samedi 14 août 2021

The Lost Continent - Le Peuple Des Abîmes - Michael Carreras - 1969

 



Et Carreras se mit à la drogue.

Voilà un bien étrange film qui, s’il est loin d’être une merveille (très loin), possède quelques séquences dans sa seconde partie, absolument étonnantes, pour ne pas dire surprenantes. 

Un bateau à vapeur transportant des explosifs (du Phosphore B qui explose au contact de l’eau) et quelques passagers de milieux différents, navigue dans la mer des Sargasses où il rencontre de monstrueux crabes, de curieuses algues et une société bâtie par les survivants du naufrage d'un navire Espagnol partit à la conquête du nouveau monde...

La première partie nous convie à une sorte de resucée sans argent des révoltés du Bounty. Maquettes de navire flottant dans une piscine pour les extérieurs, stéréotypies des personnalités, magouilles, trahisons, capitaine dur comme l’acier, chantage, parties de jambes en l’air et enfin révolte de l’équipage qui préfère quitter le navire à l’approche d’une tempête. 

Ceux qui restent vont vivre une aventure qui dépaaaaaaaaasse l’imagination.

Poussés par la tempête, ils échouent sur l’île des Sargasses où ils découvrent non seulement une secte aux mains d’un enfant et d’une sorte d’inquisiteur fou (pléonasme) mais aussi et surtout un délire visuel dû à l’abus de psychotropes ou à l’univers d’Egard Rice Burrugoughs sous acides. 

Attaqués par des algues carnivores (ben quoi ?) dont la mer est remplie, les descendants des survivants espagnols se déplacent avec de grosses raquettes aux pieds (pour ne pas se faire becqueter) et munis de deux gros ballons que l’on imagine gonflés à l’hélium (pour ne pas s’enfoncer dans l’eau). C’est assez ridicule certes, mais d’une part c’est follement cocasse, de deux c’est du jamais vu au cinéma et de trois c’est quand même pas con comme invention !

Sur ce continent on croise aussi des mollusques vilains, des scorpions en caoutchouc et un « homme-octopode » (à défaut de lui trouver un nom).  

Quoi qu’il en soit et contre toute attente, la dernière demi-heure est très plaisante à suivre, le réalisateur et ses acolytes arrivant à créer un vrai climat poisseux et glauque, notamment lors des séquences se déroulant à l’intérieur du galion échoué.

Si l’on n’échappera pas à un happy-end bien dans la tradition, le clou du spectacle restera le sort réservé aux prisonniers de l’inquisition. Jetés dans la bouche d’un monstre souterrain qui ressemble à un vagin denté (Freud, si tu nous entends…) et qui ressemble étrangement au monstre situé dans le désert de Sarlacc de «Le retour du Jedi». Monsieur Lucas, ce n’est pas beau de copier !


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1149-peuple-des-abimes-le

https://www.lefilmetaitpresqueparfait.fr/2020/04/le-peuple-des-abimes-1968.html



jeudi 22 juillet 2021

Frankenstein Must Be Destroyed - Le Retour De Frankenstein - Terence Fisher – 1969





 

Fisher must be resuscitated.


Le baron Frankenstein continue ses expériences : « aidé » du jeune docteur Karl et de sa fiancée Anna, il crée un nouveau monstre avec le cerveau malade d'un spécialiste des transplantations.


Quatrième opus « Fishérien » des aventures du baron Frankenstein, et quatrième manière différente de les mettre en scène.

Le personnage, toujours joué par Peter Cushing évolue de manière presque naturelle au fur et à mesure de ses échecs et de ses réussites. Après avoir été décrit comme un chercheur un peu fou, un scientifique incompris et un génie du mal, le personnage devient ici un vrai monstre.

Si dans les trois premiers opus on pouvait aisément avoir une certaine forme de sympathie pour lui et ce malgré ses expériences sanglantes et les meurtres perpétrés, il n’en sera pas de même dans ce métrage de 1969.

Plus le baron échoue dans ses tentatives de recréer la vie, plus il en devient inhumain dans ses relations à autrui et plus il devient l’esclave de ses recherches.

Chantage, enlèvement, meurtre et même viol ! Tout sera bon pour arriver à ses fins.

Fisher et son scénariste s’éloignent encore plus du roman d’origine en centrant totalement l’intrigue sur le scientifique, la créature n’étant qu’un moyen de nous montrer ses agissements. D’ailleurs, la représentation de cette dernière n’a plus rien d’inhumaine, l’inhumain étant véritablement et intégralement Frankenstein.

1968 étant passé par là et ayant fait largement évoluer les moeurs, celles-ci se répercutant inévitablement dans le cinéma de la Hammer. Plus sanglant (et même «  Grand-Guignol » dans le prologue), plus osé (la fameuse séquence du viol qui, deux ans auparavant, n’aurait jamais été possible), le métrage est également parfois plus cru dans sa représentation graphique.

Nouvelle parabole sur le mal qui n’est que l’apanage de l’homme et non pas de forces démoniaques, « Le retour de Frankenstein » reste 40 ans après sa sortie, un film étonnamment moderne dans sa conception et dans son propos. Fisher atteint ici un des sommets de sa carrière, que ce soit d’un strict point de vue de la mise en scène (toujours au service de son intrigue, sans en rajouter dans le clinquant et l’effet de style facile), de la photographie, d’un scénario qui procure quelques séquences «  Hitchcockiennes » de forte tension (la fuite d’eau dans le jardin, le prologue), des dialogues et d’un jeu d’acteurs où la volonté d’un Peter Cushing n’a d’égale que la beauté et la fragilité de Veronica Carlson (sublime dans des costumes qui mettent en valeur toute sa volupté).

Le réalisateur déclara que ce « Frankenstein must be destroyed » était son second film le plus abouti (après «  Le cauchemar de Dracula »). A sa vision, on ne peut que lui donner raison.

Remarquable.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs ;

https://www.devildead.com/review/934/frankenstein-must-be-destroyed-le-retour-de-frankenstein

https://tortillapolis.com/critique-film-le-retour-de-frankenstein-terence-fisher-1969/



mardi 20 juillet 2021

Dracula Has Risen From The Grave - Dracula Et Les Femmes - Freddie Francis - 1968




 Quand Dracula succombe à Veronica. 

Un village d'Europe Centrale vit encore dans la terreur du vampirisme depuis qu'une jeune femme fut découverte exsangue dans le clocher de son église. Une année passe après que Dracula ait été anéanti et Monseigneur Muller, en visite de routine, constate que les paroissiens persistent à déserter le lieu de culte. 

