vendredi 12 mars 2021

Libido - Ernesto Gastaldi et Vittorio Salerno - 1965




 

Libido ré mi fa sol.


Près de 20 ans après avoir vu son père commettre un meurtre à caractère sexuel, un jeune noble retourne pour la première fois au domicile familial où la tragédie s'est produite. Il ne faut pas longtemps avant que des faites étranges se passent dans la nuit, alors la maison est-elle hantée ou son père est-il encore en vie? Ou est-ce que l'un de ses hôtes est responsable?


Film à l'atmosphère sombre et tordue des réalisateurs italiens Ernesto Gastaldi et Vittorio Salerno, Libido est un des tous premiers gialli et peut-être le premier giallo machination.


Un petit enfant riche, Christian (Giancarlo Giannini), a bien grandi, mais il reste traumatisé, on le serait à moins, après avoir vu son père tuer une jeune femme blonde attachée à un lit dans une pièce remplie de miroirs, puis se suicider en se jetant d'une falaise dans la mer. Ce qui suffirait à déstabiliser n'importe qui.

Aujourd'hui (en 1965) , il ne reste que trois mois jusqu'à ce qu'il atteigne sa majorité ( enfin 25 ans !) afin d'hériter de la fortune se son géniteur, et Paul (Luciano Pigozzi) l'avocat de son père et tuteur, le persuade de revenir sur les lieus du crime dans la maison familiale et ce en compagnie de son épouse, la très jolie brune Hélène (Dominique Boschero). De son côté Paul se pavane en compagnie de sa nouvelle compagne, une blondasse prénommée Brigitte (Mara Maryl) qui, tout en clichés, semble être ingénue, idiote et gaffeuse,

Mais les événements du passé ont laissé leur empreinte sur Christian , et il ne tarde pas à voir des signes de son père partout. Après tout, son corps n'a jamais été retrouvé...

En fait, Christian en vient assez rapidement à penser que quelqu'un essaie de le rendre fou pour récupérer son argent, et il va successivement suspecter Paul, puis sa femme Hélène,

Libido s'ouvre sur une définition du terme même par le père Sigmund, plaçant comme ce sera souvent le cas dans les gialli sous le signe de la psychanalyse et les traumas de l'enfance, puis s'ensuit un générique singulier fait de photos montrant la victime du père ligotée dans le lit reflétée par les multiples miroirs de la chambre de son supplice. Le ton est donné avec brio.

S'ensuit, ce qui constitue la vrai force du film, à savoir son scénario, fait de mystères, de fausses pistes entre les quatre protagonistes, avec comme principale fonction de mettre à mal la santé mentale de Christian entre visions supposées de son père, de sa présence récente dans un lieu au moyen d'objets (un chaise, une pipe, des trace de pas, une boite à musique faisant résonner une mélodie lancinante),

Alors, évidemment, la résolution de l'énigme ne sera pas une grande surprise pour qui s'abreuve de long métrage de ce genre, le ou la coupable étant pratiquement toujours celui ou celle que l'on soupçonne à priori le moins ; l'érotisme (1965 oblige) est très très soft et c'est bien dommage vu la plastique des deux actrices, le noir et blanc, même s'il est de bonne facture, ne sied pas particulièrement à ce qui sera un des grands piliers du giallo, à savoir le jeu avec la lumière et la photographie emblématique du genre, à la manière d'un Mario bava ou d'un Dario Argento éclairant leurs plans de couleurs vives.

Pour le reste, Libido se suit sans ambages, ni circonlocutions, le peu de moyen financier que l'on imagine, quatre personnages, des décors se situant dans une seul maison et sur une falaise n'empêche en rien un maîtrise formelle, une adaptation à ces contraintes, un rythme avec peu de faille, des personnages psychologiquement relativement fouillés et un climat paranoïaque qui prend de l'ampleur au fur et à mesure de l'évolution de l'intrigue et ce n'est pas rien !

Notons aussi, la qualité de interprétations des quatre acteurs et actrices et notamment la sublime et brune ténébreuse française Dominique Boschero dont la poitrine pourrait éradiquer la famine dans la corne de l'Afrique, que l'on peut voir notamment dans une comédie de Lucio Fulci « I Maniaci » en1964, dans le film fantastique d'Antonio Margheriti « Contronatura » en 1969 et dans les gialli , le pas terrible « L'iguane a la langue de feu » de Riccardo Freda en 1971 et le très bon « Qui l'a vue mourir ? » d'Aldo Lado en 1972 et l'excellent « Toutes les couleurs du vice » de Sergio Martino en 1972 également.

