Sans aucun doute le film
emblématique, non seulement de la Hammer, mais aussi de Terence
Fisher, de Christopher Lee et de Peter Cushing.
Rarement l’adéquation
entre la modestie du budget qui oblige à être ingénieux,
l’intelligence de la mise en scène, la qualité du jeu des
acteurs, la splendeur de la photographie, le rythme du montage et la
beauté ténébreuse qui se dégage des décors, n’auront été
portés à un tel niveau. Le cauchemar de Dracula représentant la
perfection du métrage réalisé en studio.
A plus de cinquante ans
de distance, il est étonnant de voir combien ce film a finalement
peu vieilli, surtout si on le compare à la quasi-intégralité des
films d’horreur des années 50.
La courte durée (1 h
20), le montage nerveux, les allers et retours entre les différents
personnages donnent du rythme à l’intrigue, la volonté "Fisherienne" de mettre constamment en exergue la couleur rouge,
symbole du vampirisme, dans un nombre conséquent de plans (ici une
tenture, là un rideau, ailleurs un meuble, un livre, un élément
quelconque du décor), la qualité de l’interprétation et
notamment celle monstrueuse (dans tous les sens du terme) de
Christopher Lee, « l’érotisation » de la morsure du
vampire (il faut voir comment les futures victimes se pâment
littéralement dans l’attente de la visite du maître des ténèbres,
telles des maîtresses alanguies dans l’attente toute proche de
l’orgasme que leur procurera la fatidique morsure), les décolletés
vertigineux, la beauté toute victorienne des décors et des
actrices.
Tout cela concourt à
faire de cette relecture (très libre) du roman de Bram Stoker, un
magnifique moment et l’un des plus grands films de vampires de tous
les temps, ni plus, ni moins. Intemporel comme Dracula.
Un dénommé Gilbert
Salachas, critique émérite écrivit lors de sa sortie en France :
« Le cinéma qui est un art noble, est aussi, hélas une école
de perversion : un moyen d’expression privilégiée pour
entretenir et même créer une génération de détraquées et
d’obsédés. »
Vous voilà prévenus !
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