Décidé à combattre les superstitions, il entreprend d'exorciser le château du vampire, accompagné du prêtre local, à la foi faiblissante. En chemin, ce dernier, épuisé, se laisse distancer et, suite à une frayeur, fait une chute bénigne, causant un flot de sang qui atteint les lèvres de Dracula, emprisonné dans la glace du torrent.

Troisième incursion de la Hammer ayant pour personnage principal le comte Dracula, mais qui voit Terence Fisher ne plus être aux commandes (il ne le sera d’ailleurs plus jamais) et cela marque à l’évidence un tournant dans la représentation du célèbre prince des ténèbres.

A partir de cet opus, Dracula va «  s’humaniser ». Fini la créature uniquement guidée par son instinct, par son animalité, il sera dorénavant soumis à des considérations et des travers qui guident la vie des hommes. En l’occurrence ici, le désir et la vengeance contre l’archevêque, coupable d’avoir placé une immense croix sur la porte de son château. Le film tourne entièrement autour de cette vengeance et plus autour de l’inextinguible soif de sang de comte.

En quelque sorte Freddie Francis casse le mythe « Fishérien » du Dracula instinctif pour le remplacer par une autre vision de celui-ci, plus inséré dans la société, plus charmeur, plus « violent » et plus érotique aussi.

L’autre grand changement par rapport aux deux précédents opus se situe au niveau de la violence graphique, due au tournant que marque l’année 1968 sur les moeurs, la censure et le cinéma d’horreur. Avec «  Rosemary’s baby » et surtout « La nuit des morts-vivants », le cinéma d’épouvante ne sera plus l’apanage quasi unique de la Hammer.

Dès ce métrage, le sanguinolent et le gore vont faire leurs véritables apparitions dans les productions de la firme, l’érotisme sera de moins en moins suggestif aussi. 

La scène d’ouverture en est d’ailleurs significative et donne le ton de ce qui va suivre. Une femme est retrouvée morte, vidée de son sang, à l’intérieur de la grande cloche d’une église. La représentation visuelle des effets sanglants sera au diapason (pieu enfoncé dans le coeur avec geyser de sang, mort du comte empalé sur une croix avec force plan sur la plaie béante etc.), l’érotisme lors des scènes de morsure est renforcé (et par là même perd de sa suggestion ?). Voir la magnifique séquence  où Christopher Lee parcourt la nuque et les lèvres de la sublime Veronica Carlson avant de la mordre, celle-ci se pâmant comme rarement dans des positions et des moues qui en disent long.  

Si, le scénario est d’une pauvreté affligeante et recèle une énorme ficelle à sa base (mais pourquoi Dracula ne fait-il pas enlever la croix qui barre l’entrée de son château par un de ses serviteurs ? Ca irait plus vite, non ?), le métrage est magnifique que ce soit dans ses décors ou dans sa photographie (Francis étant tout de même un grand chef opérateur). Il est tout autant réussi dans sa description des personnages principaux et secondaires. Il possède aussi l’atout non négligeable, outre la présence de Christopher Lee, de nous faire découvrir Veronica Carlson, dont la beauté et le charisme feront battre bien des coeurs.

Plastiquement irréprochable (et même «  novateur » pour la Hammer, au travers de l’utilisation de filtres rouges et jaunes, lors des apparitions de Dracula), plus sanglant, plus érotique, doté d’acteurs convaincants, «  Dracula et les femmes » reste pourtant inférieur au diptyque « Fishérien ». La série des Dracula continuera pratiquement jusqu’à la fin des productions Hammer et ce jusqu’à épuisement. 



mercredi 9 juin 2021

Blood Suckers from Outer Space - Glen Coburn - 1984



 

Les habitants d'une petite ville du Texas se retrouvent menacés par une invasion d'extraterrestres qui prennent possession de leur corps les uns après les autres.

Évidemment avec un tel pitch, un tel titre, un budget ridicule, des acteurs amateurs et un réalisateur qui n’a pas du faire grand-chose, ni avant, ni après ( et merci mon Dieu ! ), on ne pouvait s’attendre qu’à un très mauvais film. Tuons tout de suite l’insoutenable suspense, c’est le cas de A à Z. Dialogues débiles, séquences débiles, acteurs et actrices mauvais, filmé avec les pieds, doté d’un scénario rédigé probablement en hommage aux antidépresseurs. On en finit pas d’attendre la fin du film qui pourtant ne fait qu’une heure et quart.

Bon, il y a quand même des trucs rigolos, les maquillages des zombies par exemple qui sont bleus certainement en hommage à ceux du Zombie du grand George. Il y a aussi la manière dont le réalisateur tente de donner du rythme à son film en multipliant les plans fixes en montage rapide. Du coup, on ne comprend plus rien à ce qu’il veut nous montrer mais au moins c’est délassant et on peut quand même saluer sa louable volonté. La fin est, elle, très romantique vu que ça se termine sur un coucher de soleil ( oh ! ah ! c’est beau ! ).

En parlant de romantisme, on se quittera sur ce dialogue qui à lui seul prouve toute la finesse du propos.


Le héros et sa copine sont dans une voiture :

Le héros : Rapproche toi un peu...

La copine du héros: Je ne peux pas, le levier de vitesse m'en empêche!

Le héros ... ce n'est pas le levier de vitesse!

Beau comme une éclipse solaire sans lunettes de protection.

Sorti en VHS sous le titre elliptique de « suceurs de sang »

mercredi 7 avril 2021

Rubber - Rubber - Quentin Dupieux - 2010




 

Rubber Killer

Aujourd’hui, nous vous invitons à Suivre l’odyssée singulière d’un pneu psychopathe et télépathe.

Tel Ulysse au prise avec les dieux de l’Olympe, Rubber vous mettra en contact avec la rébellion pneumatique. Trouvera-t-il sa Pénélope ?

Etes-vous prêt à mettre la gomme et à regarder un slasher avec un pneu dans le rôle du méchant ?


Dans le désert californien, des spectateurs incrédules assistent aux aventures d'un pneu tueur et télépathe, mystérieusement attiré par une jolie jeune fille. Une enquête commence.

Amis, amies humains, l’heure est grave ! La colère gronde chez les masses laborieuses pneumatiques ! Le caoutchouc en a gros sur la gomme !

Marre d’être considéré comme la dernière roue du carrosse de la civilisation de la bagnole.

Pneu vous chaut, alliez-vous dire ?

Pourtant, réfléchissons-y un instant...

