andress par Olinka Berova (de son vrai nom Olga Schoberová) et on n’y perd pas franchement au change.

Blonde opulente au physique « valkyrien » ayant posé pour Playboy et à la carrière météoritique (citons « Lucrezia Borgia, l'amante del diavolo » en 1968, « Les nuits érotiques de Poppée » en 1969) au grand dam de ses admirateurs érotomanes et franchement on les comprend ! Le genre de personne dont a bien du mal à penser à la forme...de son cerveau et à qui on pardonne volontiers son jeu fade et sans aspérités (les aspérités se trouvant ailleurs...).

Le film en lui-même se scinde en deux parties assez distinctes, la (courte) première est fort sympathique et s’ouvre sur la sublime Carol marchant sur une route sinueuse de la côte d’azur, sous l’emprise hypnotique des mages de Khuma. Elle se fait ramasser par un chauffeur routier qui va tenter de la violer avant de mourir écrasé par son propre camion.

On la verra ensuite sortir de l’eau en maillot de bain, telle une naïade antique sortant des flots. Un régal pour les sens.

Las, le film se révèle par la suite n’être qu’un fade remake de son prédécesseur. Rythme mou, scénario faussement mystique, acteurs de seconde zone qui font ce qu’ils peuvent, décors réussis, mais très «  carton-pâte ».

Les ennuyeuses alliances, manipulations du palais de Khuma ne sont que prétexte à nous montrer la belle dans des tenues toutes plus suggestives les unes que les autres, notamment dans une scène de bain qui fit le tour du monde.


Chronique d'ici ou d'ailleurs :

http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/2011/11/la-deesse-des-sables-vengeance-of-she.html


Olga Schoberova :



vendredi 2 avril 2021

The Devil Rides Out – Les Vierges de Satan – Terence Fisher – 1968

 



The Fisher Rides out. 


Antépénultième film de Terence Fisher d’après un roman de Dennis Wheatley ayant eu un colossal succès outre-Manche et scénarisé par le grand écrivain fantastique Richard Matheson (« Je suis une légende », « l’homme qui rétrécit », « La maison des damnés » entre autres petites choses).


Angleterre, 1920 : le Duc de Richleau, démonologue émérite, soupçonne que son ami Simon et la jeune Tanith sont tombés sous la coupe d’une secte de satanistes dirigée par Mocata. Il en a la confirmation au cours d’une orgie démoniaque rendant un culte au Bouc de Mendès. Il enlève Simon et Thanit, mais Mocata (le frère de Tocata ?) les retrouve.

Passons rapidement sur le titre français assez couillon (pas de vierges à l’horizon, les pervers vous pouvez vous rasseoir dans le fond). 

Probablement le dernier grand film de Fisher, qui une fois de plus, met en scène la lutte éternelle du Bien contre le Mal. Sauf que cette fois-ci, il n’use pas de « l’artifice » du monstre (Dracula ou Frankenstein) pour en brosser le portrait. En cela, on peut considérer que c’est une oeuvre unique dans la carrière du metteur en scène.

On peut constater que sa mise en scène se fait extrêmement dépouillée (ce sera encore plus le cas dans ses deux derniers films et en particulier dans l’ultime « Frankenstein et le Monstre de l'enfer »). Dépouillée, car il se met totalement au service de l’histoire et de ses acteurs sans artifices de façade (l’impression que chaque mouvement de caméra est pesé et pensé), et toujours doté d’un sens du montage incomparable.

Diablement percutant, réussissant à ne jamais sombrer dans le ridicule (et avec un tel sujet c’est évidemment loin d’être évident), ni dans le second degré humoristique et encore moins dans le grand-guignolesque, « Les vierges de Satan » repose sur une petite merveille de scénario à la fois rythmé, prenant, tendu, allant même (lors d’une somptueuse et longue scène à l’intérieur d’un pentacle destiné à protéger Christopher Lee et ses amis) jusqu' à une forme d’effroi viscéral. 

Christopher Lee illumine l’écran de tout son talent, dans un rôle qui lui tenait apparemment à coeur (étant lui-même très cultivé dans le domaine de l’occultisme). Pour une fois du côté du Bien, il livre un combat physique et mental contre le Mal et ses sbires emmenés par un impressionnant acteur au regard d’un bleu démoniaque : Charles Gray (le criminologiste qui introduit l’histoire dans «  The rocky horror picture show » notamment). 

Les rituels et cérémonies démoniaques seraient (dit-on) authentiques, en tout cas, elles transpirent le sérieux à l’écran 

Deux grands acteurs au service d’un scénario en bois d’ébène et servi par une mise en scène de grande qualité, cela donne un excellent film que l’on a plaisir à voir et à revoir. 

Peut-être le dernier (très) grand Hammer.

Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

http://cinemafantastique.net/Vierges-de-Satan-Les.html

http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/2015/03/les-vierges-de-satan-devil-rides-out.html