mardi 20 février 2018

Thirsty for love, sex and murder - Aska susayanlar seks ve cinayet - Mehmet Aslan - 1972






Au volant de sa voiture, un homme ganté de noir prend comme passagère une demoiselle qui n’aurait, à l’évidence, pas dû parler aux inconnus. Elle sera violée et assassinée dans un sous-bois qui passait par là. En apprenant ce meurtre, la jolie Mine se remémore son passé et sa relation violente et sado-masochiste avec un certain Tarik. Très vite, le tueur semble tourner autour de l’entourage de la jeune femme. La réapparition de Tarik en fait un coupable tout désigné.


Pompage éhonté d'un film italien de Sergio Martino. Tourné à l'arrache, monté avec les pieds, ce film turc est tellement mauvais qu'il en deviendrait presque fascinant. 
A voir en parallèle avec l'oeuvre original, histoire de rigoler un brin

La découverte ou la redécouverte du cinéma bis turc apporte inlassablement son lot d’étonnement, parfois d’émerveillement et très souvent d’incrédulité devant l’audace toute particulière de ces productions. Faisant fi des droits d’auteurs, ne manquant jamais d’air pour pomper les oeuvres au moins aussi vite que les Shadocks pompaient le cosmogol 999, tout un pan de ce cinéma ne s’emmerde donc pas avec les convenances. 

Les amateurs n’auront pas manqué de scruter l’oeil hagard, la bave aux lèvres et les rictus en éveil, les Seytan (« relecture » iconoclaste de l’exorciste) , Turkish Star Trek et son Spock aux oreilles démesurées et aux sourcils qui rendraient malade de jalousie Emmanuel Chain. N’omettons pas les multiples Tarkan, Süpermen, Kilink (révision bosphorienne de Kriminal, célèbre héros des fumettis italiens), et bien entendu la perle des perles : l’incunable et incomparable « Turkish Star Wars» qui mériterait à lui seul que la Turquie accède dans la seconde à l’Europe ! 

En revenant à nos moutons Anatoliens, on découvre avec stupeur que ce Aska susayanlar seks ve cinayet (faut se mettre au turc si vous voulez apprécier le séjour dans les prisons de ce beau pays) n’est ni plus, ni moins qu’un remake écourté d’un grand giallo italien de Sergi Martino : «L’étrange vice de Mme Wardh» avec la sublime Edwige Fenech. 
Après tout, pourquoi seuls les Etatsuniens auraient le droit de piquer les idées des autres pour les réadapter à leur public gavé de coca-cola tiède et des pop-corn mous ! C’est vrai quoi, merde ! 

57 minutes pour reprendre la quasi-intégralité du scénario des 95 minutes du film de Martino.
Les scènes principales sont toutes présentes, l’intrigue est la même, mais menée à une telle vitesse que l’on ne peut jamais s’intéresser à la psychologie des personnages et en particulier à celle centrale de Mine. Mais c’est bien là, à l’évidence, le cadet des soucis du réalisateur et ce sera le cadet des soucis du spectateur potentiel.

En effet, les acteurs sont au mieux médiocre, Mine est jouée par une actrice certes très mignonne, mais qui n’a pas dû s’attarder longtemps dans les couloirs des cours du soir théâtraux stambouliote.

Le reste est un bordel sans nom. La mise en scène est inexistante, je pose ma caméra et j’attends que les acteurs fassent leur boulot. Le montage est atroce, coupant systématiquement les scènes avant qu’elles n’arrivent à leur terme naturel. La continuité ne fait apparemment pas partie du petit manuel du parfait metteur en scène turc. La bande son est composée de morceaux piqués ailleurs avec une prédominance de celle de l’original, mais sans aucune tentative de l’imbriquer correctement avec les images. 

De coup, on s’amuse à traquer les incongruités plus qu’à regarder le film en soi. Et c’est plutôt rigolo de voir combien le film tente de reprendre au plan exact les scènes fétiches de l’original, mais avec une telle naïveté et une telle absence de talents, que l’on en reste bouche bée.

Les séquences érotiques deviennent presque vulgaires, les retournements de situations tombent comme un cheveu dans la soupe ( qui a dit une couille dans le potage ? ), le tout dans une totale absence du suspens qui caractérisait le film italien.

Alors, oui c’est un mauvais film. Il n’a même pas pour lui le second degré ou la rigolarde volonté de certaines productions bis turques citées ci-dessus.
Un film singulier, certes. Rigolo, si on est bien luné. 

A réserver aux complétistes de gialli et/ou aux fans hardcores de métrages définitivement autres, ne serait-ce que pour savoir combien de méchants Tarik éli..Mine, jusqu’où la violence cul...Mine et surtout, surtout, si Tarik porte-Mine. 

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