On s’apercevra vite à quel point la vie d’un pneu peut s’apparenter à un croisement entre l’esclavagisme et la torture.

A peine né, on le fait s’accoupler à une roue ou à une jante (et parfois les deux !). On lui introduit une valve par son orifice afin de lui balancer de l’air ou de l’azote. Ballonné, humilié, accouplé contre son gré, il va devoir avaler des kilomètres de bitume avec sur le dos un poids immense.


Par respect pour le lecteur, nous ne parlerons pas, ni des crevaisons, ni de l’horrible supplice moyenâgeux que constitue le rechapage.

Une fois vieux, usé jusqu’à sa fibre primordiale, on le jette, le balance dans une décharge ou pire on le brûle avec des centaines de ses congénères. De ces immenses autodafés émergent (à qui sait les entendre) les cris d’agonies pneumatiques où se mêlent souffrances, humiliations et appels à la vengeance. Dans le désert, personne ne va entendre un pneu crier, se lever et défier le monde des humains. C’est l’histoire de Rubber, le pneu meurtrier télépathe.


Voilà un long-métrage qui, par les temps qui courent, ne devrait même pas avoir le droit d’être fait. A des billions de kilomètres des modes, il dynamite autant les conventions que Goldorak explosaient la tronche des Golgoths venus prendre d’assaut la terre. Si l’on n’y verra pas de lasero-lames, ni de corno-fulgures, on y verra un pneu en long plan-séquence parcourir le désert afin d’assouvir la vengeance des siens.

On peut d’ailleurs se poser des questions sur la santé mentale du réalisateur qui ose nous pondre une histoire aussi branque, surtout qu’il n’en est pas à son premier essai si l’on se réfère à son précédent opus «Steak», considéré par beaucoup comme une merde intangible, mais par certains comme un film culte au charme tout particulier.

Bref, du cinoche singulier, à destination d’un petit groupe de personnes qui attendent autre chose qu’un énième remake poussiéreux ou qu’une comédie sentimentalo-branchouille.

Robert ( donnons ce nom à notre pneu ) écrase des insectes, Rubber explose des têtes, Rubber prend une douche, Rubber regarde la télé, Rubber n’a pas de rapports sexuels, mais il aimerait sans doute cela. Son activité trépidante (n’est-il pas ?) est scrutée à la jumelle par un groupe d’humains au milieu de nulle part, dont on ne sait rien, dont on ne sait pas pourquoi ils font cela et qui ravagés par la faim se verront offrir un met empoisonné afin de mettre fin à cette intrigue. Pourquoi ? Aucune raison.

Aucune raison de faire ce film, aucune raison de le regarder, aucune raison à l’univers, aucune raison tout court. C’est le charme de Rubber.

Nonsensique dans l’acception anglo-saxonne du terme, on se croirait devant une bafouille des monty pythons. Un peu comme ce sketch où une race de yaourts extra-terrestres transformaient les anglais en écossais afin de gagner le tournoi de tennis de Wimbledon, Rubber n’a aucun sens en soi.


Nanti de quelques dialogues savoureux pour qui aime le énième degré, d’acteurs étonnants desquels émergent la trogne de Wings Hauser, bien loin de son rôle dans... «les feux de l’amour» ! (série horrifique pour mamies sédentaires).

On pourra néanmoins noter une longueur un peu trop importante du métrage, qui aurait donc gagné à être plus resserré (mais alors ce serait un moyen-métrage, impossible à sortir en salle) qui amène le réalisateur à multiplier quelques séquences qui se ressemblent. Mais aussi, une introduction peu utile dans sa volonté d’expliquer ce qui, justement, n’a pas besoin de l’être.

Un dernier mot pour dire que Rubber ne plaira pas à tout le monde, il n’en a ni l’envie, ni la prétention. Non pas que ceux qui ne l’aimeront pas soit des gens méprisables, loin s’en faut, mais il fait partie de ces films qui ne ciblent pas un public large comme tant d’autres. On l’aimera ou le détestera, mais on aura du mal à le trouver moyen ou banal.

Rubber n’est pas en toc, ni en plastoc, ce n’est pas du cinéma caoutchouteux, mais du cinéma singulier, unique et un vrai plaisir pour cinéphage à la recherche de «l’ofniesque» sur pellicule.

NB : Rubber n’a aucun sens, comme cette chronique 


On ne saurait trop que conseillé la vision du court-métrage «Non-film» disponible dans l’édition collector . Mise en abîme improbable du tournage d’un film. Nonsensique jusqu’au bout des ongles.  

Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.horreur.com/fr/rubber-rubber-2010-film

http://www.strange-movies.com/critique-rubber.html

lundi 5 avril 2021

La lama nel corpo - Les nuits de l'épouvante - Elio Scardamaglia - 1966




 Une jeune infirmière est engagée dans un hôpital psychiatrique où des agressions nocturnes se succèdent. Le propriétaire de l'établissement essaie de dissimuler les cadavres ce qui lui vaut de subir le chantage d'un témoin. Et un personnage mystérieux se cache dans les combles.


Mélange iconoclaste entre le ghotique et le giallo, La lama nel corpo ( au passage, bravo pour le titre français !) est l'un des rares exemples de ce type de mixité, citons par exemple les deux films d'Antonio Margheriti, le réussi « Contranatura » en 1969 et le moins réussi« Les diablesses » en 1973, l'ennuyeux «Les poupées de Satan » en 1969 ou encore le patchwork que constitue le sympathique « La mort a souri à l'assassin » de Joe d'Amato en 1973,


Malgré certains aspects intéressants et même légèrement impressionnants , le film s'avère être une concoction un tantinet tiédasse de la seule réalisation d'Elio Scardamaglia.


Du côté positif, nous avons les décors intérieurs de ce vieux manoirs dont on imagine sans peine les coins et les recoins où pourraient se cacher d’ignominieuses choses, une jolie photographie « Bavienne » d'ensemble et des acteurs de qualités, notamment la sévère et atrabilaire ( dans ses films en Italie du moins) Harriet Medin, véritable figure du cinéma bis transalpin avec des rôles dans « 6 femmes pour l'assassin », « Les trois visages de la peur » ou « L'horrible secret du professeur Hichcock »,



Malheureusement, le film a quelques soucis, notamment au niveau scénaristique (toutes mes excuses M, Ernesto Gastaldi) où l'action a bien du mal à se renouveler et où les principales actions des acteurs et actrices consistent à déambuler et à se mouvoir dans et autour du manoir dans un but que l'on a bien du mal à comprendre, mais enfin peut-être aiment-ils la marche ? Qui sait ?