On ne peut donc que féliciter les coréalisateurs, le très peu connu Vittorio Salerno à la courte filmographie (quatre à cinq films suivants les sources) et le grand et avant tout scénariste Ernesto Gastaldi (ici crédité sous le pseudonyme de Julian Berry pour faire plus amérloc) , véritable stakhanoviste du film populaire italien, qui s'il n'a réalisé que quatre films, a écrit plus d'une centaine d' histoires et de scenarii de 1960 à 1998 dans tous les genres et principalement ceux relevant de l'horreur et du giallo. A titre d'exemples et restant dans le ton du site Horreur,com, on lui doit les scénario des classiques : «L'effroyable secret du docteur Hichcock », « La vierge de Nuremberg », « Le corps et le fouet », « L’étrange vice de Madame Wardh », « La queue du scorpion », « Toutes les couleurs du vice », « Torso » ou « Ton vice est une chambre close dont moi seul ai la clé »

Môssieur Gastaldi étant, par ailleurs, toujours de ce monde, il reste un des derniers représentants de ce formidables cinéma populaire transalpin qui des années 50 aux années 80 nous a fait et continue à nous faire rêver (en tout cas c'est le cas de ma pomme)

Balançant constamment entre le machiavleisme et la psychanalyse ( de manère light, on est pas en faculté) ? Libido est une réussite portée par une efficace musique, de bons acteurs et un scénario précis qui, de plus, et a contrario de la grande majorité des films de ce genres s'achève, non pas sur un happy-end, mais sur une note atroce et cruelle.

Du coup, si l'on accepte de le regarder en tenant compte du contexte, 1965, et en tant compete du noir et blanc, on passer un bon moment, Notez bien que si vous n'acceptez pas ceci, vous pouvez toujours allé regarder vos blockbusters de merde, faits à coups de dollars et d'effets spéciaux à la con, je m'en tamponne le coquillard relativement velu, Rompez !


Madame BOSCHERO :




Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1322-libido


The Witches - Les Sorcières - Cyril Frankel – 1966




 

Comment Sabbat ?


Une œuvre peu connue de la Hammer, et à sa vision on comprend quand même légèrement pourquoi.


Ou comment se saborder en trois parties.


Gwen Mayfield enseigne en Afrique dans une école de missionnaires. Après avoir été envoûtée par un sorcier, elle fait une dépression nerveuse. Afin de surmonter son traumatisme, elle accepte un poste d'enseignante dans un petit village de la campagne anglaise. Mais les apparences sont trompeuses : une série d'événements lui font redouter que certaines personnes des environs ne pratiquent la magie noire...

Après une mise en bouche en Afrique, le film se divise en trois parties d’inégales longueurs et surtout d’inégales qualités.

La première, la plus longue et la meilleure, nous conte l’arrivée de miss Mayfield dans ce petit village en apparence champêtre où tout le monde se connaît et s’aime bien.

Un peu à la manière de ce que fera Polanski deux ans plus tard dans son « Rosemary’s baby », on se demande si l’institutrice est victime de son imagination ou si le village n’est en fait qu’un repaire de sorcières (là s’arrête la comparaison avec le chef d’oeuvre du réalisateur tchèque). Frankel parvient néanmoins à distiller un léger climat de claustrophobie et de tension autour du piège qui semble se refermer sur Gwen et surtout sur une de ses élèves.

L’apport de petites séquences apparemment banales renforcent par ailleurs cette impression.

Hélas et curieusement, alors que le décor est planté et que l’on s’attend à tout (ce n’est pas non plus insoutenable, il faut bien dire), les auteurs détruisent eux-mêmes le film avec cette seconde partie d’une grande mollesse où Gwen est victime d’une amnésie surtout la période qu’elle a passée dans le village. Dès lors on s’ennuie sec, jusqu’à l’ultime et heureusement courte dernière partie : la cérémonie satanique.

Celle-ci mérite un coup d’oeil, tant elle est un des summums du comique involontaire, une chorégraphie hilarante de ridicule, digne des pires heures de la télé paillettes comme sabbat des sorcières, il fallait le faire ! N’oublions pas un happy-end qui ferait passer un épisode de « La petite maison dans la prairie » pour une oeuvre malsaine comme dernier suicide artistique et on aura fait le tour.

Un mot sur l’interprète principale, Joan Fontaine, qui livre ici son dernier rôle et que l’on a connue infiniment meilleur dans les « Rebecca »  et «  Suspicion »  d’Alfred Hitchcock, mais c’était à une autre époque et elle n’était pas encore obligée de porter une coiffure à la Margaret Thatcher pour payer ses traites.


Chroniques d'ici ou d'ailleurs :

https://www.psychovision.net/films/critiques/fiche/1165-sorcieres-les

https://cinemafantastique.net/Sorcieres-Les.html