Évidemment le très faible budget que l'on imagine ne permet pas non plus d'avoir un perçu cohérent de ce qui devrait normalement se passer dans ce type de clinique et les patients sont réduits à une tout petite poignée (une poignée de lépreux même), un homme qui dort, un autre qui a des accès de violence un femme âgée qui caresse un chat qui à l'air empaillé et…. c'est tout.


Quelques péripéties tirées par les cheveux comme l'histoire avec le cocher et une histoire d'amour assez ridicule entre le médecin et l’infirmière, des meurtres presque sans effusion de sang et un érotisme plus light qu'un soda light ( évidemment en 1966 et en Italie, inutile de dire que la censure veillait au grain) achèvent tout de même de plomber assez une intrigue qui n'en demandait pas tant.


Pas déplaisant, pas palpitant non plus, intriguant par sa volonté de prendre pour cadre le 19ème siècle dans un giallo, La lama nel ccorpo se suit sans déplaisir pour peu que l'on soit à même de l'envisager comme il se doit, c'est à dire un film fauché mais qui mérite le coup d’œil n serait-ce que pour sa rareté et son éclectisme (et éclectisme j'en ai fait au lycée, je sais) du moins si vous arrivez à le voir car pas facile à trouver.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/591-nuits-de-lepouvante-les

samedi 3 avril 2021

Slave Girls - Les Femmes Préhistoriques - Michael Carreras – 1968




 

La préhistoire : les livres ne disent pas la vérité.


Dans la jungle, l'éclaireur David Marchand est kidnappé par une tribu de natifs qui veulent le donner en sacrifice à leur roi, un rhinocéros blanc. Au moment d'être tué, il est projeté en arrière dans le temps, une époque où le royaume était dirigé par des brunes dotées d'esclaves blondes. David rejette les avances de la reine Kari (le con !) et de ses acolytes et se retrouve enfermé dans un donjon.

Oubliez tout ce que vous croyiez savoir sur la préhistoire ! On nous ment, on nous spolie depuis trop longtemps !

Heureusement Michael Carreras (l’un des big boss de la Hammer films) nous dévoila enfin la vérité à la fin des années 60, sans que cela n’ait eu malheureusement, la moindre incidence sur les livres d’histoires. Et c’est honteux !

La préhistoire était donc peuplée de bombasses sur pattes, habillées de manière suggestive en simili peaux de bêtes, à la poitrine généreuse, à la dentition blanche et parfaite, épilées de frais, exécutant des danses lascives pour un oui, pour un non et cherchant à se taper le moindre aventurier venu.

Les brunes maintenaient les blondes en esclavage (une bonne chose), mais également les hommes, ce qui, vu les conditions ne semble pas la pire des choses, le genre d’endroit fort agréable pour finir ses vieux jours. Avec comme directrice la ravissante Martine Beswick ; je signe tout de suite !

Scénario débile (et je suis poli), chute de rythme toutes les cinq minutes chrono, décors d’une affligeante pauvreté (carton pâte et végétations douteuses), dialogues ringards (« C’est la cruauté qui m’a rendue cruelle » sic). Michael Carreras en bon producteur sait qu’il n’y a rien à tirer du film en soi, il mise tout sur les donzelles et l’érotisme (soft, ce sont les années 60) qu’elles apportent. Danses lascives, gentillet frotti-frotta, décolletés plongeants, dizaines d’actrices sexys (des premiers aux derniers rôles), scènes de bain, etc.

Tout cela ayant quand même bien vieilli, on s’ennuie ferme. L’amateur ou amatrice de films d’aventures de cette époque risque même de tirer la gueule. Reste une nostalgique fragrance de «  dernière séance » et le souvenir de sculpturales beautés perdues dans les temps immémoriaux.


The Vengeance Of She - La Déesse Des Sables - Cliff Owen – 1968




 

Voir Olga et mourir.


Trois ans après le succès commercial de « La déesse de feu «, la Hammer remet le couvert pour « She ».


Carol est en proie à des hallucinations alors qu'elle se trouve dans un yacht. Pendant ce temps, à Khuma, une étrange cité, les habitants sont avertis par les prêtres qu'une jeune femme va les rejoindre. Carol est en effet attirée par des voix et les suit dans le désert. Le jeune Philip la suit aussitôt. Le couple est attaqué par des pillards, mais parvient à Khuma.

On remplace Ursula Andress par Olinka Berova (de son vrai nom Olga Schoberová) et on n’y perd pas franchement au change.

Blonde opulente au physique « valkyrien » ayant posé pour Playboy et à la carrière météoritique (citons « Lucrezia Borgia, l'amante del diavolo » en 1968, « Les nuits érotiques de Poppée » en 1969) au grand dam de ses admirateurs érotomanes et franchement on les comprend ! Le genre de personne dont a bien du mal à penser à la forme...de son cerveau et à qui on pardonne volontiers son jeu fade et sans aspérités (les aspérités se trouvant ailleurs...).

Le film en lui-même se scinde en deux parties assez distinctes, la (courte) première est fort sympathique et s’ouvre sur la sublime Carol marchant sur une route sinueuse de la côte d’azur, sous l’emprise hypnotique des mages de Khuma. Elle se fait ramasser par un chauffeur routier qui va tenter de la violer avant de mourir écrasé par son propre camion.

On la verra ensuite sortir de l’eau en maillot de bain, telle une naïade antique sortant des flots. Un régal pour les sens.

Las, le film se révèle par la suite n’être qu’un fade remake de son prédécesseur. Rythme mou, scénario faussement mystique, acteurs de seconde zone qui font ce qu’ils peuvent, décors réussis, mais très «  carton-pâte ».

Les ennuyeuses alliances, manipulations du palais de Khuma ne sont que prétexte à nous montrer la belle dans des tenues toutes plus suggestives les unes que les autres, notamment dans une scène de bain qui fit le tour du monde.


Chronique d'ici ou d'ailleurs :

http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/2011/11/la-deesse-des-sables-vengeance-of-she.html


Olga Schoberova :



vendredi 2 avril 2021

The Devil Rides Out – Les Vierges de Satan – Terence Fisher – 1968

 



The Fisher Rides out. 


Antépénultième film de Terence Fisher d’après un roman de Dennis Wheatley ayant eu un colossal succès outre-Manche et scénarisé par le grand écrivain fantastique Richard Matheson (« Je suis une légende », « l’homme qui rétrécit », « La maison des damnés » entre autres petites choses).


Angleterre, 1920 : le Duc de Richleau, démonologue émérite, soupçonne que son ami Simon et la jeune Tanith sont tombés sous la coupe d’une secte de satanistes dirigée par Mocata. Il en a la confirmation au cours d’une orgie démoniaque rendant un culte au Bouc de Mendès. Il enlève Simon et Thanit, mais Mocata (le frère de Tocata ?) les retrouve.

Passons rapidement sur le titre français assez couillon (pas de vierges à l’horizon, les pervers vous pouvez vous rasseoir dans le fond). 

Probablement le dernier grand film de Fisher, qui une fois de plus, met en scène la lutte éternelle du Bien contre le Mal. Sauf que cette fois-ci, il n’use pas de « l’artifice » du monstre (Dracula ou Frankenstein) pour en brosser le portrait. En cela, on peut considérer que c’est une oeuvre unique dans la carrière du metteur en scène.

On peut constater que sa mise en scène se fait extrêmement dépouillée (ce sera encore plus le cas dans ses deux derniers films et en particulier dans l’ultime « Frankenstein et le Monstre de l'enfer »). Dépouillée, car il se met totalement au service de l’histoire et de ses acteurs sans artifices de façade (l’impression que chaque mouvement de caméra est pesé et pensé), et toujours doté d’un sens du montage incomparable.

Diablement percutant, réussissant à ne jamais sombrer dans le ridicule (et avec un tel sujet c’est évidemment loin d’être évident), ni dans le second degré humoristique et encore moins dans le grand-guignolesque, « Les vierges de Satan » repose sur une petite merveille de scénario à la fois rythmé, prenant, tendu, allant même (lors d’une somptueuse et longue scène à l’intérieur d’un pentacle destiné à protéger Christopher Lee et ses amis) jusqu' à une forme d’effroi viscéral. 

Christopher Lee illumine l’écran de tout son talent, dans un rôle qui lui tenait apparemment à coeur (étant lui-même très cultivé dans le domaine de l’occultisme). Pour une fois du côté du Bien, il livre un combat physique et mental contre le Mal et ses sbires emmenés par un impressionnant acteur au regard d’un bleu démoniaque : Charles Gray (le criminologiste qui introduit l’histoire dans «  The rocky horror picture show » notamment). 

Les rituels et cérémonies démoniaques seraient (dit-on) authentiques, en tout cas, elles transpirent le sérieux à l’écran 

Deux grands acteurs au service d’un scénario en bois d’ébène et servi par une mise en scène de grande qualité, cela donne un excellent film que l’on a plaisir à voir et à revoir. 

Peut-être le dernier (très) grand Hammer.

Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

http://cinemafantastique.net/Vierges-de-Satan-Les.html

http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/2015/03/les-vierges-de-satan-devil-rides-out.html



lundi 29 mars 2021

Quatermass And The Pit - Les Monstres De L'Espace - Roy Ward Baker – 1967




 Quatermass n’amasse mousse.


Lors de travaux de construction effectués dans le métro londonien, les ouvriers mettent à jour des ossements fossiles. En creusant encore, les chercheurs découvrent un objet métallique dont l’origine est inconnue. Après plusieurs phénomènes paranormaux liés à ces découvertes, le physicien Quatermass est convaincu qu’une redoutable entité s’apprête à être libérée…

Le professeur Quatermass revient donc pour une troisième aventure (au cinéma tout du moins) après les deux films de Val Guest des années 50 («Le monstre» et «La marque»).

Voilà probablement un des tous meilleurs films de science-fiction des années 60 et même au-delà.

Sur un scénario extrêmement malin, Roy Ward Baker réalise ici une petite merveille de tension dramatique en restant constamment maître de son sujet.

Empruntant à Lovecraft pour l’intrigue (mais pas pour l’ambiance), « Les monstres de l’espace » monte graduellement en tension et en intérêt, les découvertes toutes plus étonnantes les unes que les autres venant toujours renouveler les attentes du spectateur.  

Tout entier bâti sur les dialogues, le talent des comédiens et les situations, ayant très peu recours aux effets spéciaux et se déroulant dans très peu d’endroits, c’est presque un miracle que d’avoir su réaliser un tel film.

Les effets spéciaux, justement, sont le maillon faible du métrage. Même pour l’époque ils sont parfois limites et rendent compte de l’étroitesse du budget (notamment ceux des «envahisseurs »).

A ce détail près, « Quatermass and the pit » est le meilleur film de SF produit par la Hammer.

Andrew Keir (que l’on a vu en prêtre destructeur de vampire dans «  Dracula, prince des ténèbres », et que l’on verra en tête d’affiche dans «La momie sanglante » en 1971, deux autres productions maison)  a enfin droit à un premier rôle où il donne toute sa mesure. 

Presque un chef d’oeuvre dans le genre « SF réflexive ».


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :


https://www.devildead.com/review/1161/monstres-de-l-espace-les-quatermass-and-the-pit 


samedi 27 mars 2021

Elle s'appelait Scorpion - 女囚さそり 第41雑居房 - Joshū sasori: Dai-41 zakkyo-bō

 




Nami/Sasori est enfermée à perpétuité dans une prison pour femmes. Pour lui avoir crevé un œil, le gardien en chef a fait de son cas une affaire personnelle. Sa résistance aux humiliations des gardiens lui vaut le surnom de Scorpion. Après avoir été une fois de plus maltraitée, Matsu s'échappe avec six autres détenues lors d'un transfert. Le gardien en chef lance la traque, la cavale commence...

Le meilleur de la série et le meilleur de l’exploitation. Plus de 35 ans après sa sortie, «  elle s’appelait Scorpion » peut revendiquer son droit au statut de film culte par un formidable mélange de trouvailles visuelles et d’engagement féministe. Un film qui hante longtemps après sa vision.

Retour à la case départ pour Nami/Sasori/Scorpion, un an s’est écoulé depuis le précèdent chapitre et sa vengeance envers celui qui l’a trahie, un an passé au fond d’un cachot humide et sombre afin de lui enlever son venin. Mais le scorpion ne meurt pas si facilement et il est toujours prêt à piquer à la vitesse de l’éclair.


DU WIP AU ROAD-MOVIE

Tourné la même année que « La Femme Scorpion », ce second opus d’une série qui en comptera jusqu’à neuf ( six de 1972 à 1977 puis trois de 1991 à 1998, seuls les quatre premiers étant interprétés par Meiko Kaji ), n’est en rien une vulgaire séquelle. Cette suit va plus loin, plus fort en radicalisant son discours, poussant plus loin son féminisme anarchisant.


La partie intrinsèquement WIP ( acronyme de « Women in Prison », connu aussi sous le nom de « Women in Cage ») est rapidement expédiée pour s’orienter vers un road-movie à forte influence « Western-spaghetti » tout en restant fermement inscrit dans le folklore nippon, donnant ainsi à l’ensemble une touche totalement singulière.

La visite d’un ministre dans le pénitencier de femmes permet à Sasori de sortir de son cachot, affaiblie, mais toujours dangereuse. Quand le scorpion, animal résistant à beaucoup de choses ( même aux armes nucléaires dit-on) frappera le directeur des lieux, la punition sera terrible. Alors que les autres détenues seront contraints de charrier d’énormes blocs de pierres, Nami sera, quant à elle, violée par une poignée de nervis afin de rendre caduque son statut de meneuse et d’héroïne en l’humiliant de la pire des façons ( une scène particulièrement épouvante d’ailleurs)

Si la sanction semble porter ses fruits sur la majorité de ses codétenues, elle n’entame en rien la volonté insécable de Sasori, opposée à toutes formes de procrastination dès lors qu’il s’agit de profiter de la moindre occasion de se faire la belle. Ce qui adviendra bien vite suit au rapatriement en fourgon de la carrière de pierre au pénitencier, Nami permettant une évasion collective de sept des prisonnières.

Dès lors le film prendra vraiment son envol en s’orientant résolument vers un des plus formidables road-movie du cinéma, mêlant adroitement fantastique, aventure, cohésion, traîtrise, sentiments, horreur, études de caractères et surtout charges au vitriol de la société japonaise.


APPORT DU CINEMA EUROPEEN DE GENRE

Ce qui frappe à la vision de ce long métrage, c’est le syncrétisme entre apports européens de cinéastes majeurs du genre (Mario Bava et Sergio Léone en particulier) et culture folklorique nippone traditionnelles. Le réalisateur puise à plusieurs sources sans toutefois jamais faire preuve de plagiat pour l’insérer dans un discours reflétant sa vision de la société insulaire de son époque ( rien d’étonnant d’ailleurs qu’un Quentin Tarantino se soit abreuver à cette source tant son univers se rapproche de celui de cette série).

La cavale de ce groupe de femmes dans un décor dépouillé et désertique renvoie inévitablement au western-spaghetti, de même les plans larges sur la lande austère, les gros plans sur les visages ,les long manteaux des évadées, le mutisme de l’héroïne, les ralentis, «Léonisent » le trait à l’envie.


La part opératique des éclairages, des couleurs et de la photographie quant à eux, font échos avec le travail opéré dans le gothique italien d’un Bava ou d’un Argento ( une cascade se transformant en geyser de sang, un plan qui se déchire façon «fumetti », d’autres travaillés dans tous les sens façon « Le masque du Démon » ou « La fille qui en savait trop » ).

Mais Shunya Ito n’est pas qu’un vulgaire copieur et s’il s’appuie sur une culture cinématographique cosmopolite et un sens de la technique solide, il insère ces emprunts à la tradition théâtrale notamment. Les actrices ( à l’exception de Sasori/Scorpion évidemment) en fond des tonnes, surjouent presque, notamment celle qui symbolise l’hostilité des femmes envers Scorpion et dont le jeu renverrait presque au théâtre Kabuki par son emphase et ses grimaces.

De même l’insertion dans une histoire qui à priori ne le permet pas d’un dose de fantastique onirique (« Kwaidan » and co) qui irrigue le Kabuki permet non seulement à l’intrigue de ne pas s’essouffler en offrant une forme de pause à l’action, mais développe aussi et surtout l’idée de la quête quasi-christique de la belle Sasori dans au moins trois séquences surréalistes d’une beauté qui laissent pantois ( Le conte chanté des crimes des sept évadées autour d’un feu de camp, le « passage de témoin » entre la vieille femme et Scorpion léguant un couteau semblant « chargé »de toute la haine ancestrales du sexe dit faible et le passage dans un tunnel permettant une digression sur la «vraie» personnalité des prisonnières. Somptueux !)


INSOUMISSION ET FEMINISME DANS LA SOCIETE JAPONAISE


Ce qui n’aurait pu être qu’une bonne série B dopée à l’esthétisme et à la perversion masculine, acquiert ses lettres de noblesses grâce à la radicalité de son propos, donnant par ricochet une vision peu complaisante de la société nipponne et de la place de la femme dans celle-ci . Une charge impitoyable contre le machisme le plus haïssable, un pamphlet féministe et une vitupérante critique sociale où la violence nihiliste semble régner en maître. Stéréotypant ( du moins on l’espère !) l’homme dans ses plus vils instincts, « Elle s’appelait Scorpion» les présente comme des êtres méprisants, malfaisants et uniquement inféodés à leurs pulsions, se servant de la femme comme d’un objet. Passe encore pour les geôliers dont le rôle est par essence éminemment coercitif, mais même l’homme de la rue n’est pas mieux loti ( en témoigne ce car de touristes qui après avoir vanté le bon vieux temps de la guerre sino-japonaise, abuseront jusqu’au meurtre d’une des prisonnières).

Si le réalisateur nous offre en écho le souvenir de cette guerre, c’est pour mieux « métaphoriser » celle que livre les évadées symbolisant celle de toutes les femmes contre l’ordre établi de l’homme. Sasori imposé en tant que figure christique et portant le fardeau de la violence séculaire faite aux femmes, à elle de les guider vers la liberté au prix d’un farouche combat ( Dans un troublant final, Sasori suivi de ses comparses traverseront un pont tel Moïse et ses disciples traversaient la Mer vers la terre promise).

S’appuyant de manière évidente dans le creuset et les derniers soubresauts de 1968 ( qui au Japon fut contestataire et revendicatif) et une actualité où à l’instar de certains pays européens, l’extrême gauche japonaise multipliée les attentats, Shunya Ito propose un film plein de bruit, de haine et de fureur. Sur la situation des femmes et des minorités, Ito hurle son dégoût. Un cri puissant qui résonne encore trente-cinq ans plus tard.

Violent, baroque, nihiliste, féministe, n’oubliant pourtant jamais qu’il est un film d’exploitation, « Elle s’appelait Scorpion » ne peut décemment laisser indifférent.

Un petit chef d’œuvre.

Chronique d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/986-elle-sappelait-scorpion

https://www.devildead.com/review/614/elle-s-appelait-scorpion-joshuu-sasori-dai-41-zakkyo-bo


mardi 23 mars 2021

The Mummy's Shroud - Dans Les Griffes De La Momie - John Gilling – 1967




 

Kah- t-on fait à Kah-To-Bey ?


Troisième Hammer-film consacré à la momie, cette fois-ci dirigé par John Gilling (le classieux réalisateur de « L’impasse aux violences »).


A la suite d’un coup d’Etat, un Pharaon fait emmener son jeune fils Kah-to-Bey par le chef des esclaves qui lui a toujours été fidèle, à travers le désert afin qu’il le protège. Malheureusement, les conditions climatiques et le manque de nourriture causent la mort de l’enfant. Avant de mourir, celui-ci remet à Prem le sceau des Pharaons, lui permettant ainsi d’avoir l’honneur d’être momifié.

Dans les années 20, une expédition archéologique menée par Sir Basil Walden recherche la sépulture du pharaon. Il la trouve, la ramène et sont inévitablement victimes de la malédiction de ceux qui ont osé violer la sépulture royale.


Rien de neuf sous le chaud soleil égyptien, toujours la même histoire, toujours de valeureux chercheurs qui sont victimes de la momie. Celle-ci n’aimant pas qu’on la tire de son sommeil millénaire et que l’on vienne tailler le bout de gras avec feu son patron (encore que niveau gras, il n’en reste plus beaucoup sur la pauvre dépouille du pharaon, à lui tout seul c’est un hommage à l’anorexie triomphante).

Que dire d’autre, si ce n’est que le film est certes sympathique (si on est amateur de «momisploitation » ), que Gilling tente avec le peu de moyens visibles, très visibles, (surtout le soi-disant désert qui ressemble à un terrain vague de la banlieue de Rome, là où quelques années plus tard nos ritals bisseux tourneront toute une flopée de « post-nuke ») de créer une ambiance et porte plus son attention sur une certaine caractérisation des personnages que sur la momie elle-même.

Et heureusement ! Car, entre nous, la momie à l’air de sortir du lit, avec son tricot de peau, son « sous pantalon » et son masque fait à base de plâtres. Pas du plus bel effet.


Deux personnages sont pourtant intéressants. Le premier est celui qui finance l’expédition, un être uniquement attiré par l’argent et par le pouvoir qu’il donne. Il rejoint par là, les personnages typiques de la bourgeoisie qui irritent et irriguent l’œuvre de Terence Fisher. Un sombre narcisse, imbu de lui-même, qui de plus ressemble à feu Richard Nixon (celui-là, je peux pas l’encadrer !), et qui heureusement finira par se faire occire par la momie.


Et puis, il y a le personnage que joue ce bon Michael Ripper (qui n’est pas le frère de Jack the ripper), une sorte de lopette lèche-bottes au service de son maître. Michael Ripper un de ces seconds rôles que l’on retrouve dans un nombre conséquent de productions Hammer et qui aura tout joué ou presque. On le retrouve dans “The Revenge of Frankenstein”, “The Mummy”, “Brides of Dracula”, “The Camp on Blood Island”, “Captain Clegg”, “The Scarlet Blade”, “The Mummy's Shroud”, “Plague of the Zombies”, “Scars of Dracula” et j’en oublie sûrement ! A son actif près de 200 films ou apparitions dans des séries télé. Mort en 2000, dans l’indifférence générale.

Respect.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://devildead.com/review/986/der-fluch-der-mumie-the-mummy-s-shroud

https://www.lefilmetaitpresqueparfait.fr/2020/04/dans-les-griffes-de-la-momie-john-gilling-1967.html


vendredi 19 mars 2021

Frankenstein Created Woman - Frankenstein Créa La Femme - Terence Fisher – 1967




Frankenstein créa la femme et il fit du bon boulot.


Quelque part au coeur des Balkans, le baron Frankenstein se livre à une expérience unique : il s’agit de capturer l’âme d’un mort pour la transférer dans un autre corps. Lorsque Hans, un de ses assistant est accusé à tort d’un crime et envoyé à la guillotine, sa petite amie (handicapée et brûlée au visage) se suicide. Frankenstein parvient à faire revivre son corps (en « l’améliorant » un chouia..) avec l’âme du condamné à mort. Le corps d’une femme, l’esprit d’un homme et l’ivresse de la vengeance.

Un prologue d’une rare cruauté, qui voit un homme être guillotiné sous les yeux de son enfant (oui, quand même !). Le même enfant devenant par la suite, l’un des assistants de ce bon vieux Dr Frankenstein, lui-même toujours plongé dans ses expériences visant à redonner la vie.

Le film est curieusement bancal pour un Terence Fisher, on y trouve des moments intenses principalement lorsque l’on suit le baron dans son laboratoire et de grands moments de flottement lorsque l’action s’en éloigne.

Des scènes de violences gratuites assez surprenantes aussi et qui tranchent avec les précédents opus « Frankensteiniens » du réalisateur.

La première partie prometteuse vire un peu trop par la suite à une banale histoire de vengeance.

L’impression que l’on aurait pu avoir un film plus percutant et plus intriguant est là et elle ne nous quitte pas.

On aurait bien aimé que l’on insiste davantage sur le côté androgyne (et sa psychologie) de la divine créature concoctée par les mains toujours expertes de Peter Cushing.

Divine, car quitte à créer une femme, autant qu’elle soit pourvue des traits (et des formes) de Susan Denberg, affolante poupée germanique et Playboy Playmate du mois, en août 1966 qui se serait suicidée peu de temps après ce film. Si c’est pas malheureux !

Fisher évite donc, comme d’habitude, le piège du «  remake » et livre un film différent de ses deux premiers opus autour du baron Frankenstein, mais celui-ci n’atteint pas le niveau de ces derniers.

A voir quoi qu’il en soit. C’est un ordre.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :


https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1535-frankenstein-crea-la-femme

 https://www.devildead.com/review/1158/frankenstein-crea-la-femme-frankenstein-created-woman

mardi 16 mars 2021

One Million Years B.C - Un Million D'Années Avant Jésus-Christ - Don Chaffey – 1966




 

Raquel Welch : la peau de bête lui va si bien.

Un des gros succès commerciaux de la firme britannique, qui engendrera rapidement d’autres «  prehistoric-movie ».

Exactement un million d’années avant le bonhomme sur la croix, les hommes et les femmes vivaient dans la terreur, la peur et le danger.

L’intrigue nous conte (comme dans « La guerre du feu ») l’histoire d’un homme chassé de sa tribu et qui va se lancer dans le grand monde, traqué par des bêtes féroces et gigantesques (des lézards, une tortue, un dinosaure, etc.), puis qui va découvrir l’amour dans le décolleté vertigineux de Mme Welch.

Remake de « Tumak, fils de la jungle » (1940), le film bénéficie en outre des effets spéciaux du grand Ray Harryhausen, maître de l’animation de l’époque.

Les amateurs de ce type de bobines seront sûrement, malgré le temps qui passe et qui donne inévitablement un sérieux coup de vieux aux FX, encore aux anges devant les aventures des primo homo sapiens. Les autres, pourront le regarder comme une pièce de musée d’une époque révolue et se demander pourquoi tant de gens se sont extasiés devant celui-ci.

On pourra aussi s’amuser de voir que les personnages possèdent par exemple une fort belle dentition et pas un pète de cellulite (évidemment Raquel Welch avec des dents cariés, ça craint).

Outre les combats entre l’homme et les bêtes, le clou du spectacle est offert par les femelles en peaux de bêtes ultra-sexys (Martine Beswick porte cela à merveille) et notamment la Raquel Welch qui ira jusqu’à prendre un bain dans un lac afin que l’on puisse mieux deviner ses courbes sous les peaux mouillées et serrées qui lui loveront le corps. Seul un oiseau sera insensible à ses courbes vertigineuses et voudra la donner à becqueter à ses enfants (oh le con !).

Rassurez-vous, elle s’en sortira et pourra devenir l’un des sex-symbol de l’époque. Ce qui ne sera pas volé.

Disponible (en version tronquée d’une dizaine de minutes) en zone 2 chez Fox ou en version « uncut » chez Warner (DVD Anglais).

La différence valant surtout pour une danse exécutée par Martine Beswick (et qui vaut le coup d’oeil). Et non ! pas d’inserts coquins de Raquel Welch en train de faire un câlin à une tortue géante



Chroniques d'ici ou d'ailleurs :


https://www.devildead.com/review/595/un-million-d-annees-avant-j-c-one-million-years-b-c

http://chroniqueducinephilestakhanoviste.blogspot.com/2012/01/un-million-dannees-avant-jc-one-million.html

dimanche 14 mars 2021

L'Au-delà (E tu vivrai nel terrore - L'aldilà) - Lucio Fulci - 1981

 




37 ème film de Lucio Fulci. Sur un scénario confus qui semble n’être qu’une suite de séquences plus ou moins logiquement reliées entre-elles, une direction d’acteurs laissant parfois à désirer, le réalisateur italien offre au film de genre un de ses films les plus emblématiques, par sa vision unique de la vie, de la mort, du destin

Dès les premières images, le ton est donné et le meurtre du peintre, brûlé à la chaux puis crucifié et enterré vivant tout de même, est filmé sans concession, dans une superbe photographie au ton jauni et vieilli. Le reste du film pourrait alors n'être qu'un enchaînement de morts toutes plus horribles les unes que les autres... Mais quel enchaînement ! Énucléation, boîte crânienne défoncée , visage liquéfié par de l'acide, attaque d'araignées mangeuses de langue, tripailles fumantes, crucifixion, brûlures à tous les degrés et autres joyeusetés dégoulinantes !

Mais réduire uniquement ce film à un concerto pour barbaques et bouchers serait faire insulte au talent de Lucio Fulci et faire montre d’une vision étroite, en rabaissant « l’Au-delà « au rang de vulgaire film Z teuton.

Car « l'Au-Delà « reste avant tout un film d'horreur d'une force plastique sidérante, où l'onirisme le dispute au surréalisme dans une atmosphère baroque magnifiquement mise en image. Cette espèce de long rêve macabre métamorphosant l'esthétique du Gore en véritable poésie de l'atroce symbolise la quintessence de l'horreur à l'italienne, en y ajoutant de surcroît un nihilisme d’un effroyable lucidité toute Fulcienne.

En effet, chez Fulci rien de bon n’attend les héros qui ont beau se démener dans tous les sens, chercher des réponses, leurs destins semblent déjà tracés comme dans un gigantesque Ruban de Moebius, ils sont condamnés par avance. Empruntant et détournant la prédestination Calviniste, Fulci en fait l’instrument cynique de la mort pour envoyer dans les enfers toutes créatures humaines bonnes ou mauvaises.

Ce qui nous vaudra l’une des scènes finales parmi les plus belles de l'histoire du cinéma de genre : l'enfer vu par Fulci ou quand la représentation picturale du lieu des damnés par un peintre prend vie pour symboliser toute l’horreur du lieu. Quelle splendide et terrifiante allégorie de la faucheuse ! renvoyant autant au tableau d’un Francis Bacon, qu’au mythe Sisifien de l’éternel recommencement.

La photographie de Sergio Salvati ( un habitué des films de Fulci qui a collaboré avec lui sur ses meilleurs films tels que Frayeurs, Le chat noir, La maison près du cimetière, L’enfer des zombies, l’emmurée vivante ) est magistrale et donne corps à cette ambiance poisseuse, la scène d’ouverture est d’une beauté macabre et d’une violence à couper le souffle.

Nombreux n'y verront qu'une série B d'exploitation ultra Gore nantie d'un scénario aussi rachitique qu'invraisemblable, d'effets spéciaux dépassés, d'un tempo trop lent et d'une direction d'acteurs laissant un tantinet à désirer. Si l'on peut comprendre une telle réaction de la part d'un spectateur hermétique au cinéma de genre « old school », il est néanmoins intéressant de parvenir à passer outre les maladresses de L'Au-Delà, afin de constater à quel point la virtuosité formelle peut être atteinte par donner une ambiance lourde, troublante et morbide qui suinte à travers ce grand tableau d'horreur animé, que l’on croirait par moment sorti de l’univers de Lovecraft ( par son côté sale et intemporel )


Un chef d’oeuvre de poésie macabre rythmé au son de la musique terrifiante de Fabio Frizzi ( lui aussi un habitué »qui fait corps avec le métrage, qui emporte et submerge le spectateur

Intemporel, inoubliable, pour peu que l’on fasse l’effort de se laisser immerger par l’histoire et que l’on ne se pâme pas devant le moindre CGI blockbusteriens sans âme.

Jamais la hantise de la mort et la déchéance des corps n'auront été aussi bien filmés.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/220-au-dela-l

https://www.devildead.com/review/1378/au-dela-l-l-aldila